19 Mai :
Visite de Vienne, Wien pour les Autrichiens.
Je ne vais pas te faire un cours d’histoire, ni d’architecture, ni d’art, ni de musique. Vienne est une ville beaucoup trop foisonnante, il me faudrait des pages et des pages, et d’ailleurs l’histoire de Vienne a été racontée des milliers de fois beaucoup mieux que je ne saurais le faire.
Tu auras donc droit seulement à nos impressions toutes personnelles.
Un peu d’étymologie, quand même, avant d’entrer dans le vif du sujet. Parce que c’est controversé, et que ça m’a inspiré le titre de l’article.
D’abord, il faut savoir que Wien est traversée par une rivière qui se prénomme… Wien ! Est-ce la ville qui a donné son nom à la rivière, ou le contraire ?
Première hypothèse :
Ce toponyme viendrait du latin « Vindobona », lui même dérivé… du gaulois ! (Oui oui oui, il arrivait aux Romains de chiper des mots aux Gaulois. Pas de raison que ça fonctionne toujours dans le même sens.) Donc en gaulois : « uindo » (blanc, brillant) et « bona » (ville)
La ville blanche ou la ville brillante, donc.
En bas-latin, ce serait devenu « Vindenna ».
Deuxième hypothèse :
Et non ! Le nom de la ville dériverait de celui de la rivière Wien, qui viendrait de l’ancien haut allemand « Wenia », lui-même issu du romano-celte « Vedunia » : ruisseau de la forêt.
À noter : il existe un truc qui s’appelle l’indice Mercer, qui classe chaque année les 221 principales villes du monde selon la qualité de la vie qu’on y mène. (Ils se basent sur tout un tas de critères plus ou moins compliqués pour calculer ça.) Eh ben dis donc, Vienne est classée bonne première depuis plusieurs années.
Si ma mémoire est bonne, quelqu’un d’assez haut placé en France a dit un jour « si on n’a pas sa Rollex à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie. » Ou quelque chose d’approchant. En flânant dans Vienne, on s’est arrêté devant une vitrine « Rollex », justement. Pure curiosité. Oooooohhhhh ! Mais qu’ont-elles donc dans le ventre, ces montres-là ? Les prix varient entre 18 000 et 50 000 Euros. Non, je ne me suis pas trompée, je n’ai pas mis un zéro de trop. (P’t’être même qu’y en a aussi des plus chères qu’on n’ose pas présenter en vitrine ???) J’exagère : on en a quand même vu une à la portée de toutes les bourses : seulement 8000 €.
Allez, ça suffit. J’avais dit : « nos impressions personnelles. »
D’abord, aller prendre le bus. Il y a un arrêt pas très loin de la roulotte. Première surprise. Je te la fais quand même, celle-là, parce qu’elle n’est pas vraiment banale :
Après le bus, le métro. Je fais bien rigoler Oswald en me cramponnant à lui comme une tique à un chien. Pas de ma faute. Le métro, ça me fiche les boules. Bon, je le prends quand même, hein, faut pas exagérer. Mais je m’accroche à mon guide et je ne le lâche plus.
Ça va a peu près. D’abord c’est pas bondé, et puis au début c’est aérien, parce qu’il faut traverser le Danube.
Vienne comprend trois voies d’eau :
La Vienne (Wienfluss), petite rivière longue de 34 km, qui parcourt Vienne d’Ouest en Est sur une quinzaine de kilomètres et finit par se jeter dans le canal du Danube.
Le Danube lui-même qui traverse Vienne du nord-ouest au sud-est. Le Vieux Danube (alte Donau) est le nom donné à un bras mort au nord du fleuve actuel. Le Nouveau Danube (neue Donau) comporte deux bras séparés par une île (Donauinsel) longue de plusieurs kilomètres.
Le canal du Danube(Donaukanal) double le fleuve au sud en entrant dans la vieille ville, créant ainsi une île. Il ne s’agit pas vraiment d’un canal, mais d’un bras du Danube. C’était le cours du fleuve au Moyen-âge, mais de nombreuses crues en ont modifié le tracé vers sa position actuelle.
Première image de Vienne, à travers les vitres du métro… C’est d’un banal ! On se croirait n’importe où dans le monde.
Ah tiens ! Ça commence à prendre un peu de personnalité.
Vienne ! Vienne ! Mais bien sûr ! Les Viennoiseries ! Tu vois le Oswald, là ? La salive lui mouille les moustaches !
La pâtisserie Viennoise… Ça ne se mange pas toujours. Parce que question architecture, ça se pose un peu là !
Sculptures et dorures, dorures et sculptures. Que de frime !
C’est quoi, cette horrible pustule ? On s’approche. Devine ce qui est écrit là-dessus en lettres d’or ! « DEO PATRI CREATORI » Et de l’autre côté : « DEO FILIO REDEMPTOR »
pauv’Jésus ! S’il avait pu voir un truc pareil… Un tel tortillage, tarabiscotage, emberlificotage précieux et prétentieux pour rendre hommage à quelqu’un qui prônait la simplicité… (à moins que je n’ai rien pigé à l’évangile, après tout.)
Ce qu’on aime à Vienne : Une grosse partie du centre-ville est piéton. Atmosphère paisible qui nous rappelle un peu Ljubljana.
Grosse différence : pas de verdure. Rien que des monuments imposants et lourds. Assez glaciale, comme impression.
