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Tout le long lonlère, deuxième épisode Autrichien. 15/06/2016

Premier Juin : Dornach – Mitterkirchen 12 km

Il pleut sans discontinuer. Ciel bas, gris uniforme. C’est mal barré. Michel nous a précisé hier soir que si le temps était trop pourri, on pouvait rester chez lui une journée de plus.
Donc on flemmarde, on lit notre journal en ligne favori (Basta ! http://www.bastamag.net) On commente, on discute…
Vers onze heures, la pluie s’amenuise, puis s’arrête. Le ciel reste menaçant. Si on partait quand même ?
On démarre à midi et demi.
On continue donc par la rive Nord.
Blocage sur la véloroute. Un camion est en train de charger des grumes.

Le type nous demande d’attendre, il n’en a plus que pour quelques minutes. Quelques ? Il s’en passera trente avant que nous ne puissions repartir. Le juments patientent gentiment.

Compte tenu de l’heure et des nuages, on s’arrête dès qu’on trouve un emplacement potable. Au bord d’une toute petite route, sur laquelle les voitures ont droit de passage. Elles sont très peu nombreuses à en profiter, elles ne nous gêneront guère. À tribord, la rivière, à bâbord un bas-côté bien fourni en herbe savoureuse.

2 Juin : Mitterkirchen – barrage Wallensee-Mitterkirchen 6 km

Encore la pluie ce matin. En abondance. Ça tambourine dur sur le toit de Kaplumbağa. Accalmie vers dix heures. On prépare les juments sans se faire arroser, mais aussitôt après notre départ, ça se remet à tomber. Tant pis. On est bien équipés, et on n’est pas faits de sucre.
Juste avant le barrage qui traverse le Danube, on rejoint la véloroute qui longe le fleuve (hier, elle s’en était quelque peu écartée.) Magnifique. La route est assez large, en excellent état. Les juments peuvent trotter à l’aise sans nullement gêner les cyclistes. Deux kilomètres… et quoi encore ? Une barrière. En pleine cambrousse. Ils ne pouvaient pas, au moins, la mettre à l’entrée du chemin ???
Pas possible de l’ouvrir, ni de la contourner : une énorme chaîne est tendue là pour décourager toute tentative. Pfffftttt ! Demi tour. Retour au pied du barrage, où nous avions repéré une guinguette et de la bonne herbe. Stop. Je préfère m’arrêter ici, où on a tout ce qu’il faut, même si on n’a parcouru que six kilomètres, et réfléchir tranquillement, sans stress, devant la carte, aux décisions à prendre.

On déjeune à la guinguette, qui n’offre que des casse-croûtes très simples (« menu vital » et « menu cycliste ») Oswald harponne le responsable de l’entretien de la voie cyclable, fort sympathique :
« je ne refuse pas de vous ouvrir la barrière… mais 10 km plus loin, il y a un gros chantier : un pont s’est cassé, il est en réparation. Un vélo passerait, mais pas votre roulotte ! »
Ben tout compte fait, vive la barrière ! Si elle n’avait pas été là, c’était 20 km de plus qu’on se farcissait pour rien !
La tenante de la guinguette nous montre sur notre carte par où passer demain, sans grande route et sans barrière.
Une excellente eau potable, très douce, coule ici d’une fontaine. Les gens du village viennent s’y approvisionner, avec de grosses bonbonnes de 10 litres, ou leur vingtaine de bouteilles.

Il paraît qu’elle est excellente pour le thé. On en remplit donc notre propre bidon. Cette eau sert aussi, nous dit-on, à nettoyer les turbines de la centrale hydroélectrique, car elle n’est absolument pas calcaire.

3 Juin : barrage Wallensee-Mitterkirchen – Mauthausen 25,5 km

Première partie d’étape sans problème. Puisque la véloroute est impraticable, on prend une petite route très tranquille. Paysage de cultures assez variées. Des champs assez grands, mais pas immenses. Blé, orge, beaucoup de seigle, maïs, lupin, soja, pommes de terres, betteraves, fèves et même un champ maïs-haricots (le maïs servant de tuteur aux haricots) Et au détour d’un chemin : nos cochons chouchous hongrois ! Deux truies Mangalitza avec leurs seize petits cochonnets.

