Commençons par un petit cours de français. Il paraît qu’on ne doit pas mettre de majuscule aux noms de races. La Société Centrale Canine, qui suit bien les directives de l’académie française (ou Académie Française ???) écrit les noms des races de chiens sans majuscule. Par contre, la société cunicole (qui se préoccupe des race de lapins, pour ceux qui ne sauraient pas) a décidé de mettre des majuscules aux noms des races de lapins, elle !
Réflexion faite, j’ai décidé de mettre des majuscules partout, juste histoire de faire ressortir un peu le nom de la race dans l’article. Na !
J’espère que ces messieurs-dames de l’académie (ou Académie ?) ne m’en tiendront pas trop rigueur.
Précision au sujet des photos : si nous avons rencontré presque toutes les races citées, nous n’avions pas toujours l’appareil photo sous la main. Ou bien, particulièrement en ce qui concerne les chiens, nous ne les avons vus qu’à travers les barreaux d’une clôture, ce qui donnerait une bien vilaine photo. Pour cette raison, quand il n’y avait pas de photo à nous pour illustrer l’article, j’ai chipé des photos sur Wikipédia, ayant ouï dire qu’elles sont libres de droits. Si par hasard ce n’était pas le cas pour une ou plusieurs d’entre elles, dis le nous vite, et on se dépêchera de l’effacer !
CHIENS
En Hongrie, on distingue le Chien de berger (garde des troupeaux) appelé "Kutya", du Chien de chasse nommé "Agár".
En 2011, le gouvernement de Viktor Orbán, a adopté en Hongrie une taxe sur les chiens. Excepté sur les races hongroises, qui en sont exemptées. Ça, c’est pour la théorie.
Curieuse, j’ai interrogé un certain nombre de propriétaires de chiens. Eh bé dis donc ! Entre la théorie et la pratique, y’a une certaine marge.
La plupart : « Oui, oui, les chiens sont taxés... Mais moi, je la paye pas la taxe ! Et puis quoi encore ? J’en ai cinq. Tu te rends compte ? »
Un propriétaire de Vizsla (race hongroise) « Ah bon ? Les races hongroises sont exemptées ? Tu es sûre ? Pourtant, je la paye, la taxe ! C’est le vétérinaire qui m’oblige à la payer, tous les ans, quand je vais le voir pour le rappel de vaccin. »
Une Italienne qui vit depuis de nombreuses années en Hongrie, propriétaire d’un vieux bâtard et d’un setter anglais : « Eh oui ! Mes chiens ne sont pas de race hongroise ! Donc taxe. Mais le vieux, hein, je ne l’ai pas déclaré. Je ne paye que pour le setter. »
Une propriétaire de Puli, bien au courant, elle : « moi j’ai un chien hongrois, donc pas de problème, pas de taxe. »
On voit vraiment beaucoup beaucoup de chiens. Des corniauds, bien sûr, mais pas mal de chiens de race aussi, et pas que des races hongroises, loin de là. Parmi les races hongroises, on a vu surtout des Vizsla dans la région du Balaton, puis des Puli et des Komondor dans la Puszta. Beaucoup Kuvasz, pas toujours dans les canons officiels de la race, mais bien dans le type quand même.
Puli
Le Puli dispose de deux couches de poils : un sous-poil doux et laineux, et un pelage long et rugueux. Ces deux manteaux s’entremêlent pour former des torsades ressemblant à des dreadlocks, imperméables à l’eau. Le puli est originaire d’Asie. Il arrive Hongrie vers la fin du Xe siècle avec les hordes de Magyars qui l’utilisent comme chien de berger.
Komondor
Le Komondor un protecteur de troupeau : son rôle n’est pas de diriger les bêtes, mais de monter la garde et de les défendre contre loups, ours, chiens errants et intrus. Son long pelage épais et bouclé est en effet une protection efficace contre les crocs et les griffes de ces prédateurs.
Issu de races asiatiques, il aurait été amené voilà plus de mille ans par les Magyars dans les plaines de Hongrie. Son nom viendrait des Coumans, peuple de cavaliers nomades venus d’Asie centrale et installé en Hongrie au XIIIe siècle.
