Voyager... c’est se priver de jardin. Et ça, ça va être dur, très dur, pour la vieille jardinière que je suis ! Alors que faire ? Quelle idée trouver pour ne pas rompre complètement avec mes manies semencières ?
Prier Kokopelli.
Le supplier de m’inspirer.
Kokopelli ?
Vous ne connaissez pas Kokopelli ?
C’est un petit dieu bossu, magicien farceur, chez les Indiens Pueblos et Navahos. Kokopelli est un conteur, un voyageur musicien, joyeux et séducteur, porteur d’une leçon pour chacun. Il est aussi faiseur de pluie, guérisseur. Mais surtout, c’est un dieu fertilisateur. Sa bosse contient pêle-mêle des bébés, des mocassins, des couvertures, des sacs à chanson, des objets sacrés et médicinaux... mais surtout, surtout, des plantes et des graines qu’il sème tout au long de son chemin en jouant de la flûte. Kokopelli apporte la prospérité à qui écoute ses chansons. Le son de sa flûte annonce sa venue. À son départ, les récoltes seront abondantes... et les femmes enceintes !
Euréka ! Trouvé ! Merci au petit dieu Kokopelli !
Dans mon jardin, je récolte depuis des années mes propres graines, chaque fois que c’est possible. Et puis grâce à l’association BiHaNat (pour Bien-Être Harmonie Nature) http://bihanat.ouvaton.org j’ai rencontré d’autres jardiniers, qui eux aussi récoltent leurs graines. Alors nous pratiquons activement des échanges de graines et de plants...
En outre, avec le collectif « Incroyables Comestibles » de Châteauroux,
https://fr-fr.facebook.com/IncroyablesComestiblesChateauroux36
nous avons organisé des distributions GRATUITES de nos surplus de graines et de plants, sur la place du marché. Il faut voir la tête des passants ! Leur étonnement !
"Je vous dois combien ?" "Rien, tout est gratuit !"
Certains se demandent où est le piège, d’autres sont ravis, en tout cas les échanges humains sont intenses !
Lorsque je cherche des variétés anciennes ou originales, j’achète mes semences à l’association Kokopelli,
http://kokopelli-semences.fr association quelque peu rebelle, qui se bat contre l’uniformisation des semences et pour la sauvegarde de variétés anciennes. Et qui a bien entendu maille à partir avec les gros manitous du commerce semencier ! Mais je sais que l’argent donné à l’association Kokopelli en échange de mes sachets de graines servira à des actions utiles dans les régions les plus défavorisées (humainement parlant) de notre brave petite planète. Comme la promotion de l’agriculture de subsistance, avec des techniques respectueuses de l’environnement. Comme la sauvegarde de savoir-faire ancestraux. Là-bas, les graines sont distribuées gratuitement aux paysans, et des jardins poussent dans le désert. Une goutte d’eau dans l’océan ? Mais si jolie, la petite goutte ! Irisée de mille couleurs...
Alors, dès le début du projet, après ma prière à Kokopelli, l’idée m’est venue : si nous emmenions avec nous des sachets de graines recueillies dans notre jardin ? Si nous demandions aux copains jardiniers de nous donner des graines par eux récoltées ? Chaque fois qu’en cours de route nous serons accueillis par des jardiniers, nous leur proposerons d’en choisir quelques sachets. Et nous leur demanderons en échange quelques-unes de leurs propres graines, s’ils en ont. Comme nous n’avancerons pas très vite, les graines ne voyageront pas trop loin et auront donc toutes chances de s’adapter à leur nouveau jardin. Partageons les semences ! Répandons-les ! Luttons contre les potentats qui prétendent s’accaparer la propriété du vivant ! Soyons les lutins rebelles, qui se faufilent partout pour propager leurs semences vagabondes.
Anne
Mars 2014