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Quelques considérations au sujet des juments

Des juments en or ? Presque !
D’abord en raison de leur magnifique robe isabelle dorée qui chatoie au moindre rayon de soleil.
Ensuite, en raison de leur caractère : ce sont des sociables, des tendres, des câlines, des pots-de-colle, même ! (exception : Océane quand elle est en chaleur ! Ce qui nous a valu quelque aventure. Bon, il suffit de la savoir et de faire attention. Heureusement, ça ne dure que trois jours par mois.)
Et puis, elles aiment l’attelage. Pourtant, elles ont eu un peu de mal à comprendre le rythme que nous leur imposons : le pas, et exclusivement le pas.
Naturellement, elles n’étaient guère habituées à ce tempo ralenti.
La compétition était leur précédent métier. Et en compétition, il faut être rapide, pour être vainqueur. Donc, avec leur Humain précédent, le mot d’ordre, c’était : « au trot ! » et même : « au galop ! » Elles raffolaient de ça, apparemment. Ça a été dur pour elles, de rester au pas pendant des kilomètres. Quel ennui ! Mais elles ont fini par s’y faire.
Et nous n’aurons pas besoin d’écrire à leur sujet des tas d’articles sur « comment leur faire donner les pieds » « comment les faire passer dans l’eau » « comment les faire marcher en main sans qu’elles ne vous arrachent la longe »
Non, non, non, rien de tout ça. Océane et Noé ont été parfaitement éduquées.
Une chose qu’elles ne connaissaient pas : l’attache « à la manouche ».

Noé a compris très vite. La première fois, elle s’est emberlificoté un postérieur dans la chaîne, mais elle ne s’est pas affolée, et a attendu très sagement qu’on vienne la délivrer.
Océane a posé plus de difficulté : quand elle s’est sentie attachée à ce drôle de truc, elle a tiré violemment, et... le licol a cassé ! Mauvais, ça ! Nous avons recommencé l’expérience avec le très costaud licol de bât. Océane a tenté de recommencer à tirer, mais cette fois, le licol a tenu bon. Elle s’est emberlificoté un antérieur, et sa réaction a été la même que celle de Noé : ne plus bouger et attendre. Depuis, elle fait très attention.
Trois séances ont suffit pour ce petit apprentissage. Les deux premières avec le tuyau pour éviter les blessures

la troisième avec la chaîne.

Plus de problème désormais.

L’ancien maître des juments nous a dit qu’elles avaient été dressées à la selle, mais qu’elles n’avaient pas été montées depuis trois ans. Étant privée d’équitation pour l’instant à cause de cette fichue colonne vertébrale blindée au titane, je ne pouvais pas tester moi-même leurs souvenirs. Mais ça m’intéressait fortement de savoir comment elles se comportent montées. On ne sait jamais : savoir que je peux en monter une en cas de nécessité au cours du voyage me rassurerait.
Alors j’ai fait appel à Magali – l’une de mes filles, et à Anaëlle – l’une de mes nièces.
Nous avons sellé Noé avec la selle mexicaine.
Mais la sangle de la selle anglaise d’Athéna était beaucoup trop courte pour Océane : impossible de sangler.
« Tant pis, dit Anaëlle, je vais monter à cru. »
Nous les avons bridées avec les brides sans mors « nurtural ». Sur celle de Noé, j’ai mis les rênes du hackamore d’Athéna. Ce qui m’était sorti de l’idée, c’est que mon autre paire de rênes avaient été grignotée par un chien, voici déjà pas mal de temps.
« Tant pis, j’ai dit à Anaëlle, on peut faire des rênes avec une longe, si ça te convient »
Les filles n’étaient pas trop tranquilles, quand même... Des juments qui n’ont pas été montées depuis trois ans, elles ont beau être gentilles... On ne sait jamais !
Mais tout s’est bien passé. Me voilà rassurée. En cas de nécessité, je sais que je pourrai compter là-dessus.

Pour tout avouer, la jalousie m’a quelque peu torturée, tandis que les filles partaient en balade : c’est vraiment très dur pour moi d’être privée de monter. Mais je sais bien que je dois rester raisonnable. Interdiction formelle de tomber. Un nouvel accident, et c’est la fin du rêve. D’ailleurs, je ne m’en sens physiquement pas capable. Je ne souffre pas vraiment, mais je suis quand même assez gênée dans mes mouvements. Et je suis tellement contente d’avoir échappé à la paralysie que je ne vais quand même pas avoir le culot de me plaindre !

Et voici la preuve des preuves de la gentillesse de nos louloutes : même par un bébé, elles se laissent monter. Un bébé ? Oh Pardon, pardon, mon petit Senkou ! Que dis-je ? Même par un grand garçon de trois ans, elles se laissent monter !

Ah ! Cette fois, c’est un vrai bébé, là, sur le dos d’Océane ! À tout juste une an, on peut dire que tu es encore un bébé, n’est-ce pas Ava ? Ça ne te vexe pas ?

La gourmandise est-elle un vilain défaut, un péché mignon, ou un délicieux plaisir auquel il n’y a aucune raison de vouloir résister ?

Quelle curieuse, cette Noé ! Pauvre Oswald ! Pas moyen de travailler tranquillement !

« Et puis vous feriez mieux de vous occuper de moi, plutôt que de votre fichue roulotte ! Le dos me démange, et j’aimerais bien quelques grattouilles ! »

Quant à la pauvre Océane, la voici dans une situation bien embarrassante. Ce couloir est très étroit, impossible d’y faire demi-tour. Une seule solution, le reculer. Océane la trouvera toute seule, après avoir bien tapé du pied comme un gosse en colère !

Toujours aussi curieuse et pot de colle, la Noé !!!

Anne,
début Mai 2014

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