On s’arrête dans un village pour demander notre chemin : absolument aucun panneau indicateur, sur ces petites routes campagnardes ! Bien nous en a pris. Deux femmes charmantes, sur leur bicyclette (mais attention, des femmes du village, pas des cyclotouristes), nous expliquent que la route AUSSI est coupée à toute circulation en raison du pont cassé. Elles nous indiquent sur notre carte le détour que nous devrons accomplir. L’une d’elles, qui doit rejoindre en vélo le village suivant, nous propose de la suivre. Elle nous mettra sur la bonne route. Voici donc nos louloutes suivant au petit trot la bicyclette.
Le malheur, c’est que plus loin, à moins d’un détour encore plus gigantesque, nous devons rejoindre la Grande Route Infernale. Devenue plus infernale encore, puisqu’elle doit supporter la circulation de la route coupée en sus de la sienne.

Au trot, les filles ! Qu’on sorte de cette abomination le plus vite possible !
Mauthausen est une ville assez importante. Nous sommes vraiment claqués. Mais où trouver un pré en ville ? On se renseigne, on interroge.
On nous propose… l’ancien camp de concentration, de sinistre mémoire. Pourquoi pas ? Expérience un peu bizarre. Mais arrivés devant la route qui y mène, un panneau nous arrête ! Grimpette à 14 % !!! Quoi ? Pas question. D’abord, Noé n’a pas ses super Old Macs amortissantes et anti-dérapantes aux pieds, qui lui permettent de monter sans trop de difficulté des côtes ardues. Ensuite, même si elle les avait, demander ça aux louloutes après plus de 25 kilomètres, c’est un peu exagéré. On renonce. On continue dans notre direction, et quelque cent mètres plus loin, voici un parking, avec une belle friche. Stop !

Le propriétaire de la friche en question nous montre où prendre l’eau pour les juments. Il a 81 ans, sa femme en a 30, et ils ont un petit garçon de 9 ans. La friche, il est en train de la lotir. Deux chalets sont déjà construits et habités. Pour quelques autres on en est aux fondations. Les chalets sont destinés à être loués à des travailleurs immigrés.

D’ailleurs, nous discutons longtemps avec un jeune Albanais du Kosovo qui travaille ici en Autriche avec un contrat de quatre ans en poche. Il veut gagner suffisamment d’argent pour pouvoir rentrer au pays. Il est « tricoteur de fer à béton ». C’est une spécialité assez bien rémunérée, paraît-il. Notre Albanais est logé gratis par le vieux monsieur, en échange de quelques services. Il le nomme « Papa », et nous précise que « Papa » possède un cœur en or. À vrai dire, on s’en doutait déjà un peu.

4 Juin : Mauthausen – Linz 17,5 km

Pour éviter La Grande Route Infernale, nous en prenons une secondaire… qui grimpe très dur dans la montagne. Noé est chaussée de ses Old Macs pour la circonstance. Avec ça aux pieds, elle s’en tire comme un chef. Océane, elle, sait parfaitement comment s’y prendre pour ne pas riper dans les montées. Pas besoin de lui enfiler des chaussures spéciales.
Mais après la montée, la descente. Tout aussi raide, et tout en virages. Impossible de doubler. Comme on descend au pas, tout doucement, une longue file de voiture serpente bientôt derrière nous. Kaplumbağa créée le bouchon ! Au premier déport que l’on trouve, je gare la roulotte pour délester un peu.
Enfin ! On récupère notre chère véloroute n°6.

Pour la première fois, on se fait engueuler par un cycliste qui vient de nous doubler : « Vous êtes fous ? C’est réservé aux vélos, ici ! »
Ça n’empêche pas le dit cycliste de s’arrêter quelques mètres plus loin… pour nous photographier !
On nous avait dit qu’on trouverait de la place sur un immense et superbe terrain de camping.
Oh là là ! C’est pas pour nous, ça ! D’abord, un monde fou. Ensuite, les pelouses (immenses, ça c’est vrai) sont tondues rasibus-nickel.
On continue. Un peu plus loin : voici qui nous plaît déjà mieux !