Le Komondor à l’origine assurait la protection des troupeaux contre les prédateurs (loups et ours).
Kuvasz
Le Kuvasz est une race de chien très ancienne, qui pourrait provenir du Tibet. Elle est apparue en Hongrie au XIIIe siècle.
Gros gabarit, elle semble très voisine du Berger des Abruzzes, du Berger Polonais de Podhale et de notre bon gros Patou Pyrénéen (n’en déplaise aux puristes)
C’est un excellent protecteur de troupeaux. Toutefois, son utilisation pour la protection des troupeaux est en retrait depuis la raréfaction des prédateurs dans la plaine hongroise.
Tous ceux que l’on voit (et ils sont assez nombreux) semblent faire office de chien de garde.
Mudi
Le Mudi est une race de chiens de troupeau d’origine hongroise. Il s’agit d’un chien très dynamique destiné au travail sur troupeaux ovins ou bovins.
Pumi
En voici un qui n’a pas été apporté par les Magyars. C’est une race relativement récente, dont les origines ne remontent qu’au XVIIIe siècle, lorsque des Puli furent croisés avec des chiens de type Terrier. Le Pumi a d’ailleurs longtemps été considéré comme une variété du Puli. La séparation entre les deux races ne date que de 1919.
C’est un chien de berger rustique capable de conduire le gros bétail. Grâce à ses ancêtres terriers, il sait combattre sans merci les carnassiers et les rongeurs.
C’est aussi un excellent gardien, prêt à réagir à tout bruit insolite en aboyant furieusement.
Il est également utilisé comme chien de recherche et de secours.
Magyar Agár, Lévrier Hongrois
Durant leur périple long de plus de 4 siècles, les Magyars étaient accompagnés de leurs lévriers asiatiques qui se sont accouplés avec les descendants des chiens celtes, des Sloughis et des Tazis appartenant aux populations rencontrées. Ces chiens chassaient le gibier rencontré lors de la recherche de nouveaux pâturages pour les troupeaux. Au IXe siècle, les Magyars se sont sédentarisés sur les plaines de la Hongrie. Le type de leurs lévriers s’est alors fixé et donné naissance au Magyar Agár actuel. Ce chien n’a jamais été réservé à l’aristocratie. Il était aussi le chien de ferme des agriculteurs, surnommé « l’attrapeur de lièvre ».
Les deux guerres mondiales et l’interdiction de chasser à vue sur les lièvres prise en 1944 ont failli exterminer la race.
Dans les années 60, les courses de chiens devenant à la mode, Les Hongrois se rendent compte que l’ancien type du Magyar Agár est en train de disparaître au profit d’un type plus rapide, à la conformation plus puissante, proche de celle du Greyhound.
Ne voulant pas voir leur race devenir un « sous-produit de Greyhound », ils l’ont reconstituée à partir d’éléments retrouvés dans les fermes isolées, et sélectionnés en fonction de leurs qualités de chasseurs et de gardiens.
Vizsla
Le vizsla est à l’origine un chien de la noblesse hongroise. Son origine exacte n’est pas bien définie : il serrait le résultat de croisement avec des chiens courants hongrois, peut-être le chien courant de Pannonie ou le transylvanien à pattes courtes, et un chien jaune turc. Le sloughi a été utilisé comme apport dans cette race. On trouve des documents décrivant des chiens ressemblant au Vizsla dès le XIVe siècle. Des sujets de conformation très proche sont notés dès le XVIIe siècle.
BOVINS
Boeuf Gris de Hongrie
(en hongrois : Magyar szürke szarvasmarha ou Magyar alföldi) est une ancienne race de bétail de Hongrie. Elle appartient au groupe des bétails de la Podolie et est très bien adaptée aux grandes étendues de pâturage. Elle provient des basses terres hongroises, la Puszta.
Les Bœufs gris de Hongrie sont minces et grands. Les taureaux atteignent une taille de 145 - 155 centimètres et un poids 800 - 900 kilogrammes, les vaches font 135 - 140 centimètres et 500 - 600 kilogrammes.
