L’idée, c’est bien joli. Mais ensuite… Y’a du boulot ! La documentation, d’abord. Lire au sujet des Vikings tout ce qui me tombe sous la main. Y compris les sagas islandaises et leurs litanies de généalogies… Parfois un peu indigeste.
Les paysages ? J’en avais eu un bel aperçu durant ce fabuleux voyage. Et puis je pouvais toujours m’inspirer de photos.
L’histoire elle-même me vient petit à petit, aussi bien en me promenant à cheval qu’en nettoyant les crottes de mes chiens. Aussi bien en préparant une salade qu’en balayant ma cuisine.
J’écris à proprement parler de treize heures trente à quinze heures trente. Le matin est absorbé par le travail avec les chiens, les chevaux, le jardin. À quinze heures quarante cinq, mon petit bonhomme sort de l’école, et alors, il n’est plus question de tranquillité. Il faut d’abord aller jusqu’à l’étang pour distribuer quelques friandises aux carpes. C’est un rituel incontournable. Puis le goûter, puis les devoirs, puis les jeux, puis la préparation du souper, puis manger, puis raconter une histoire. Enfin deux histoires, même : une en anglais, une en français… Et quand le petit bonhomme est enfin au lit et bien endormi… ben la maman n’a plus du tout envie d’écrire. C’est l’heure de sa lecture à elle toute seule.
Envoi à quelques éditeurs. C’est l’Harmattan qui prend. Mais… ça fait trop de pages. « Vous comprenez, c’est une question de prix. Si on vend trop cher un roman jeunesse, personne ne l’achète. Il faudrait retirer une vingtaine de pages, pour que ça soit vendable. »
Vingt pages ? Ouh là ! Ça fait beaucoup, ça ! Au boulot, ma vieille. (Vieux souvenirs de lycée, quand il fallait s’atteler aux « résumés de textes ») Ça ne fait pas de mal, d’ailleurs. En relisant, je découvre des redites. Quelques lourdeurs. Quelques passages inutiles. En grattant bien, je parviens à soustraire une douzaine de pages. Plus, je n’arrive pas, à moins d’enlever un peu de ce qui me semble inenlevable. Discussions serrées avec l’éditrice. Bon. On peut tricher sur la grosseur de la police, pour arriver pile-poil au nombre de pages maximum. Finalement, ça fait une écriture un peu serrée. Tant pis.
La récompense ? Elle vient toujours des jeunes lecteurs. Ils aiment. Ils me le disent, lorsque je les rencontre. Dans les salons du livre, par exemple.