5 Juin : Linz – Walding 15,5 km

J’en avais un peu la colique d’avance à la pensée de la traversée de Linz. On nous avait dit que la véloroute, pas la peine d’y compter : des barrières et des chicanes… On s’était dit : « bon, allez, on va prendre la grande route, le dimanche de bonne heure. Il n’y aura pas de camions, et les gens feront la grasse matinée. Et puis hier, une cycliste du coin nous a filé un tuyau : « vous prenez la véloroute jusque là. Là, vous avez une petite route qui traverse tout droit. Elle finit par rejoindre la grande, mais vous n’aurez à l’emprunter que sur une distance assez courte. À la sortie, vous récupérez la voie cyclable ici, ensuite, c’est facile, vous n’avez qu’à rester dessus. »
Nous avons suivi scrupuleusement ces conseils, et tout compte fait, la traversée de Linz s’est faite sans histoire.

Orages. Jusqu’à la sortie de Linz, on échappe à la pluie. Mais ensuite… !!! Ça tombe à seaux. Heureusement qu’on avait prévu le coup. Ça n’arrêtera plus jusqu’à notre arrivée. Avantage : on ne croise que très peu de cyclistes. Comme la véloroute est assez étroite, ce n’est pas plus mal.
Le coup de stress de l’étape, c’est juste avant d’entrer dans Ottensheim qu’on l’a eu. La véloroute passe sous un pont trop bas. On ne risque pas. Une fois, ça suffit ! Il faut donc qu’on s’enfile le tunnel de la Grande Route Infernale. Hum ! Tunnel. Pluie. Visibilité réduite. Oswald allume le gyrophare et les feux arrières… pour s’apercevoir que ceux-ci ne fonctionnent plus. Tant pis. On a les réflecteurs, quand même. Et le tunnel n’est pas si long. On passe. La circulation est assez intense, mais on n’a même pas droit à un rouspéteur.
Arrêt prolongé au milieu de la ville : Oswald part à la recherche de la maison de la Sigrid qui doit nous expliquer où se trouve notre lieu d’accueil. Je poireaute. Les juments sont d’une sagesse exemplaire. Il pleut, il pleut, il pleut. Je grelotte. Je jette un coup d’oeil au thermomètre. +15°. Hier, il était monté à 29° à l’ombre. Ça représente une belle petite descente.
Qu’est-ce que le temps paraît long quand on attend…
Oswald revient, les précieuses indications griffonnées sur un bout de papier.
Et nous voici enfin devant l’auberge où nous sommes attendus.

Le pré pour les juments est excellent, mais gorgé d’eau. Des flaques partout. Au moins, on n’aura pas la corvée des seaux à transporter.

C’est seulement quand on a terminé toute notre installation et qu’on a bien déjeuné à l’auberge (excellent), qu’un rayon de soleil daigne faire son apparition.

Serions-nous arrivés chez les Indiens ?

18 h : sniff ! Fini le rayon de soleil. Il re-pleut.
20 h : la pluie a cessé, mais le temps est toujours à l’orage !

6 Juin

Repos après onze jours d’affilée à rouler.
Matin, longue promenade à pied pour aller repérer l’endroit où le petit chemin sur lequel nous sommes stationnés rejoint la véloroute. On veut s’assurer que le chemin est bon jusqu’au bout pour la roulotte, et qu’il n’y a pas d’obstacle qui nous empêcherait de prendre la voie cyclable. Il existe bien une barrière à l’entrée, mais elle est ouverte. Espérons qu’elle le sera encore demain. Ensuite, d’après notre hôte, il ne devrait y avoir aucun obstacle jusqu’au pont qui nous permettra de passer rive Sud.
Un peu en retrait du chemin, jolie station de pompage en forme de champignon.

On déjeune à l’auberge. Là, Oswald, grimpé sur un banc, montre du doigt la hauteur atteinte par l’eau en Juin 2013. Juin ? On a de la chance de ne pas avoir la même cette année !

Tu vois ?

Visite de l’élevage de cochons voisin. Belle ferme à cour carré, transmise de père en fils depuis 500 ans.

