Nous étions prévenus : Sekü n’aime pas l’eau. Pas du tout ! Bien sûr, avant d’acheter les mulets, nous avons voulu les voir à l’œuvre... Et ils allaient bien, les deux frères, attelés à la petite marathon.
Mais nous avons vu Sekü, attelé à droite, refuser de mettre le sabot dans une flaque. Son frère Râli le rappelait à l’ordre, d’un coup d’épaule... voire d’un coup de dents.
Dès leur arrivée à la maison, nous avons commencé à promener Sekü et Râli en longe, histoire de les familiariser avec nous. Et aussi pour commencer à leur durcir la corne en les faisant marcher quelques kilomètres par jour sur un chemin pierreux, bien usant. Test de la solidité des sabots...
Bien sûr, Sekü évitait soigneusement la moindre microscopique flaque.
Alors, au boulot, mon gars ! Parce que de l’eau, tu vas en voir, sûrement. Autant t’y faire dès maintenant.
J’ai donc enfilé mes bottes. Je me suis munie d’un seau d’avoine. Et je me suis plantée dans la mare, au milieu du pré. Râli et Athéna m’y ont aussitôt rejointe, pour fourrer leurs naseaux dans la savoureuse friandise. Le pauvre Sekü trottait autour de la mare, les oreilles couchées, l’encolure tendue. Il a bien dû en faire quinze fois le tour. Sachant fort bien qu’il perdait quelque chose. Alors, il a fini par se décider. La gourmandise est un péché... bien pratique pour éduquer les récalcitrants !
Ensuite, une petite piqûre de rappel tous les deux ou trois jours, et on s’aperçoit que l’eau, ce n’est finalement pas méchant du tout !
2013, début Avril
Anne