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Alsace 25/07/2016

Alsace

18 Juillet : Huningue – Ranspach-le-Bas 15 km

Avant de quitter ce triangle France-Allemagne-Suisse, tout près de Basel (Bâle), il faut encore s’envoyer une portion de Grande Route Infernale. Tu imagines ? Bâle est toute proche ; en plus, on part à l’heure où tout le monde prend sa bagnole pour aller au boulot. Heureusement, nous on s’éloigne de la grande ville. Les gros bouchons sont dans l’autre sens, et ce n’est pas nous qui les provoquons.
Pour couronner le tout, nous effleurons l’aéroport Bâle-Mulhouse. Pas de trafic aérien au moment où nous passons, mais toute la circulation routière qui conflue autour d’un bazar de ce genre.

On en sort enfin pour aborder une route beaucoup moins encombrée.
Pour Océane et Noé, ce sera encore une étape difficile. Chaleur, taons, et trois grosses montées, dont une vraiment raide. (Pas d’indication de pourcentage. À vue de nez, je dirais entre 10 et 12%) Heureusement, pas trop longues, les montées.
Oh mais dis donc, y’a pas que les Corses qui ont des velléités d’indépendance !

Ce matin, avant notre départ, nous avons discuté un moment avec une femme qui nous a dit que d’énormes efforts sont faits pour préserver la langue Alémanique parlée en Alsace, d’ailleurs pratiquement la même que celle parlée en Suisse. Ce qui a donc son importance, compte tenu de la proximité de Bâle.

On passe sous un pont sur leuel pousse une jeune forêt. Étrange. Ah non ! Pas si étrange. Un petit panneau fournit l’explication : « passage à faune ». les chevreuils peuvent donc traverser sans se faire écrabouiller. Et encore l’inscription taguée « Elsass frei » (Alsace libre) avec le drapeau alsacien accroché au beau milieu du pont.

Dès qu’on aperçoit une ferme, (une ferme à vaches) on s’arrête demander asile. Inutile d’épuiser nos Courageuses. (Surtout Noé. Océane, comme d’habitude, tâche de tricher chaque fois qu’elle peut. Reconnaissons tout de même que quand la côte est raide, elle ne rechigne pas. À condition de l’asticoter un peu !)
Vive les paysans Alsaciens ! Aussi accueillants que leurs collègues Allemands. Merci ! Merci ! On nous offre un très beau pré isolé au bout d’un chemin cahoteux, loin de la route. Le pré en question est déjà tout clôturé, et très ombragé. Tout au fond coule un ruisseau. Un gué permettra aux juments de descendre facilement s’y abreuver.

Le ruisseau est d’une fraîcheur délicieuse, surtout après que nous ayons bien sué sous les 35° à l’ombre (Combien en plein soleil ?) Idéal pour la toilette. Plus un lavage de tête pour se rafraîchir les idées. Et je vais en profiter pour laver le linge. Je n’utilise que du bon vieux savon de Marseille, mais peut-être que ça ne plaît pas tellement aux gerris. Enfin, l’eau coule assez gaiement. Le goût de savon devrait vite passer.

19 Juillet : Ranspach-le-Bas – Ranspach-le-Haut 3 km

On décolle tôt pour éviter les grosses chaleurs. Notre hôte nous a indiqué une route un peu plus longue, mais plus facile pour les juments (moins de dénivelés) que celle prévue à notre programme.
Au bout de deux kilomètres, sur une petite montée de rien du tout, Noé se met à faire des efforts surchevalins pour tirer sur ses traits, comme si on lui demandait un effort impossible. Océane essaie de tirer au flanc. Y’a quelque chose qui colle pas. Confirmation sur le plat. Noé ahane comme si la roulotte pesait 10 tonnes. Les freins qui coincent ? Quand ça nous était arrivé en Italie, Noé s’était acharnée à essayer de tirer. Océane, plus raisonnable, s’était carrément mise en grève et avait refusé d’avancer d’un pas de plus.
En tout cas, là, c’est une urgence. On ne peut pas laisser Noé peiner comme ça. Première prairie qu’on voit, à l’entrée du village, on se gare dessus.
Je dételle et j’attache les juments sur le trottoir.

Pendant ce temps, Oswald a sorti le cric pour soulever les quatre roues l’une après l’autre. Aucune ne coince. Tout tourne bien.