Régulièrement, les crues du Danube envahissent la cour, et peuvent monter jusqu’au premier étage. La plus haute connue par le grand-père, maintenant à la retraite, date de 1954. Il nous indique le niveau atteint lors de cette fameuse crue de Juin 2013. Plus de deux mètres d’eau dans la cour. Il sourit : « On le sait, on vit avec. Le gouvernement nous propose des indemnités mirobolantes pour nous faire quitter les lieux. On pourrait s’installer dans une région non inondable. Ce serait bien mieux pour nous - qu’ils prétendent. Et puis quoi encore ? Ça fait 500 ans qu’on est là, les bâtiments sont toujours debout. Il y a des parties anciennes, des parties plus récentes. On est bien, là. Certains ont accepté de partir, d’autre non. Pour nous, il n’en est pas question ! »
La ferme a une superficie de 25 hectares. Il y a une vingtaine de truies de trois races, élevées en bâtiment.
« Vous produisez toute la nourriture pour vos cochons ?
- On cultive du maïs destiné à fabriquer des plastiques biodégradables. On le vend un bon prix, et on rachète du maïs fourrager, moins cher, pour nourrir les cochons. »
Les cochons (environ 200 par an) sont transformés en charcuterie à la ferme. On visite la chambre froide, et le fumoir (la charcuterie est fumée avec du bois de hêtre). Tout est vendu localement, en particulier au marché d’Ottensheim. Une cinquantaine de clients réguliers assurent des revenus tout à fait corrects.
Les trois races ont des caractéristiques différentes qui permettent de satisfaire les goûts différents des clients.
Le Duroc, race rouge américaine dont la viande savoureuse est plus richement pourvue en gras intramusculaire que celle des autres races, sans pour cela que sa carcasse soit trop grasse. C’est une race rustique et robuste, assez résistante au stress. L’intérêt pour l’éleveur, c’est aussi sa croissance rapide.

Le Turopolje, (prononcer « touropolié) race croate très grasse, proche du Mangalitza tout laineux dont j’ai déjà parlé plusieurs fois. Le « cochon-dalmatien » !

Il produit en abondance un gras très fin et très onctueux, de grande qualité, pas nocif pour la santé, délicieux, qui fond dans la bouche, etc...etc…(dixit l’éleveur, hein, je décline toute responsabilité !)
Pour les amateurs, c’est une aubaine, puisque la majorité des cochons élevés aujourd’hui, diététique oblige, doivent être le moins gras possible. Il paraît que le gras de Turopolje peut se vendre jusqu’à 40 € le kilo !)
C’est plutôt un cochon pour ceux qui élèvent en plein-air : bien adapté aux climats rudes, il supporte un vaste éventail de températures. Il résiste aux hivers rigoureux, et s’adapte parfaitement aux terres
humides et marécageuses. Il peut être élevé avec une alimentation minimale (« on peut lui refiler ce qu’on a ». « Il mange des cailloux ») En tout cas, les éleveurs de ce porc bien dodu ne sont pas très nombreux. Car pour engraisser ce cochon-là, il faut quand même compter deux ans.
Le Turopolje possède en outre une particularité qui n’intéresse guère les charcutiers : c’est un excellent nageur. Alors comme cochon de cinéma ? À ce sujet, je ne résiste pas au plaisir d’une petite photo dénichée sur la Toile. Même que c’était marqué qu’elle est libre de droits. Alors pas de scrupule !

Troisième race élevée par notre hôte : le porc Souabe, ou Schwäbisch-Hällisches.

Un bicolore originaire, comme son nom ne l’indique pas… de Chine. Plus exactement de Jinhua, une région montagneuse dans le centre de la Chine, d’où la British East India Company l’a exporté vers l’Angleterre au 18ème siècle. Après la levée du blocus continental, ces porcs sont arrivés sur le continent. En 1821, on élevait les premiers exemplaires dans les alentours de Stuttgart. Aujourd’hui, on chante les louanges du bon cochon souabe. Autrefois, on le surnommait affectueusement « Mohrenköpfle » (tête de nègre) À noter qu’en allemand, le mot « Mohr » (vieilli, et utilisé dans les contes de fées) pour « nègre », est plutôt mignon, enfantin, jamais méchant, contrairement au mot « Neger » jugé aujourd’hui plutôt raciste et insultant.
C’était une race en voie de disparition, mais la collectivité des producteurs de porc « Schwäbisch Hällisches » s’est fortement mobilisée et à brillamment réussi à préserver cette race qui produit une viande fort savoureuse.
Notre éleveur élève toutes ces bestioles en bâtiment, mais… c’est quand même plus joli en plein-air, non ?

