Sans fers, dernier bilan
Et voilà. Fin du beau voyage. Au total, Océane et Noé ont parcouru 5207 km, attelées à la roulotte. (je ne compte pas leurs cavalcades dans les prés, ni les balades au bout d’une longe)
Aller : partant de France, puis passant par l’Italie, la Slovénie, le Sud de la Hongrie, pour arriver en Roumanie : 2607 km
Retour : partant de Roumanie, puis passant par le Nord de la Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche, l’Allemagne, pour arriver en France : 2600 km
Soit une différence de… 7 km entre les deux parcours ! Bon, attention, c’est presque une blague. En réalité, on n’est pas sûrs du tout que nos estimations soient exactes au kilomètre près !!! Sans doute même pas aux 10 km près. À l’aller, on a utilisé un compteur vélo, qui nous a largués en Hongrie. Au retour, on a compté les kilomètres sur l’ordinateur en traçant le chemin sur la carte de notre site.
Quotidiennement, je notais consciencieusement dans mon cahier « journal de voyage » l’heure de départ, l’heure d’arrivée, et le nombre de kilomètres parcourus. Pour finir, j’ai additionné tous les kilomètres. Ça m’a donné ce résultat-là. Qui n’est sûrement pas très précis ! Les 7 kilomètres, je les ai gardés plutôt que d’arrondir, parce que je trouvais ça assez rigolo.
Total : 5207 kilomètres
Combien de kilomètres pieds nus, et combien chaussées ?
Océane
Aller
Pieds nus.....................................................1544 km
Chaussée clogs..............................................1032 km
Chaussée antérieurs seuls.................................31 km
Retour
Pieds nus.....................................................1065 km
Chaussée clogs..............................................1440 km
Chaussée antérieurs seuls.................................95 km
Noé
Aller
Pieds nus........................................................1019 km
Chaussée clogs...................................................928 km
Chaussée clogs antérieurs seuls.........................310 km
Chaussée Old Mac’s............................................330 km
Chaussée Old Mac’s antérieurs seuls....................20 km
Retour
Pieds nus............................................................718 km
Chaussée clogs.....................................................810 km
Chaussée clogs, antérieurs seuls..........................306 km
Chaussée Old Mac’s..............................................766 km
(Les photos sont prises 5 jours après notre retour. Les pieds n’ont pas été touchés)
Pourquoi plus de kilomètres pieds nus à l’aller qu’au retour ?
Réponse toute simple : on a mis 18 mois pour arriver en Roumanie, 6 mois pour en revenir. Au retour, donc, étapes plus longues, et parfois une dizaine de jours de marche, voire jusqu’à douze, sans pause. Du coup, les pieds étaient soumis à plus rude épreuve. On aurait certainement pu marcher pieds nus davantage, mais les fois où j’étais dans l’hésitation, je préférais chausser inutilement plutôt que de prendre un risque en ne chaussant pas.
Quand prendre la décision « on chausse ou on ne chausse pas ? »
On chausse quand les pieds sont visiblement sensibles, quand la route est gravillonnée, quand on prévoit que l’étape sera longue. (mais il nous est arrivé de faire pieds nus des plus de 30 km, tout simplement… parce que ce n’était pas prévu au départ. Et sans problème)
On a parfois dû chausser en cours de route, mais très rarement. Il nous est arrivé plus souvent de déchausser (route bien lisse, chemin de sable, ou… problème avec un clog)
En zone montagneuse, Noé obligatoirement chaussée avec les Old Mac’s : pieds nus, ses postérieurs usent trop dans les montées, et avec les clogs, ça glisse. La chute spectaculaire à Chalamont, très précisément le Dimanche 19 Octobre 2014, nous a servi de leçon !
On ne chausse pas quand l’asphalte est nickel (attention aux mauvaises surprises en cours de route, quand on se retrouve soudain sur des gravillons fraîchement étalés !), quand on roule sur les merveilleux chemins de sable hongrois, quand c’est tout plat et qu’aucune difficulté ne se présente.
Question d’habitude et de feeling. Une fois, on a marché pieds nus sur un chemin de galets bien arrondis. Les Louloutes n’ont pas trop apprécié la plaisanterie. Le lendemain, elles marchaient sur des œufs. Comme on avait le même genre de piste à avaler, on a chaussé, et tout s’est bien passé.