Alors ? Notre Noé serait-elle au bord de l’épuisement ? Il fait très chaud. On a eu deux étapes difficiles. Depuis le dernier épisode chaleur-bestioles, qui l’a beaucoup énervée et fait suer au propre comme au figuré, elle a maigri. On voudrait bien faire des étapes moins longues et pouvoir s’arrêter toute une journée plus souvent, mais on n’y arrive pas. Difficultés à trouver un emplacement. Quand on en déniche un, la plupart du temps on ne peut pas y rester plus d’une nuit. Il nous est arrivé de rouler onze jours d’affilée, sans pouvoir faire autrement. C’est trop. Pour les juments, mais pour nous aussi.
Nécessité de vermifuger ? Possible, mais Princesse Océane est plus que rondouillette.
On va essayer de trouver du grain pour requinquer Noé. La vermifuger aussi. Mais ce qu’il faudrait surtout, c’est un lieu où on pourrait se reposer une semaine ! Où le trouver ? Et quand ? Ça me rend malade ! En attendant, il faudra vraiment qu’on arrive à raccourcir les étapes.
Pour l’heure, on a réussi à dénicher le propriétaire du pré sur lequel on s’est garé en urgence. Il accepte qu’on reste ici pour y passer la nuit.
Aucun commerce dans ce bled. Bien sûr, on n’a plus d’Internet : on n’a pas encore trouvé une boutique de télécommunications pour acheter une carte SIM française. On pensait s’arrêter du côté de Montbéliard, mais si on avance de trois kilomètres par jour, c’est pas demain la veille qu’on y sera !
Soir : on a la permission de rester deux ou trois jours si nécessaire.

20 Juillet

Les gens du voisinage sont extrêmement gentils avec nous.

Christian et Denise, éleveurs de chevaux de sport (ils ont 70 chevaux dans leur écurie) nous font cadeau d’orge concassée, mélangée avec un peu d’avoine, et d’un sac de 20 kg de complément alimentaire en bouchons, à réhydrater (mélange de luzerne, paille hachée, mélasse, son, balle d’épeautre et balle d’avoine). On va pouvoir complémenter énergiquement notre Noé.
UN GROS GROS MERCI, CHRISTIAN ET DENISE !

Étienne et Magali fournissent l’eau à nos juments. Pratique : ils déroulent leur tuyau d’arrosage jusqu’au pré. Ils emmènent Oswald à Saint-Louis : on a besoin de se ré-approvisionner.
Oswald a trouvé du vermifuge pour les juments. Je l’administre dès son retour. Du coup, il va falloir rester là demain encore. Le temps que ça gargouille dans la berdouille des Louloutes. Faut pas faire travailler des chevaux qu’on vient de vermifuger.
Par contre, c’est retour bredouille en ce qui concerne Internet. On n’a pas voulu vendre à Oswald une carte SIM parce que… il n’avait pas son passeport ! (Une carte d’identité aurait suffi.) On n’avait pas du tout pensé à ça, et pourtant, on nous avait déjà fait le coup en Italie. Dans tous les autres pays traversés, on ne nous a jamais demandé de pièce d’identité pour acheter une carte SIM. Même pas en Allemagne. Il paraît que c’est de la faute à l’état d’urgence (qu’on nous a dit !)
Bon, tant pis, ce sera pour plus tard. En attendant, il va falloir mendier les connexions.
Clémence, leur fille, nous offre un joli petit tableau : une tête de cheval qu’elle a peinte de la couleur de nos juments.
MERCI, MERCI, ÉTIENNE ET MAGALI !
MERCI, CLÉMENCE !

Ce sont Paul et Ed, son épouse Thaïlandaise, qui nous donnent leur code pour avoir accès à Internet. Ed entretient avec grand soin un jardin magnifique, et nous offre une pleine barquette de framboises (notre fruit favori, à tous les deux.)
MERCI, PAUL ! MERCI, ED !

