Et pour cette fête, par courtoisie, l’écrivine invite l’auteur du bouquin, qui vit à six cent kilomètres de là, pratiquement persuadée que compte tenu de la distance à parcourir, il ne viendra pas.
Sauf qu’il est venu !
Et que ceci a gravement changé le cours des choses. D’abord c’est l’écrivine qui est tombée dans la nasse de l’amour. Oswald, toujours un peu plus lent, légèrement nunuche, n’y a d’abord rien compris. Au commencement.
Puis il a fini par très bien capter ce qui était en train de se produire, et c’est ainsi que la fable est devenue plus concrète. Elle a migré doucement de l’espace virtuel dans l’espace où l’on vit authentiquement. Et d’un coup Oswald et Anne se sont trouvés dans une autre réalité, dans celle qu’on nomme habituellement la tangible, la vraie. Plus restreinte, moins imaginaire, plus guidée par les lois de la physique de la lourdeur. Mais aussi par celles de la légèreté. Alors pour épicer un quotidien dont on craignait qu’il ne devienne peut-être un peu trop quotidien, on a recouru à une astuce. On a décidé de s’écrire une lettre dans laquelle on décrirait nos rêves (même les plus farfelus et les moins probables) pour une éventuelle future vie ensemble. On a posté ces lettres, chacun de son côté, le même jour pour éviter toute influence de l’un sur l’autre. Et tiens donc ! Dans nos deux lettres il était question d’une roulotte et d’une yourte. On a trouvé la coïncidence assez forte pour s’attaquer d’emblée au point numéro un. C’est ainsi que le voyage a été décidé.
Les préparations ont commencé. Point numéro deux, la yourte, on la réservait pour le Après.