Musique !
Née dans une famille de mélomanes, la future écrivine a été mise devant un piano à l’âge de six ans, en même temps que son frère nettement plus doué qu’elle. Une prof de piano vieux jeu et vieilles méthodes pas ludiques du tout, comparaisons désobligeantes avec les talents d’un frère plus jeune, demi-heure de piano obligatoire chaque soir après en avoir terminé avec les devoirs scolaires… de quoi dégoûter de la musique en général, et du piano en particulier ! À l’âge de dix ans, c’est le craquage total.
Comme il n’est pas question d’abandonner la musique, il faut choisir un autre instrument. Ce sera la guitare. Mon rêve ? Chanter, et m’accompagner de mon instrument. Ce qui n’est pas exactement le but de la professeure choisie par ma maman. Si je dois jouer de la guitare, ce sera de la guitare classique. cette fois, la prof est sympa, mais les progrès de l’élève ne sont pas d’une rapidité fulgurante, à vrai dire. Et pas d’enseignement de ces fameux accords permettant d’accompagner les chansons. Je casse les oreilles de toute la famille avec mon idole du moment : Hugues Aufray. Viendront ensuite Bob Dylan et Graeme Allwright. Comme je chante à tue-tête en même temps que mes disques, et pas forcément très juste, je dois reconnaître à retardement que ça ne devait pas être rigolo tous les jours pour le reste de la famille. Mais bon, j’étais bien obligée, moi, de subir des voix de sopranos que je n’appréciais guère. Et le frangin qui jouait en boucle Béla Bartók avec le haut du piano ouvert pour que ça résonne plus fort pendant que je m’échinais sur une copie à rendre le lendemain… C’était quelque chose !
Ma pauvre prof de guitare bêtement accidentée, me voici nantie d’un nouveau professeur. Un vieux monsieur aveugle, exquis et charmant. Miracle ! Il se rend parfaitement compte, lui, que je ne deviendrai jamais une virtuose. Mais il prétend que je peux prendre du plaisir et m’amuser avec mon instrument. Il continue à m’enseigner le classique, bien sûr, et aussi un peu de flamenco – j’en raffole. Mais surtout, surtout, il me fait travailler les accords, enfin, ces fameux accords qui me permettront d’accompagner ma voix.
Et ensuite ? je prends plaisir à chercher les accords pour accompagner mes chansons préférées. Hugues Aufray, Bob Dylan, Graeme Allwright, Paco Ibañez.
J’aime chanter en espagnol. Comme je n’ai pas très souvent l’occasion de discuter avec quelqu’un dans cette langue, je l’entretiens en lisant des auteurs espagnols et en chantant.
Et puis l’envie me prend de composer mes propres chansons. Jusqu’à avoir l’opportunité de les chanter quelquefois en public. C’est une toute petite salle, dans une toute petite ville, où une toute petite association baptisée « les oiseaux de passages » organise chaque mois une scène ouverte. Ambiance familiale fort sympathique. La jeune danseuse qui compose sur mes musiques une chorégraphie de son cru n’est autre que Céline, ma fille aînée. On s’amuse bien.
Mais le temps passe… Quelle banalité ! Les oiseaux de passage s’envolent, les enfants prennent leur essor. Le long voyage en roulotte marque une pause pour la guitariste du dimanche : elle n’ose pas emmener sa précieuse guitare dans la roulotte. Peur de l’abîmer. Retour, écriture du récit de voyage, déménagement, aménagement du nouveau nid, plongée dans le jardinage… La guitare dort dans sa housse. Jusqu’au jour où je n’y tiens plus. Je la sors de son berceau, je la caresse doucement. Quelques arpèges courent sous mes doigts. Je ressors les vieilles chansons. Comme ça, juste pour le plaisir.
Et puis… Claire et Stefano, un couple de roulottiers musiciens rencontrés pendant notre voyage, nous invitent à l’inauguration de leur nouvelle roulotte. Joyeuse petite fête. Après une longue marche derrière la roulotte attelée au bon vieux cheval Obélix et un repas au grand air, c’est à la bonne franquette que je pousse la chansonnette avec une guitare d’emprunt, puisque je n’ai pas apporté la mienne. À la suite de quoi un dénommé Guilhem que je n’avais jamais rencontré auparavant, vient le demander si j’accepterais qu’il m’enregistre. « J’ai un super studio d’enregistrement professionnel à Narbonne, insiste-t-il. Je suis sûr qu’on pourrait faire quelque chose de chouette.»
Un peu surprise, je bafouille un « pourquoi pas ? » timide.
« Alors jeudi prochain ! »
Ouh là ! Il est bien décidé, apparemment. Ce n’est pas « un jour peut-être… »
Jeudi donc…
Quelle expérience ! C’est donc grâce à ce merveilleux Guilhem que je peux modestement aujourd’hui présenter ici un petit échantillon de mon « œuvre » musicale et poétique. Nous avons enregistré en studio quatre de mes chansons. Les voici :
La louve
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été fascinée par les loups. Petite fille, je détestais les histoires dans lesquelles les loups étaient méchants. Je me délectais du livre de la jungle de Kipling, où les loups étaient frères de Mowgli. La première fois qu’on ma emmenée dans un zoo (je devais avoir quatre ou cinq ans) je désirais de toutes mes forces y rencontrer des loups. Mais il n’y en avait pas. J’avais décrété que ce zoo était vraiment nul. Depuis, évidemment, je préfère savoir les loups rôdant libres dans la montagne. Et peut-être suis-je moi-même un peu louve, après tout…
Gaïa
Qu’avons-nous fait de notre pauvre planète ? depuis des temps immémoriaux, des humains l’avaient vénérée. Bénéfique, maléfique, vie, mort, elle était mère et puissante et bonne et inquiétante. Puisse-t-elle toucher l’âme de ceux qui la bouleversent. C’est la puissance humaine, désormais, qui est devenue terrifiante…
Mélodie farouche
Décidément, vas-tu remarquer, cette écrivine-là semble obsédée par les thèmes écologistes. Et tu ne te tromperas pas. Elle se sent profondément bouleversée, cette écrivine-là, par les chamboulements incontrôlables qui sont inexorablement en train de se produire. Elle se tracasse pour l’avenir des enfants, petits-enfants, arrières-petits-enfants de tous les humains qui vivent sur terre. Et tous ceux qui vont suivre, que vont-ils vivre ? Elle se tracasse aussi, bien entendu, pour l’avenir de tous les autres êtres qui vivent sur terre, de la plus microscopique bactérie à la plus gigantesque baleine, en passant par les mousses, les algues, les arbres…
L'amour d'une mère
Puisqu’on parle d’enfants, n’oublions pas qu’elle est aussi une maman, l’écrivine. Maman de quatre enfants. Lorsqu’elle avait composé cette chanson-là, ils n’étaient encore que trois. C’est pourquoi le petit dernier (un garçon après trois filles) n’a pas eu droit à son couplet.
Très belle chanson très émouvante bravo
J’aime beaucoup La Louve !
Au fait la fête du cheval de VERS où je vous ais conviés
est reportée à l’année prochaine …
Trop d’incertitudes avec le covid
Désolés sommes nous tous !
Magnifique, simple et touchant ! Un voyage à travers l’espace et le temps, la nature sauvage et l’humanité. Merci