21 Juillet

Émilie, la fille des paysans qui nous prêtent le pré, voulait s’installer avec ses parents éleveurs de vaches à lait. Il fallait trouver une solution pour qu’elle puisse avoir son revenu à elle.
Trouvé ! Elle transforme 10 % du lait des 40 vaches (le reste étant vendu à la laiterie) en yaourts et fromages blancs. Elle a son petit magasin à la ferme, ouvert les jeudis et vendredis après-midi ; et elle fait trois marchés par semaine. Ça marche ! Beaucoup mieux qu’elle n’osait l’espérer au départ. Voici une jeune fille qui aime son métier, qui en vit, et qui rayonne d’un radieux sourire.
Il faut dire que si elle vend bien, c’est mille fois mérité. Parce qu’on a goûté, figure-toi ! Chacun trois yaourts, pour notre petit quatre heures, dégustés sur un banc devant sa petite boutique. Parfums : groseille, framboise, cassis. C’est de saison. On a savouré les trois variétés l’une après l’autre. Un délice. Surtout bien frais, par cette chaleur… ça vaut la meilleure des glaces.
Pour notre dîner, on a testé le fromage blanc aux fines herbes. Miam ! Son seul défaut, c’était le petit arrière-goût de « pas assez ».
Toi qui es gourmand-e, si un jour tu passes par ce très sympathique village alsacien qu’est Ranspach-le-Haut, n’oublie pas de t’arrêter chez Émilie.

22 Juillet : Ranspach-le-Haut – Steinsoultz 12 km

La route est bien vallonnée. Encore quelques bonnes petites montées. Mais le repos a bien profité au juments, et Noé a même repris du poil de la bête : j’ai dû desserrer la sangle d’un cran. Bon signe. On va les ménager, les louloutes, autant que possible.
Et ce sera possible aujourd’hui.
Bernard nous invite dans le petit paradis qu’il se construit pierre à pierre et branche à branche, depuis seize ans.

MILLE FOIS MERCI, BERNARD !

Avant, Bernard habitait une ferme dans la montagne. Maison du XVIème siècle. Un hiver, le toit de la maison s’est écroulé sous le poids de la neige. Bernard a vendu les terres à un agriculteur voisin. Il a démonté sa maison, après l’avoir soigneusement photographiée sous toutes les coutures. Il a mis deux ans à transporter jusqu’ici les matériaux démontés. Puis il s’est mis en devoir de la reconstruire strictement à l’identique !
Sur ce terrain de deux hectares, acheté totalement en friche, Bernard a creusé un étang, autour duquel croissent désormais aulnes, saules, noisetiers, entre autres essences.

Avec évidemment une île au milieu.

cet étang est alimenté par une jolie cascatelle, aménagée bien entendu par les mains de Bernard.

Un passage secret permet d’accéder à la route qui mène au village.

Les hôtes familiers du lieu sont un âne, une jument, une chèvre et un couple de canards du Chili.

Un escalier de pierre grimpe à flanc de colline

pour aboutir à la salle à manger.

Le pot de fleurs est en granit massif.

Près de cette salle à manger, une cabane non encore terminée. La toiture sera en terre, et végétalisée. On dirait le refuge d’un Hobbit.

Au bout de l’étang s’élève une haute tour, autour d’un gros long poteau EDF en béton, récupéré. Bernard a éprouvé bien des difficultés à obtenir un permis de construire pour élever ce machin-là. Mais en cogitant dur, il a fini par trouver la solution : c’était pour placer tout en haut… une plate-forme pour nid à cigogne ! Permis accordé.
Sauf que, au bout de trois ans, aucune cigogne n’est venue y pointer le bout de son bec. L’Administration menace de l’obliger à démonter sa tour. Bernard se défend. « Comment voulez-vous que j’oblige les cigognes à nicher ici ? » Les choses promettent de s’envenimer sérieusement, lorsque miracle ! la quatrième année, un couple de cigognes s’en vient élire domicile au faîte de la tour. Maintenant, Bernard va pouvoir terminer les étages inférieurs de son œuvre. Tu penses bien qu’il avait commencé par fignoler le sommet, pour ces fameuses cigognes…

La berge opposée à celle où est stationnée Kaplumbağa est décorée avec un train. Des rails, posés au sol. Un wagon, une draisine, et une fausse locomotive à vapeur.

La loco, c’est une tonne à engrais, surmontée d’une « cheminée ». Qui fonctionne : le devant de la tonne s’ouvre, on y allume un feu, et on y cuit des grillades.

Non loin du train, un wagonnet de mine termine sa carrière en décoration de jardin. Les pauv’gosses qui l’ont poussé en crachant leurs poumons n’avaient sûrement jamais imaginé une pareille fin.

