C’est depuis cinq semaines que notre Roulotte somnole paisiblement au garage de Sébastien.
Au début de son séjour elle était perchée sur le pont, tout en haut comme une grosse poularde, et c’est ainsi que j’ai pu installer les plaques isolantes en dessous.
J’ai pris des plaques en Polystyrène de 100x120cm, et de 30mm d’épaisseur, bien calées et vissées entre les linteaux en dessous. J’ai renoncé à toute sorte de colle, car on ne m’avait proposé que de la colle Polystyrène pour bâtiment.
Impossible de trouver de la colle spéciale pour zone sismique en France ! Vu le prix pour un voyage au nouveau supermarché « Brico-Résurrection », récemment ouvert à 福島第 (Fukushima), j’ai renoncé à m’y rendre : fini la recherche d’une colle qui résiste à la bougeotte d’une Roulotte.
En conséquence j’ai décidé de simplement visser les plaques en dessous.
Et c’est à ce moment que m’est venue l’idée de visser les plaques en liège pour l’isolation intérieure, également. Plus de soucis avec de la colle-liège chère, puante ou inefficace.
C’est ça que je suis en train de faire pendant l’attente de la roulotte au garage, vu le temps autrement perdu.
Attendre . . .Attendre . . . un bon entraînement pour le voyage : le passage des frontières ne sera pas toujours le plus rapide, où, peut-être, les mulets feront connaissance d’une ravissante jument, bien sûr en chaleur, ou, cerise sur le gâteau, un pont écroulé sur le chemin, et le bac en réparation pour un petit mois seulement, ou deux ?
Mais, ne perdons pas le fil de l’histoire :
La raison principale de la garagisation de la Roulotte au temple de Sébastien était le rafistolage du train-avant et l’installation de bons freins.
L’ancien train avait une tourelle composée d’un pivot au milieu et deux cerceaux, un glissant sur l’autre, garantissant son équilibre et sa stabilité. Ce pivot est composé de deux tuyaux qui s’emboîtent l’un dans l’autre. L’un est monté sur la roulotte même, l’autre sur le train-avant qui tourne. Tout au milieu de ces deux tuyaux, se glisse un tube en acier de 27mm. On conserve ce pivot.
Voici deux images prises lors du stade embryonnaire de la Roulotte.
Toute cette construction était prévue pour soutenir les deux brancards en bois, dont le poids était porté par le cheval. Elle était trop légère pour notre nouveau timon en fer qui se tient tout seul à l’horizontale pour que les chevaux peinent moins. (Ça s’appelle un "timon suspendu")
Mais ce que je n’avais pas prévu était le poids du timon qui exerce en plus une grande force de levier en tirant le devant de l’avant-train vers le bas. Résultat : les deux cerceaux bâillaient vers le front, grinçaient des dents vers le côté opposé, le pivot risquait de se plier, et l’arrière du train-avant cognait contre le bas de la Roulotte à chaque nid de poule qui décorait la chaussée.
Catastrophe !
Heureusement un beau plateau à roulement, tout en bleu, se cachait au Bon Coin, en attente d’une nouvelle mission. Dans sa jeunesse il avait soutenu et tournicoté un petit manège, désormais abandonné par les enfants qui se dévouent à leurs consoles. Les temps ont changé. . .
Pour donner plus de stabilité à notre train-avant, et surtout pour qu’il résiste au poids du nouveau timon, Sébastien a soudé un des deux anciens cerceaux (celui d’en haut) au nouveau plateau tournant. L’autre cerceau était élargi pour qu’on puisse y visser le plateau à roulement.
Voici une suite d’images qui expliquent toute la procédure célébrée par Sébastien et ses disciples :
Maintenant la nouvelle tourelle à roulement est installée, en gardant l’ancien pivot.
Les charrons des époques passées, pleines de guerres, ornées de disettes et de famines, et embellies par la peste ou le choléra, dans ces bon vieux temps, dont maint écolo rêve aujourd’hui, appelaient ce pivot la « cheville ouvrière ».
2013, début Juillet
Bisou
oswald