11 Janvier :
Lars et Robyn doivent se rendre à Cluj-Napoca (à une soixantaine de km d’Alunişu) pour toute la journée. Ils proposent de nous y emmener. Ils nous laisseront au centre-ville, on se retrouvera sur le parking vers 16 heures. Pour nous, c’est l’occasion de visiter la capitale de la Transylvanie, deuxième plus grande ville de Roumanie (324 576 habitants au recensement de 2011).
Cluj-Napoca (prononcer « Clouj – Napoca) se situe à 410 m d’altitude, dans la vallée de la rivière Someșul Mic. D’ailleurs, plusieurs petits affluents de cette rivière la traversent. Derrière la ville, s’élèvent les monts Apuseni. Comme toutes les villes Transylvaniennes, elle a bien entendu aussi un nom hongrois : Kolozsvár (prononcer Kolojvar)
La première mention médiévale de Cluj date de 1167 sous le nom de Castrum Clus, qui signifie « petite localité fortifiée ». C’est au début du XIVe siècle le nom de la ville se transforme en Claudiopolis ou Klausenburg en allemand, (ci-dessous : Claudiopolis en 1617)
Kolozsvár en hongrois, (ci-dessous Kolozsvár en 1759)
et Cluj en Roumain.
Jusqu’en 1974, La ville s’appelait Cluj tout court, mais Nicolae Ceaușescu, par décret présidentiel, a décidé de lui accoler son très antique nom, Napoca, dont on ne sait pas si l’origine est Celte ou Dace. Ces Daces, (qui peuplaient le pays avant l’arrivée des Celtes, puis ensuite des Romains) se nommaient Carpiens, et ce sont eux qui ont laissé leur nom aux Carpates. C’est pourquoi je me permets de t’enquiquiner avec ce petit détail.
N’empêche... Ce nom de Napoca, indiqué sur tous les panneaux officiels, n’a pas tellement pris, dans la pratique. Par ici, tout le monde dit simplement « Cluj ». « On va à Cluj », « Je fais mes études à Cluj », « Mon fils habite à Cluj ». On n’a pas encore entendu une seule fois le « Napoca ».
Ah là là, ces Romains ! Il fallait vraiment qu’ils se fourrent partout, ceux-là ! Et là, ils se sont vraiment bien implantés, puisqu’ils la langue Roumaine descend directement du latin, avec quand même quelques influences slaves. D’ailleurs, les Roumains sont très attachés à leur ascendance latine. Dans une rue de Cluj, nous avons découvert la fameuse louve romaine, offerte à la ville de Cluj par la ville de Rome (la « cité mère », rien que ça !) en 1921
Les Romains se retirent en l’an 271, laissant la place à un drôle de mélange de peuples Germaniques, Huns, Carpiens, Slaves et quelques autres, qui se mêlent aux populations locales latinisée.
La ville de Napoca disparaît, et la culture Slavo-Daco-Romaine qui lui succède témoigne d’une vie majoritairement rurale.
À partir de 895 ce sont des tribus des Magyars qui s’installent dans le pays. Il y en a de très grands restes aujourd’hui !
Compte tenu de ses deux grandes communautés de langue roumaine et hongroise, Cluj est une ville profondément biculturelle. Elle est non seulement le plus important centre culturel de la communauté hongroise de Roumanie, mais aussi l’un des plus importants centres culturels du pays : théâtres, bibliothèques, festivals... jouent un rôle de premier plan au niveau national. On a été impressionnés par le nombre de librairies !
Un très grand nombre de Hongrois n’ont toujours pas avalé le fait que cette partie de leur pays soit devenue roumaine. Il existe encore une forte revendication pour le rattachement de la Transylvanie à la Hongrie. D’ailleurs, les Hongrois nés ici qui en font la demande peuvent très facilement obtenir un passeport hongrois.
Les noms des rues sont indiqués dans les deux langues.
Alors les Roumains se font remarquer en pavoisant les rues de drapeaux roumains. Ah ! Mais !
Heureusement, il existe aussi beaucoup de familles mixtes et bilingues... C’est pas la guerre, quand même !
