Histoires de poules… et d’un coq.

Histoires de poules… et d’un coq.

     Quand on choisit de vivre sur le territoire des sangliers, blaireaux, renards et compagnie, il s’agit d’assumer ce voisinage en toute cordialité. Heu… C’est à dire que c’est à nous de faire en sorte de limiter la gêne éventuelle que peuvent représenter de tels voisins. Ils sont beaux, sympathiques, mais parfois un peu, disons, envahissants. Les blaireaux sont enchantés de découvrir, au milieu de l’été, alors que le sol devient dur comme du béton, un jardin moelleux, humide à point, saturé de délicieux vers de terre. Ils grattent. Ils fouinent. Ils creusent leur fosse d’aisance pour déposer au fond du trou une chose assez peu appétissante.
     Quant à Maître Goupil…
                                                                                                  Notre poulailler à peine terminé, 

                                                                       à la fin du printemps, nous y avons logé cinq petites poules rousses.

 Elles ont dû trouver le logis à leur goût, parce qu’elles ont presque immédiatement commencé à pondre. 

     Dans la journée, on les laissait courir librement. Le soir, allez hop ! Au poulailler, les cocottes. Bien clos, bien fermé, le renard n’y pouvait point pénétrer. C’est du moins ce que l’on croyait. Du côté ouest du poulailler, un petit portillon permet aux cocottes d’entrer et de sortir. La nuit venue, on a cru suffisant de caler ce portillon avec une grosse pierre. Crois-tu que cela ait dérangé le rusé rouquin ? Que nenni ! C’est au milieu de l’été que d’un coup de patte, il a fait rouler la pierre. Comment a-t-il trouvé le moyen de franchir ce portillon, assez lourd, qui s’ouvre de l’intérieur vers l’extérieur ? Peu importe, Maître Goupil a découvert la technique. À l’intérieur du poulailler, sans défense aucune, les pauvres poules n’avaient aucune chance de s’en tirer. On a retrouvé quatre cadavres, le cinquième ayant été emporté.
     Alors là, il s’agissait de prendre le taureau par les cornes. Déjà, premièrement, offrir au portillon une fermeture digne de ce nom. Et puis, le plus important, expliquer gentiment au renard qu’il n’était pas le bienvenu au poulailler. 

Ensuite, aménager un grand parc où les poules auraient largement la place de trotter et de gratter, 

mais assez solidement barricadé pour dissuader la famille Renard de s’y aventurer. Avec une porte blindée, tant qu’à faire. 

     Côté jardin, il y avait déjà un grillage existant. Et puis d’ailleurs, le jardin était entouré d’une clôture électrique assez basse, destinée, elle, à dissuader la famille Blaireau de pénétrer dans cet appétissant espace de restauration. Pas de raison que le renard se faufile par ici.
Début de l’automne, nouvelle arrivée de poules. Trois noiraudes, dont deux au col piqueté d’argent, et une au col piqueté d’or. Et trois grises, d’un beau gris cendré. 

     Trois mois se passent, tout va bien. Jusqu’au jour où… C’était au tout début de Décembre. Un peu avant la tombée de la nuit, comme d’habitude, on descend fermer le poulailler. Horreur ! Deux des poules grises sont mortes, à moitié dévorées. En plein jour ! Il est culotté, l’animal ! À midi, tout le monde était vivant. À cinq heures du soir, Maître Goupil avait consommé son repas.
     Inspection de la clôture : rien à signaler. Mais côté jardin… Tiens donc ! Le gourmand est passé par là. Ça ne doit guère le gêner de sauter par-dessus la clôture anti-blaireau. Puis il a gratté sous, le grillage : trop fastoche, puisque de ce côté, on n’avait pas blindé le bas. Allez ! Au boulot ! On refait toute la clôture côté jardin, avec ciment et gros cailloux pour que la famille renard ne puisse plus se faufiler par en-dessous. Et puis l’un de nos « amis sur fesses-bouc » nous ayant mis la puce à l’oreille en nous signalant : «  Attention, un renard, c’est capable de grimper sur un grillage », on a décidé pour plus de sécurité de surmonter toute la clôture d ‘un ruban électrique. Gare à toi si tu oses encore approcher nos cocottes, ami Renard !

Ça finit par nous coûter cher, cette histoire ! Il va nous en falloir, des œufs, pour rembourser tout ce grillage…
On remplace les deux poules grises par deux poules grises. Et puis on craque aussi pour trois rouquinettes. 

     Et voilà, ça nous fait neuf poules en tout, désormais. Ça suffira peut-être. Si elles se mettent à pondre… On va pouvoir en confectionner, des crêpes et des gâteaux ! Ah ! j’allais oublier de te les présenter. La noire au collier gouttes d’or se prénomme Jusquiame ; les deux autres sont Belladone et Mandragore. Les grises ? Pâquerette, Ellébore et Marguerite. Quant aux rouquines, voici Bouton d’or, Pimprenelle et Jonquille.        

     Mais voilà que l’occasion se présente de récupérer un jeune coq. Un coq berrichon. Il va faire tout le voyage Berry-Languedoc renfermé dans un carton, le pauvre. Six cents kilomètres. Il s’en remettra vite. Neuf poules pour lui tout seul ! Ça valait bien le déplacement.

     J’ai toujours affublé mes coqs du nom d’une star du Bel Canto. Va comprendre pourquoi ! Celui-ci sera donc Pavarotti.

     Un bon copain pour tout ce petit monde, c’est Altaï, le gros toutou débonnaire. Il nous accompagne toujours au poulailler. Les poules n’éprouvent absolument aucune crainte et s’amusent à lui tirer les poils de la queue.

     À l’heure où j’écris, à la mi-Février, tout va bien. Le printemps ne va pas tarder à poindre le bout de son nez. Déjà, les fleurs éclosent : jonquilles, perce-neige, ficaires, pervenches, pâquerettes… 

Histoires de poules… et d’un coq.

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