On se fait la remarque l’un a l’autre qu’on n’a pas encore vu un seul mendiant. Même pas un musicien de rue, alors qu’à Ljubljana ils abondaient. Ça manque d’ambiance.
Il est temps qu’on s’arrête un peu de marcher, pour la pause repas. D’abord, on vise un restaurant chinois. Mais juste en face de celui-ci, on en découvre un autre, de restaurant. Spécialité : la cuisine Viennoise. Puisqu’on y est, ça fera plus couleur locale.
Pendant que notre petit estomac se remplit d’aise, nous observons les passants.
Hommes d’affaires en costard-cravate, l’inévitable mallette sous le bras. Pas très souriants, les gars ! L’un d’entre eux file comme une flèche avec sa trottinette. Toujours pressés, les hommes d’affaires.
Touristes : si on tend l’oreille, on entend de l’anglais, du français, de l’italien… Très nombreux asiatiques, dont des étudiants en musique qui promènent leur instrument sur le dos.
Couples de retraités, main dans la main (comme nous) ou parfois, qui se font la tête et marchent côté à côte d’un air fâché.
Une jeune femme, les yeux rougis de larmes.
Un groupe scolaire, école primaire. Pauvres gosses… Ça doit pas être la joie, pour eux, une visite pareille. Ils marchent sagement, en rang, le regard un peu morne.
Tiens, justement, en voici un, de mendiant. Il pose son petit tapis par terre, au milieu de la rue piétonne. Il caresse son petit toutou et lui donne à boire. Il arrange son petit écriteau. Il s’agenouille sur le tapis et tend sa casquette aux passants. Pas plus de cinq minutes. Il se relève brusquement, pose sa casquette sur sa tête, jette son tapis sur son épaule. En moins de dix secondes, il ressemble à n’importe quel promeneur. A-t-il trouvé que le lieu n’en valait pas la peine, au bout de si peu de temps, et avec tout ce monde qui déambule ? Pas trop patient, le gars…
Hum… À peine a-t-il fait quelques pas que deux agents de police passent. Notre mendiant avait juste eu le coup d’oeil à temps. Il faut croire que les flics ont des ordres. C’est pour ça que les rues sont si nettes.
Après le repas, nouvelle flânerie. On voudrait rejoindre le quartier des musées. Les architectures de toutes les époques n’hésitent pas à se côtoyer.
Et si on se payait une promenade en vélo-taxi ? Oups ! On y renonce. Faut pas exagérer : 40 euros la demi-heure !
On n’a pas osé se renseigner du prix de la balade en fiacre.
Nombreux, les fiacres. En tout cas, ils ont plus de succès que les vélo-taxis.
Remarque les sacs à crottins attachés sous les queues, de façon que les rues restent propres.
Mais les fiacres seraient-ils en danger de disparition ? Des pétitions circulent dans Vienne, et probablement dans le reste de l’Autriche, pour les faire interdire. On susurre que les pauvres chevaux de fiacre n’auraient pas une vie des plus agréables.
Dans ce cas, que dire des étalons lippizzans de la très fameuse École Espagnole de Vienne ? Au box toute la journée, et n’en sortant que pour le travail de manège… Oh, ils ont bien droit à quelques semaines de vacances par an, à la campagne : promenades en lieu et place de Haute-École. Les folles galopades à travers les prairies, ils n’y ont goûté que du temps où ils étaient encore poulains folâtres.
Justement, nous nous trouvons devant cette vénérable institution.
Pas de démonstration aujourd’hui. D’ailleurs, l’entrée est très chère, et on ne nous garantit pas d’avoir une place assise… Ce que j’avais rêvé de voir un jour lorsque j’étais adolescente ne me dit vraiment plus grand-chose. Quand à Oswald… cette frime équestre lui insupporte. On se contente de la vidéo qui passe et repasse. Moi, ce n’est pas du tout la Haute-École, qui m’insupporte. Je reste plutôt admirative. Non, c’est ce cadre tout militaire, rigide, ce salut rigoureux, ce « marche au pas ». Ça me hérisse un peu les poils du dos.
Les photos sont chipées sur wikipédia, puisque du coup, on n’a pas vu ça en vrai.
Dis-donc, ce ne serait pas un peu l’heure de goûter, maintenant ? Chocolat viennois à la crème chantilly. Ben dis donc… C’est pas mauvais, mais c’est très loin de valoir le chocolat turinois. (Ah ! Celui-ci… Il nous laissera un impérissable souvenir.)
Deux immenses monuments symétriques qui se font face : le musée de l’art, et le musée de l’histoire de la nature. Autrefois, il s’agissait des écuries impériales. On ne lésinait pas sur le luxe !
C’est dans le musée d’histoire de la nature que nous entrerons.
Un régal. Deux heures de visite ? Mais il nous aurait fallu deux journées complètes ! (Et encore)
Fascinant…
Entre autres : la plus grosse collection du monde de météorites. On n’a pas très envie que ça nous tombe sur la tête, ces petites choses-là !
On voudrait partout s’arrêter, prendre le temps de tout lire… mais le temps, justement, il nous est compté.
Anecdote non Viennoise :
Retour à la roulotte. Le soleil a fait la roue toute la journée au-dessus de Kaplumbağa. Porte et fenêtre fermées.
Oublié de mettre le paquet de beurre à l’ombre, avant de partir. Il était resté sur le plan de travail, côté cuisine. Tout a fondu et dégouliné dans le tiroir. Résultat :
Anne, 23 Mai 2016