Cluj, c’est aussi le deuxième centre universitaire du pays. Les universités et les écoles de la ville assurent une formation de haut niveau dans les trois langues historiques de la Transylvanie (roumain, hongrois et allemand), ainsi qu’en français et en anglais. Ce qui fait que la ville reçoit un nombre de plus en plus important d’étudiants étrangers.
En tout, plus de 80 000 étudiants fréquentent les six universités publiques et des milliers d’étudiants sont inscrits aux cinq universités privées de la ville.
Celle-ci, c’est l’université de technologie.
L’architecture est très variée : Cluj a toujours été une ville très vivante. Depuis le Xe siècle on n’a jamais cessé de la construire, de la démolir, de la reconstruire. Les bâtiments qui ne correspondaient plus au goût ou à l’utilité des nouvelles époques ont été démolis afin de faire place à des nouveaux édifices selon les critères de l’esthétique à la mode du moment.
C’est ainsi qu’au cours des siècles des nombreux bâtiments ont été rénovés à différentes époques dans les styles spécifiques à l’époque de la rénovation.
La cour d’appel est imposante.
L’opéra plutôt dans le genre tarabiscoté.
Je te fais grâce des "clapiers à lapins" style période communiste. Grandes barres grises et moches de la banlieue de Cluj. Ça valait pas la peine d’arrêter la voiture pour prendre des photos.
Mathias Corvin, roi de Hongrie, est né à Kolozsvár. C’est dans la maison où il est né que se trouvent maintenant les Beaux-Arts. Matthias, accompagné de ses guerriers, a droit à une majestueuse statue équestre sur une grande place.
Pas trop style communication non violente, l’ensemble !
Sur cette place, il reste quelques relents du marché de Noël.
Tant qu’on est dans la sculpture genre guerrière, voici un monument édifié à la gloire des soldats roumains, dans un style un peu plus contemporain.
Tiens, mais on le connaît, celui-ci ! C’est Avram Iancu, celui qui a sa statue à Alunişu ! C’est pour sa poésie, ou pour ses exploits révolutionnaires, qu’il a droit à ce beau monument ?
Les églises de toutes confessions et de toutes époques se côtoient.
On rentre dans une église orthodoxe. Murs entièrement couverts de fresques.
Devant l’une de ces églises, à l’extérieur, on peut allumer des petits cierges.
Dis-donc, c’est qu’on commencerait bien à avoir un peu faim ! Pose restaurant. Celui que l’on choisit propose des plats typiquement roumains, la musique d’ambiance est roumaine,les serveuses servent vues du costume traditionnel. Mais ils n’ont aucune bière roumaine. Le Oswald devra se contenter d’une bière allemande. Petite originalité : la déco. Ce sont des bocaux de conserves qui font office de bibelots.
Après un bon repas, promenade digestive. On flâne dans les rues.
Incroyable enchevêtrement de fils électriques.
Intense circulation. Il paraît qu’en 2000, ce qui n’est pas si vieux, ne circulaient dans les rues de Cluj que des trams, des trolleys et quelques rares Dacia. Presque tout le monde se déplaçait à pied. Que le monde change vite !
En tout cas, pour prendre un billet de trolley, il faut faire la queue.
Voici la mairie :
Les hôpitaux de Cluj ont plutôt bonne réputation, fac de médecine oblige.
Pas de ville sans tag, bien sûr. Style international !
Les passages privés sont bien protégés par des grilles cadenassées.
Non, non, c’est pas un club de nudistes ! « Naturist », en roumain, ça veut simplement dire « bio ».
Nombreux pigeons
qui ne respectent rien !!!
Et même des petits toutous à leur mémère, figure-toi !
Y’a pas que les pigeons qui ne respectent rien d’ailleurs. Dis-donc, Oswald, t’as pas honte ?
Les professions libérales n’ont pas l’air de rouler sur l’or, si l’on en juge par l’état des bâtiments dans lesquels ils reçoivent leurs clients.
Ici un cabinet d’avocats
et là un cabinet de psychothérapie.
N’empêche, il y a quand même un quartier chic avec des maisons assez cossues.
Et si avant de rejoindre Lars et Robyn pour regagner nos pénates on s’offrait une petite glace ? Celle qu’Oswald a choisie est bien chevelue !
Anne, 3 février 2016