Cependant, sa porcherie recèle une fameuse originalité : elle a été décorée par les enfant.

7 Juin

Beau temps. On aurait pu partir aujourd’hui, mais on avait pas mal de linge à laver, et Sigrid nous a proposé de nous faire une machine. Avec soleil comme sèche-linge.
DANKE SCHÖN, SIGRID !!!
On en profite pour aller reconnaître le chemin : 10 km de marche à pied, et retour bredouilles : il y a un pont trop étroit pour la roulotte pour rejoindre le barrage sur lequel nous comptions passer rive Sud (on avait obtenu l’autorisation, malgré l’interdiction aux chevaux). Tant pis. On prendra les petites routes, et on se farcira le pont-des-voitures. On n’est plus à un près.

8 Juin : Walding – Hinteraigen 22km

ANNIVERSAIRE : Ça fait pile deux ans aujourd’hui que nous sommes partis.

Photo-souvenir : c’était le jour de notre départ. Les louloutes étaient encore coiffées à la punk, et Kaplumbağa n’était pas encore passée par Délabreland.

Soleil radieux, petites routes quasi désertes. Seule « difficulté » : le pont sur le Danube, pour repasser rive Sud. Ma foi, la circulation n’est pas trop intense.
Côté Sud, à Aschach, on rejoint la véloroute. Quelqu’un nous assure qu’on trouvera une place dans un grand camping, à 5 km de là. Tu parles ! Au camping, les pelouses sont tondues à ras, tout est tiré au cordeau, et la personne de l’accueil grogne assez désagréablement. On continue. Le paysage est superbe.

Jusqu’à ce qu’on trouve, loin de tout village, une belle salle-à-manger pour les juments (avec source, s’il vous plaît !) et un bas côté tout juste suffisamment large pour loger Kaplumbağa.

Tranquillité, grenouilles, petits oiseaux. De temps à autre, quelques cyclistes. Un bateau.

… Et gros orage dans la soirée.

9 Juin : Hinteraigen – Schlögen 17 km

Promenade romantique le long du Beau Danube Gris : ciel plombé, pluie toute fine, toute douce, continuelle. Le fleuve piqueté de gouttes d’eau se tortille entre deux montagnes tombant à pic. De temps à autre, un bateau. Forêt de contes de fées. Arbres moussus, fougères, fleurs vaporeuses, infinie variété de verts. Grottes. De ravissantes cascatelles tombent des hauteurs pour se perdre dans les eaux du Danube en personne. Dissimulés derrière le chaos des rochers, des Elfes guettent notre passage. Océane et Noé : sagesse exemplaire.
La vallée s’élargit. Le chemin s’éloigne un peu de l’eau. Quelques maisons basses. Évacuation obligatoire en cas de crue ! Tiens, un champ de fraisiers. Si on en croit le paillage entre les rangs, ça doit être du bio. C’en est. Les cueilleurs sont en plein travail.

Un petit étal sur le bord de la voie cyclable : sitôt cueillies, sitôt vendues. On ne va pas laisser passer l’occasion. Tu vois qu’on ne s’arrête pas que chez Lidl !

On grignote en roulant. Délicieuses...

Fin de la véloroute calme et tranquille. Elle rejoint ici la route voiture. Un petit bac spécial vélo permet aux cyclistes de changer de rive.

Un restaurant, flanqué d’un terrain de camping, nous accueille… sur sa superbe pelouse bien tondue. Un peu ras pour les juments, mais comme le terrain est vaste, ça fera assez d’herbe pour une seule nuit. D’ailleurs, il y a même du trèfle. Les thuyas, en principe elles n’y touchent pas, les belles. Je les surveille quand même du coin de l’œil. Pas la peine de risquer une belle gastro-entérite.

