Le ventre de l’arbre
Roman poético-écologique
public : adolescents, adultes
Publié en 2005 aux éditions l’Harmattan, dans la collection « écritures »
La montagne, un cheval de bois, un lutin, un renardeau, un torrent, un violon, la mort. Un Arbre. Une vie de femme fragile et solide, attentive et solitaire. Femme bercée, portée, transportée par l’amour d’un arbre, entre rêve et cauchemar, entre féerie et réalité. Femme d’une bonté profonde, visitée par la tentation du mal. Femme sensible à tous les souffles de la vie.
Une très vieille femme aux portes d’une mort paisible dresse le bilan d’une vie intense où la nature vibre de tous ses oiseaux, de toutes ses fleurs, de toutes ses eaux.
Mais pourquoi le ventre de l'arbre ?
Genèse un peu étrange que celle de ce roman.
Il était une fois une écrivine qui avait une fille. Artiste de cirque, la fille. Danseuse sur corde. Après une dizaine d’années de tournées sous le chapiteau des Oiseaux Fous, cette Céline-là avait décidé de monter son propre spectacle solo, issu de sa propre imagination. Elle a déniché une costumière, un musicien-compositeur, et un metteur en scène, pour créer un petit bijou de féerie. La maman écrivine, très fière de sa fifille chérie, est bien entendu allée voir ce « chef d’œuvre » aussi souvent qu’elle le pouvait. Le thème était simple : une vieille femme au bord de la mort se remémorait son passage de l’enfance à l’adolescence, et son amour pour un arbre. Un petit cheval de bois était le jouet qu’il fallait abandonner pour grandir. La mort rôdait autour de la vieille femme, tandis qu’un lutin rôdait autour de l’enfance qui s’apprêtait à s’évanouir.
En même temps, l’écrivine est tombée par hasard sur le règlement d’un concours organisé (sauf erreur de mémoire) par le conseil général de la Loire. Il s’agissait d’écrire un roman d’amour dont l’action devait se dérouler dans le département de la Loire.
« Tiens, se dit l’écrivine, le règlement ne précise pas de quel amour il doit s’agir. Alors pourquoi pas celui d’une adolescente pour un arbre ? »
Voilà donc l’écrivine qui téléphone à sa Céline pour lui demander l’autorisation d’utiliser le thème de son spectacle pour écrire un roman.
Chaque instant de ce monde rêvé allait se métamorphoser en une histoire plausible, censée se dérouler dans un monde réel.
L’arbre qui servait de support à la corde deviendrait l’Arbre. Une branche-pont traversant un précipice se substituerait à la corde horizontale. La corde verticale se transformerait en liane pour sauver un petit renard.
Dans sa lancée, l’écrivine n’a pas réussi à se contenter de retranscrire le passage de l’enfance à l’adolescence. Elle a revisité la vie entière d’une femme qui approchait de son centenaire, pour traverser tout le XX ème siècle.
Pour finir, suite à la lecture du roman enfin achevé, Céline a trouvé le moyen de l’utiliser pour apporter quelques transformations à son œuvre circassienne.
Aucun nom propre dans ce roman. Bien entendu, les paysages décrits se situent dans la Loire. Le « fleuve peuplé de châteaux », c’est la Loire elle-même. La ville, c’est saint-Étienne. Pour le lecteur qui ne connaît pas les lieux, l’histoire pourrait se dérouler dans n’importe quelle région un peu montagneuse. Cependant, l’écrivine a tâché de faire en sorte que le jury ligérien du concours n’ait aucun doute sur l’identification des lieux. Oh ! Elle ne se faisait aucune illusion, l’écrivine. Elle savait bien, compte tenu du fait qu’elle avait lu les lauréats des années précédentes, qu’elle n’avait aucune chance de prétendre à la couronne. Ce qui l’avait surtout incitée à participer, c’est qu’un concours ça signifie une date limite. Et une date limite, ça oblige à bosser. C’est qu’elle est un peu flemmarde, parfois, l’écrivine. Il lui arrive souvent de préférer seller sa jument plutôt que de rester assise devant cette machine tordue, dotée d’une volonté propre, baptisée ordinateur.
L’écrivine n’a donc pas décroché le prix, mais le livre existe, lui.
Un peu étrange, rêveur, poème en prose.
Avec pour récompense les louanges des lecteurs ! (Aïe ! Pourvu que ses chevilles n’enflent pas trop, à l’écrivine… Ses chaussettes risquent de devenir trop étroites.)
Au sujet du titre
Le spectacle de Céline était intitulé « Un pan de jour, Inachis Io ». Tout naturellement, l’écrivine avait donné pour titre à son roman : « Un pan de jour ». ce qui n’eut pas l’heur de plaire à l’éditrice, pour qui le mot « pan » n’évoquait pas une un large morceau d’étoffe un peu flottante, une sorte de voile mouvant qui pouvait évoquer la tombée du jour, le crépuscule naissant. Pas plus qu’elle n’avait perçu, l’éditrice, le jeu de mot avec le paon de jour, ce merveilleux papillon qui de sa désignation savante se nommait à l’époque Inachis Io. D’où le sous-titre du spectacle. Inachos était pour les Grecs un dieu-fleuve, considéré comme le père de Io. Depuis, le nom scientifique du papillon a été revu et corrigé. Il se nomme désormais Aglais Io, aglais signifiant beauté ou même splendeur.
Non, pour l’éditrice, « pan » évoquait seulement… un coup de pistolet. Elle intima donc l’ordre à l’écrivine de changer son titre. Ouh la la, quel casse-tête ! Voici donc l’écrivine et sa Céline qui planchent sur une feuille de papier blanc, stylo en main, se grattant la tête, pas trop inspirées, pour tenter de déterrer du fond de leur inconscient un titre acceptable. Finalement, une liste d’une dizaine de titre voit enfin le jour. « Le ventre de l’arbre », c’était une idée de Céline. Pas du tout la préférée de l’écrivine. Liste envoyée dans la foulée à l’éditrice, qui dès le lendemain téléphone, la voix vibrante d’enthousiasme : « Le ventre de l’arbre ! » Voilà LE titre. Le titre qui va intriguer le lecteur et lui donner au moins envie de lire la quatrième de couverture. Ah bon ?
Elle avait raison, l’éditrice. De salon du livre en salon du livre, l’écrivine a très vite dû se rendre à l’évidence : le titre était accrocheur. Et depuis, elle s’est même mise à l’aimer, ce titre. Et ne le changerait pour rien au monde.
Source d'inspiration
Voici la vidéo de présentation du spectacle de Céline, « Un pan de jour – Inachis Io » qui a inspiré « Le ventre de l’arbre ». Cette bande annonce servait à la promotion du pan de jour, qui pouvait être joué aussi bien en plein-air que sous chapiteau, et dans des festivals aussi bien que lors des fêtes de village.
Cette vidéo a été tournée par Magali, sœur de Céline, dans une clairière de la forêt de Lancosme. Forêt de Brenne, Pays des Mille Étangs cher au cœur de l’écrivine. Clairière magique, héroïne de deux des légendes narrées dans mes « Contes et légendes du Pays des Mille Étangs ».