Kahil
Roman jeunesse
Tout public à partir de 14 ans
Édité par Édilivre en 2019
Les trépidantes aventures d’un jeune guerrier Hun.
Kahil vient d’affronter les rites du passage à l’âge d’homme. Vainqueur, avec son cheval Gen, de la grande course qui fait suite à ces épreuves, il se voit offrir comme récompense un deuxième cheval, Tehar. Lorsque Attila, le prestigieux chef des Huns, décide de partir à la conquête des Gaules, Kahil s’engage à sa suite en compagnie de Balit, son père et de Walfroy, son ami Ostrogoth. Kahil va connaître l’exaltation des grandes batailles, le découragement, la peur, la force de l’amitié, la honte et la vaillance. Il sera confronté à la cupidité, à la maladie, à la mort. Il saura cependant s’attirer l’estime d’Attila et celle de ses deux fils. Après le décès d’Attila, ne pouvant choisir de servir l’un ou l’autre des héritiers qui se déchirent, il optera pour les forces de la paix.
Une vision inhabituelle des « invasions barbares ».
Mais pourquoi Kahil ?
Les tout premiers prémices de cette histoire ne datent pas d’hier ! Été 1973… La Hongrie est encore sous régime communiste. Le Papa de l’écrivine était resté en contact avec Pál, un camarades d’études Hongrois venu étudier l’œnologie en France à l’école supérieure d’agronomie de Montpellier, juste après la guerre. Ce Pál invitait le Papa et toute sa famille (la Maman plus sept enfants) à venir lui rendre visite en sa chère Hongrie. Pas si évident, à l’époque. Il faut montrer patte blanche et se munir de visas. Mais enfin, ça y est. Les visas sont là. Papa, Maman et les sept enfants embarquent dans la 404 familiale tractant une petite remorque, et en route pour l’aventure. La Hongrie… Elle en rêve, l’écrivine. Elle a dix-sept ans. C’est l’aînée de la bande. Elle vient tout juste de passer son bac. La plus jeune est âgée de quatre ans. Drôle de smala.
Pour l’écrivine (oui, oui, elle écrit déjà, dans des cahiers d’écolier, depuis l’âge de huit ans), la Hongrie, c’est le pays des chevaux, avec ses races aux noms exotiques : Shagya, Nonius, Gidrán, Murakoz, Furioso… C’est le haras d’Hortobágy, avec ses trois cents chevaux en semi-liberté, menés par les csikos, leurs fabuleux cavaliers…
Attila… Le fléau de Dieu. Là où son cheval a posé le sabot, l’herbe ne repousse pas. Tout ce que j’en savais, à l’époque, c’était ce qu’on m’en avait enseigné d’abord à l’école primaire (image marquée dans ma mémoire de façon indélébile), puis très vaguement au collège. « Les invasions barbares. »
Et puis dans la petite école d’équitation atypique que je fréquentais assidûment, un vieux cheval noir un peu bancal, au caractère passablement tordu, répondait au nom d’Attila. Pas confortable, pas très agréable à monter, mais je l’aimais bien. Je réclamais à le monter alors que les autres cavaliers grimaçaient lorsqu’on le leur octroyait d’office.
Hongrie, donc, Juillet 1973.
La famille campe sur les bords du lac Balaton. Première surprise : en face, une famille hongroise : Papa, Maman, deux garçons de six et huit ans, et un petit chien.
« Attila ! » crie la Maman. « Tiens, se dit la Anne, le petit chien s’appelle Attila ». Eh bien non, ce n’est pas le chien. C’est l’un des garçons. Le chien s’appelle César, lui. Attila ! Comment peut-on donner un prénom aussi barbare à un aussi joli et gentil bambin ? Réponse de Pál : « Oh ! Mais c’est un prénom très courant. Attila était un grand roi très honoré ! Deuxième surprise : dans mon imaginaire, Attila vivait, mangeait, dormait à cheval. Aussi tu peux bien imaginer ma stupéfaction lorsque je découvris, à Budapest, une statue d’Attila à pied. Stupéfaction d’autant plus grande qu’en France, les statues des conquérants sont pratiquement toujours équestres. Ça fait plus prestigieux, tout de même !
Et puis toutes ces rues Attila… Bon, en France, on a bien des rues Napoléon et des rues Bonaparte, remarque. L’adolescente se pose des questions. Comment se fait-il qu’un monstre tel qu’Attila ait l’honneur d’une statue ? Comment se fait-il que l’on donne son nom à des rues, à ce massacreur ? Réponse du Papa : à Paris, on a la gare d’Austerlitz, à Londres, ils ont la gare Waterloo. Chaque pays est fier de ses grands hommes et exècre ceux des autres. « Mais comment nous enseigne-t-on l’histoire ? » s’interroge l’adolescente. « Qu’est-ce que c’est que tous ces partis-pris ? »Ce n’est pas encore cette année que je décrocherai le prix. « Fin anachronique » me dit-on. « Impossible qu’un guerrier Hun puisse préférer la paix à la guerre. C’est une idée de fin de XXème siècle, ça. »
Alors là, désolée. J’ai peut-être tort, mais je ne suis pas d’accord. De tout temps ont existé des partisans de la paix. J’insiste.
Les éditeurs font la moue !