Les clogs
Avantages :
Très faciles et rapides à mettre en place et à enlever.
Ouverts en dessous, ils laissent le pied respirer.
Nos juments s’y sont adaptées tout de suite et sans aucune gêne apparente.
Longévité : entre 800 et 1000 km suivant l’état de la chaussée. On a découvert quelques astuces pour prolonger leur durée de vie. Entre autre alterner entre pied gauche et pied droit afin d’équilibrer l’usure.
On peut mettre des pointes de tungstène pour prolonger la vie du clog, et avoir un effet anti-dérapant.
Inconvénients :
Un clog déformé devient inutilisable (il ne tient plus au pied)
L’ajustage doit être très minutieux et demande une vérification (très rapide) avant chaque pose. Les vis sont-elles bien serrées (clips et lanière) ? Les vis des barrettes ne sont-elles pas trop usées ? (Si une barrette se barre, le clog aussi !)
On a plusieurs fois perdu un clip en cours de route. On a eu de temps en temps un clog qui prenait la clef des champs. On s’en aperçoit, en général. Mais on en a perdu deux définitivement (on ne s’est pas rendu compte tout de suite qu’ils avaient quitté le pied en douce !)
Le coussinet qui supporte les lanière s’use plus vite que le clog. Il est donc nécessaire d’en avoir de rechange.
Particularités dues aux différences entre les chevaux
On a eu quelques soucis avec Océane : des petites blessures aux pâturons et aux glomes dues aux frottements des clogs. On a réussi à éviter ce problème en talquant l’arrière des clogs, et en enduisant les pâturons de vaseline.
Noé, par contre, n’a jamais eu le moindre bobo lié aux clogs.
Va savoir pourquoi.
Pour Océane, qui marche en posant bien les pieds, aucun problème de glissade intempestive dans les montées.
Avec Noé, par contre, c’est autre paire de manches : pour les antérieurs, ça va. Mais quand aux postérieurs, ça ripe et ça glisse, du coup les clogs se barrent ! De plus, toujours aux postérieurs, les pointes de tungstène s’arrachent. Ceci est dû à l’allure très particulière de Noé quand elle monte.
Pieds nus, elle ne ripe pas, mais elle use beaucoup trop ! Donc, en zone montagneuse, ou même simplement vallonnée, pour la Noé, Old Mac’s obligatoires !
Les Old Mac’s
avantages
Sans eux… ben c’est bien simple, on aurait dû abandonner ! Ce sont eux qui ont permis à Noé de braver les étapes ardues. Leur longévité nous a épatés : Noé a parcouru, avec eux chaussée,
1096 km. (Mettons 1100 pour arrondir. Comme expliqué plus haut, notre calcul des kilomètres n’était pas d’une précision infaillible !) Et ils ne sont pas encore tout à fait au bout du rouleau. Bon, y’a de l’usure quand même. Les passants de la lanière, aux postérieurs, se sont décousus. (Toujours à cause de cette façon de poser les postérieurs dans les grimpettes) La lanière elle-même a pas mal souffert. J’ai rafistolé ça avec de la chambre à air, et ma foi, ça a tenu le coup jusqu’au bout.
Inconvénients
La lanière à boucle très ch… oups, pardon, enquiquinante à boucler.
La pose des guêtres anti-blessures au pâturon, oblige à s’y mettre à deux pour chausser correctement.
Et puis… Ben… le prix ! 400 € pour chausser les quatre pieds.
Au retour, sachant qu’on avait encore le Morvan à traverser, par crainte d’un craquage définitif des lanières et d’une usure vraiment trop importante, on a commandé un nouveau jeu… qu’en définitive, on n’a pas eu besoin d’utiliser. On ne regrette pas, ça aurait été trop bête de se retrouver coincé pour ça. Et d’ailleurs, ces fameux « New Mac » nous serviront sûrement un jour. Ben oui, le nouveau modèle ne s’appelle plus « old », il s’appelle « new ». Il semble que les inconvénients du « old », hormis le prix, aient disparu. La boucle est devenue scratch et l’arrière beaucoup plus confortable permet de se passer des guêtres, semble-t-il. Mais comme on n’a pas eu l’occasion d’essayer, on peut pas dire ça d’expérience.