Quelques remarques

- Le camp de Mauthausen était un complexe concentrationnaire instauré par le régime nazi. Il est devenu l’un des plus grands camps de travail en Europe occupée. Il utilisait les prisonniers comme main-d’œuvre. (Exploitation des carrières, fabriques de munitions, mines, usines d’armement et d’assemblage d’avions.) Il a été établi parmi les premiers camps de concentration et a été l’un des derniers à être libérés par les Alliés. Les deux camps principaux de Mauthausen, étaient les seuls camps du système concentrationnaire nazi classés « camps de niveau III », ce qui signifiait qu’ils étaient destinés à être les camps les plus durs à l’intention des « ennemis politiques incorrigibles du Reich ». Mauthausen était particulièrement destiné à l’élimination par le travail de l’intelligentsia des pays occupés par l’Allemagne.
La production de Mauthausen était supérieure à celle de tous les autres grands camps de travail. Des souterrains ont été creusés pour y établir les usines, ainsi protégées des bombardements.
En décembre 2014, une immense fabrique souterraine d’armes nucléaires a été découverte dans ces couloirs souterrains construits sur 75 ha par des milliers de détenus, puis oubliés et non explorés depuis 1945. Ces lieux auraient servi à fabriquer et tester les armes nucléaires nazies, une fois leur conception aboutie.
Le site est devenu un mémorial national en 1949. Le 3 mai 1975, le chancelier Bruno Kreisky inaugura Un musée a été inauguré en 1975.
En 1989, un bloc de granite de la carrière de Mauthausen, où tant de détenus sont morts d’épuisement en y travaillant ou y ont été abattus par les gardes, a été installé en face de la maison où Adolf Hitler est né. Sur la pierre figure cette inscription : « Für Frieden Freiheit und Demokratie nie wieder Faschismus millionen Tote mahnen » (Pour la paix, la liberté et la démocratie. Plus jamais le fascisme. À la mémoire de millions de morts).

- Sur la véloroute, on croise toutes sortes de cyclistes :
Le promeneur. Plutôt autour des villes. Petite balade d’une heure ou deux histoire de s’aérer et de se dégourdir les mollets.
Le sportif à l’entraînement. Vélo de course ultra léger, guidon surbaissé. Maillot de couleur vive, très flashy. La tête du cycliste aussi, est surbaissée. Il regarde l’asphalte, pas le paysage, et il fonce. « Merde ! Une roulotte ! Ça va faire baisser ma moyenne ! »
Le couple de retraités. Vêtements ordinaires, mais casque. Promeneurs du dimanche, ou randonneurs pour une semaine ou deux. Tout organisé à l’avance, hôtel réservé. C’est l’espèce la plus répandue. (Du moins à cette époque de l’année)
Les groupes. Soit vieilles dames, soit vieux messieurs, soit mixtes, mais vieux aussi. Vélos de location, dont un certain nombre avec assistance électrique.
Les familles. Papa, Maman et enfants en vacances pour une ou deux semaines. Bébé dans la remorque, qui peut être placée devant ou derrière le vélo de Papa. Une autre remorque derrière le vélo de Maman, pour les bagages. Sans compter les sacoches bien rebondies. Les autres enfants pédalent sur des vélos de différentes grandeurs adaptées à leurs tailles. Familles allant de un à quatre enfants. (Plus, on n’a pas vu)
Le baroudeur ou la baroudeuse. Voyage au long cours. Très souvent solitaire. Parfois en couple. De tous âges. Énormes sacoches devant et derrière. La tente pour dormir. Parfois une remorque.
Les tandems : assez fréquents.
Les vélos ou tricycles couchés : plutôt rares.
Les extravagants, avec des engins à pédales fabrication maison.
On a aussi les adeptes du roller, les fans de footing, les marcheurs « normaux », et ceux qui pratiquent la marche nordique, armés de leurs deux bâtons (très nombreux, ceux de cette espèce-là.)
On est vraiment épatés par le nombre impressionnant de personnes « d’un certain âge » qui fréquentent la véloroute. Évidemment, Juin et Septembre, sont les mois des retraités. Ils n’ont pas le soucis des dates obligatoires de vacances. Sûrement qu’en Juillet-Août, il y a beaucoup plus de jeunes.

- Puisque je t’ai fait un petit cours au sujet des cochons, voici un montage photo pour te montrer la différence entre un cochon gras et un cochon maigre. Voici le même morceau chez un Turopolje et chez un cochon Souabe (Schwäbisch-Hällisches). Tu t’étonnais (moi aussi) du pourcentage de graisse (70%) chez le Mangalitsa, proche parent du Turopolje ? Là, tu peux visualiser.

Anne, 10 Juin 2016

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