En tout cas, Kahil ne plaît pas aux éditeurs. Ou plutôt… C’est étrange. J’ai présenté sans succès Kahil à une trentaine d’éditeurs, dont certains spécialisés dans les romans historiques pour les jeunes. Les éditeurs qui ont pris la peine de me répondre personnellement (il en existe a un certain nombre, et je les en remercie, car je connais un peu trop bien leurs courriers passe-partout) le font en me précisant qu’ils ont apprécié la lecture de mon manuscrit, que ça les a personnellement intéressé, mais qu’ils ne peuvent pas le publier.
Le pompon revient tout de même à Hachette. Anecdote qui m’a fait comprendre (peut-être) la raison des refus. J’ai bien entendu envoyé Kahil à Hachette, après le succès de « Cheval-Soleil », dont la vente marchait très fort. L’éditrice prend même la peine de me téléphoner.
« J’ai beaucoup apprécié la lecture de votre roman à titre personnel, mais on ne peut vraiment pas publier ça, c’est beaucoup trop violent pour un jeune public.
– Pardon, lui réponds-je, mais Cheval-Soleil et son contexte de guerre contre les Amérindiens, ce n’était pas trop tendre non plus.
– Ce n’est pas pareil » m’a-t-elle rétorqué. j’ai pensé que peut-être, le fait que ce soit écrit à la première personne et qu’on puisse donc s’identifier plus facilement au personnage, pouvait donner une impression de plus grande violence. Bref, on parle de choses et d’autres au téléphone, et puis je finis par lui dire : « Je ne veux pas écrire sur commande, mais j’aime bien écrire des romans historiques. Donc si vous voyez une période historique qui vous intéresse, et si ça m’inspire, pourquoi pas ? » Devine ce qu’elle me répond ! « l’épopée napoléonienne »!!!!!
« Ah bon ? C’est pas violent, Napoléon ? Vous voulez que je vous ponde du Napoléon version soft ??? À part l’époque, il y a quoi comme différence entre Napoléon et Attila ? Que Napoléon attaquait les autres alors qu’Attila nous attaquait ? Non mais vous vous moquez de moi ! Dites-moi plutôt la vérité : Napoléon ça se vendra parce que c’est à la mode, et que les profs feront lire ça à leurs élèves. Attila ça ne se vendra pas parce qu’on en parle pas ou très peu. Ça n’a rien à voir avec la violence, votre motivation de refuser. L’intérêt du livre ne compte pas pour vous. Ce qui compte, c’est le nombre d’exemplaires vendus, un point c’est tout ! »
Là, elle s’est trouvée un peu bête, cette brave dame, et elle n’a pu que bredouiller que j’avais raison.
Si Kahil n’avait pas tellement plu aux lecteurs qui ont testé mon manuscrit, je ne sais pas si j’aurais insisté. Parce que… trente ans ont tout de même passé entre l’écriture du manuscrit et la sortie du livre !
Enfin !
En fait, c’est l’évolution technologique qui a permis l’édition de Kahil : maintenant, il est possible d’imprimer les livres à la demande, quasiment un par un, ce qui fait que l’éditeur ne se mouille pas trop. Il édite au fur et à mesure des commandes, et n’a donc pas à faire l’avance d’un stock de livres qui ne se vendront peut-être pas. Donc… Vive le numérique !
Oh, bien sûr, la méthode est très controversée. « Ce ne sont pas des vrais éditeurs. » « N’importe qui va pouvoir éditer n’importe quoi. »
N’empêche. Pour moi, c’était l’opportunité de voir enfin mon Kahil exister. Et les réactions des lecteurs me prouvent que je n’ai pas si mal fait. Et puis c’était une expérience à essayer, après tout. Il semble que ce mode d’impression va pas mal bouleverser le petit monde de l’édition. Et après tout, c’est le lecteur qui décidera… On peut penser que pour l’auteur, ce mode d’édition ressemble à un attrape-nigaud. Il est certain que l’éditeur ne va pas trop se casser la tête pour faire la promotion du bouquin. À l’auteur de se débrouiller. C’est en tout cas mieux que l’édition à compte d’auteur, qui fait payer le pauvre écrivain pour publier son livre. Ici, la publication est gratuite, donc au moins, l’auteur, s’il ne gagne pas grand chose, n’aura rien investi.
Édilivre, l’éditeur de Kahil fait imprimer les livres selon des normes environnementales strictes, ce qui me convient bien, à moi l’écolo militante. Et sans être d’une qualité irréprochable, la qualité d’impression est plutôt correcte. Donc vogue bateau vogue, on verra bien où te portera le vent…
Quelques-unes des nombreuses illustrations qui m’ont permis un peu de précision dans les descriptions.
projets de couverture
La première esquisse (à retravailler et améliorer) pour la couverture était la suivante :
Sur ce, mon cher et tendre m’a susurré à l’oreille : « mais pourquoi n’utiliserais-tu pas plutôt des motifs plus simples, juste des silhouettes inspirées de l’art des peuples nomades ? » Tiens, pourquoi pas ? Dans mon esprit résonnaient encore les tambours des chamanes, omniprésents dans mon histoire. C’est pourquoi l’idée a surgi de dessiner ces silhouettes sur fond de tambour…
Le résultat, testé sur les amis de passage, ont confirmé mon choix. Et toi, tu en penses quoi ?