Combien ça coûte ?
achat clogs = 2000 € pour les deux juments (huit jeux de clogs, soit quatre jeux par juments)
achat old mac’s = 400 € pour Noé
Total des dépenses = 2400 €
À noter que nous avons une dizaine de clogs qui ne sont pas au bout du rouleau et peuvent encore servir, dont un jeu quasi neuf.
Si on avait ferré, en comptant 16 ferrures à 70 € on en aurait eu pour 1220 € par jument soit 2440 € pour les deux juments.
Donc à priori, kif-kif à quelque chose près !
Mais...
Difficile de donner une estimation précise. En Hongrie et en Roumanie, par exemple, le prix de la ferrure aurait sans doute été moindre. Encore faut-il dénicher un bon maréchal. Combien cela peut-il coûter, si on tombe sur un maréchal qui esquinte les pieds ? (Ce qui n’est pas si rare, si on en croit les témoignages d’un certain nombre de cavaliers au long cours !) Et puis on aurait peut-être eu besoin de plus de 16 ferrure, ce qui représente une ferrure toutes les 7 semaines.
De surcroît, il est déjà assez compliqué de trouver un lieu de halte, avec emplacement pour la roulotte, prairie, et eau à proximité. Si en plus il faut s ’amuser à courir après un maréchal…
J’ai donc paré moi-même, la plupart du temps. Nous avons fait parer par un pro trois fois seulement, durant toute la durée du voyage. Une fois lors de notre dernière étape française (Novembre 2014), une fois en Hongrie (Août 2015), une fois en Roumanie, juste avant notre départ pour le retour (Mars 2016)
À notre arrivée, nous avons fait venir notre maréchal, lui-même randonneur adepte du « pieds nus », qui a été épaté par l’état de leur pieds. Il nous a dit qu’il n’avait pas besoin d’y toucher, que c’était mieux de les laisser comme ça, dans leur état « naturel ».
Les pieds de nos deux louloutes sont devenus extrêmement durs et lisses.
Conclusion
Vraiment aucun regret d’avoir choisi de marcher sans fers. Nous étions partis avec l’idée qu’on ne risquait rien à essayer, et qu’il serait toujours possible de faire ferrer en cours de route si cela s’avérait nécessaire.
Nous avions un bon atout au départ : Océane et Noé n’étaient déjà plus ferrées depuis deux ans, et elles ont d’excellents pieds.
Il est probable que certains chevaux auraient pu marcher pieds nus en permanence, tandis que d’autre auraient dû être chaussés bien davantage.
Pour Océane l’aller aurait sans doute pu être parcouru intégralement pieds nus, compte tenu du nombre d’arrêts durant lesquels la corne avait largement le temps de repousser. (C’est moi qui n’osais pas pousser trop loin l’expérience). Au retour, je ne pense pas. Non tant en raison de l’usure de la corne que de la sensibilité du sabot (de la sole ou de la fourchette ?) Océane nous faisait parfaitement comprendre quand elle « voulait » être chaussée. En jouant les princesses délicates.
Quant à Noé, il était impossible de rester pieds nus dans les régions montagneuses, en raison de l’usure trop importante des postérieurs.
Dans l’ensemble, la repousse de la corne s’est faite pratiquement à la même vitesse que l’usure. La nature est bien faite, le pied s’adapte. Pour Noé, qui marchait plus souvent chaussée, j’étais même obligée de rogner de temps en temps : ça repoussait trop vite ! Alors que pour Océane, un petit coup de râpe pour ajuster suffisait.
En tout état de cause, la marche « pieds nus » semble beaucoup plus naturelle et confortable pour le cheval que la marche « ferrée ». La circulation sanguine se fait mieux.
D’après notre maréchal, les mollettes d’Océane auraient pu finir par s’intensifier et poser de réels problèmes si elle avait été ferrée. Tandis que là, avec l’aide d’argile quand c’était nécessaire, ces mollettes n’ont causé aucun souci.
Autre avantage, les juments n’avaient pas leurs chaussures clouées aux sabots en permanence. Essaie donc de dormir avec tes bottes au pieds !
Bref, pour nous en tout cas, l’expérience a été réellement concluante.
Anne, 22 Septembre 2016