Ah, ce Bernard ! Il aime le poids, la masse, l’archaïque. D’ailleurs, il était tailleur de pierres, de son métier. Ensuite, il a travaillé comme carreleur, dans une entreprise qui offrait des chantiers à l’étranger. Royalement rémunérés. C’est le cas de le dire. Bernard a carrelé des palais en Arabie Saoudite. Il a travaillé en Lybie, aussi, du temps de Khadafi (« Très gentil et courtois, Khadafi », a tenu à nous préciser Bernard)
Tailleur de pierre ? Sculpteur de talent, aussi, à en juger par le superbe poisson qui garde l’entrée du pré où pâturent Océane et Noé.

Mais tout ce qui pèse, bois ou pierre, passionne Bernard. Partout il a fait pousser des menhirs de granit. Ramenés avec son tracteur puissant.

Les énormes troncs d’arbre aussi ont eux aussi été traînés jusqu’ici accrochés derrière le tracteur. Ils servent de maîtres piliers et de poutres maîtresses.

De bois ou de pierre, au choix, les piliers de soutien.

Les charpentes sont extraordinaires.

Avec plafonds en galets. On a l’impression qu’on risque de recevoir à tout instant un caillou sur la tête. Mais non, pas du tout. Tout est savamment étudié, pesé, placé au millimètre près.

Le goût de la masse n’empêche pas Bernard de fignoler des petits détails.

Ça, c’est de l’architecture comme on l’aime !

Océane et Noé s’en fichent pas mal : elles broutent.

23 Juillet

Repos dans ce petit Eden.

24 Juillet : Steinsoultz – Florimont 24 km

Nos vaillantes juments n’ont pas la tâche facile : ça monte et ça descend sans cesse. Dans cette région, on n’a pas vraiment le choix.
Ça, c’est de la déco !

Au revoir, Alsace, Bonjour Franche-Comté. Nous entrons das le Territoire de Belfort.

Fantastique accueil à Florimont.

On repère un joli pré au beau milieu d’un lotissement. On se renseigne. Un Serge essaie de téléphoner au paysan qui exploite en foin ce bout de terrain. Répondeur. Du coup, Serge monte Oswald dans sa voiture pour l’emmener jusque chez le type en question, à 7 km d’ici. Moi, sans dételer, je poireaute avec les juments, que j’ai garées sur le pré pour qu’elles puissent tromper l’attente en broutant. Elles ne sont pas excessivement sages : des taons les agacent sérieusement. On fait avec.
Oswald et Serge sont de retour. C’est oui !

Serge doit aller déjeuner chez sa fille. Il laisse ouverte la porte de sa maison, après nous avoir montré la salle de bain et la machine à laver. « Faites comme chez vous ! »
Quel luxe !
UN ÉNORME MERCI, SERGE !!!

De l’autre côté du pré, ce sont Francis et Bernadette qui nous fournissent l’eau pour les juments (un long tuyau d’arrosage qui arrive directement dans le pré.)
Et qui nous proposent leur étendoir pour faire sécher le linge lavé chez Serge.
MERCI INFINIMENT, FRANCIS ET BERNADETTE !!!

Le soir, c’est apéritif, avec melon et petits croquants salés chez Francis et Bernadette.
Puis fondue bourguignonne (chevreuil, sanglier, poulet) chez Serge, le chasseur, qui a invité des copains. Francis et Bernadette sont de la partie. C’est assez bien arrosé, un peu bruyant. Musique !
On se réfugie dans la roulotte, fatigués de notre longue journée, mais on ne s’endormira pas tout de suite : la fête n’est pas terminée. Ça cause fort !
On ne partira pas demain matin : l’obligation de se lever à 5 heures pour éviter les grosses chaleur, bof !
En plus, Serge et Francis ont insisté pour que nous restions : ils veulent nous faire découvrir un peu les environs.

quelques remarques

Décidément, les Alsaciens valent bien les Corses, les Basques, les Catalans ou les Bretons !

(j’en oublie ? Vive le Berry libre !!!) Le drapeau alsacien est arboré un peu partout. Et ça ! C’est pas joli ?

Des petits malins ont collé sur les panneaux d’entrée de presque chaque village le petit complément « im Elsass »
Avec souvent, par-dessus le marché, la protestation contre la fusion avec la Lorraine et la Champagne-Ardennes. Plus le bandeau de deuil parce que la protestation n’a pas fonctionné ?

Anne, le 25 Juillet 2016

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