La fourrure est hirsute et la couleur va d’un gris argenté à un gris cendré plus foncé. Les jeunes naissent avec un pelage roux-jaune. Les gris hongrois sont robustes, se reproduisent facilement sans assistance humaine, sont capables de vivre dehors en hiver et vivent longtemps. Leurs cornes, dirigées vers le haut, sont très longues et incurvées.
La race est probablement arrivée avec l’invasion hongroise du IXe siècle, venue de l’est pour s’installer dans l’actuelle steppe hongroise.
Au Moyen Âge et aux temps modernes, la race a été particulièrement appréciée pour sa viande. Mais elle peut être attelée aussi, sais-tu ?
De nos jours, les bœufs gris hongrois sont gardés principalement dans le parc national de Hortobágy et dans d’autres parcs nationaux hongrois. Ils sont un patrimoine historique et touristique, servent à l’entretien des paysages, mais également de banque de gènes, du fait de leur résistance démontrée aux maladies du bétail, lesquelles affectent plus fortement d’autres races moins rustiques.
Un éleveur que nous avons rencontré a ironisé sur la « mode » d’élever des Charolais et de Limousins en Hongrie : « ils sont fragiles, toujours malades, il faut les rentrer l’hiver, et ils vivent à peine une dizaine d’années, tandis que nos gris, c’est 18 à 20 ans » Bien sûr, c’est un éleveur passionné par « sa » race, et il faut bien qu’il la défende. Nous n’avons pas eu l’occasion d’interroger des éleveurs de Limousins et de Charolais pour leur demander les raisons de leur choix.
OVINS
Racka
Le Racka est une race de mouton rare et rustique originaire des steppes de la Puszta en Hongrie,
Durant leurs migrations sur les bords de la Mer Noire, les Hongrois ont adopté, il y a environ mille ans, le mouton « Racka » (prononcer : « ratska ») qu’ils ont ramené avec eux sur les bords du Danube. Caractérisé par ses longues cornes torsadées pouvant atteindre un mètre de long et son poil épais (noir ou blanc), ce robuste mouton était jadis répandu en Hongrie en raison de son endurance particulière face aux hivers rigoureux de la Puszta. Autrefois, c’est avec sa laine que les pasteurs de la Puszta fabriquaient le drap « halina », les tissus des houppelandes que portaient les bergers, les vestes des paysans et la très célèbre « gouba » ou « chouba » ; ce grand manteau, surnommé « la maison du berger », était fabriqué avec la fourrure brute des moutons. Le côté laine était porté à l’intérieur pendant l’hiver et à l’extérieur durant l’été.
PORCS
Mangalitza
Le Mangalitza est un porc laineux, assez proche du sanglier.
Il est élevé pour la consommation de sa viande, comme animal de compagnie et pour l’entretien d’espaces naturels montagnards.
Son aire d’origine est l’ancien empire austro-hongrois où la race est issue de croisements de races diverses, toutes productrices de lard. Produisant un lard d’excellente qualité, le porc laineux a conquis la moitié orientale de l’Europe au milieu du XIXe siècle. Il a même figuré à un moment donné parmi les races les plus fréquentes dans plusieurs pays d’Europe.
mais le grand porc blanc (Large White) a presque complètement évincé le porc laineux au XXe siècle. Le porc laineux est en effet long à prendre du poids (environ deux ans, contre cinq mois pour le Large White) et les femelles sont peu prolifiques.
La Hongrie élève encore aujourd’hui des Mangalitzas blonds et roux.
On ne peut élever le Mangalitza qu’en plein air car il supporte mal l’enfermement. Il a besoin d’une vaste étendue en terre : il a besoin de fouiller le sol de son groin. Il supporte bien les très basses températures.
Dans les restaurants ou chez les commerçant qui vendent du porc, si c’est du Mangalitza, c’est bien précisé. Comme une marque de haute qualité. Et puis d’abord, mangeons hongrois !
CHEVAUX
En ce qui concerne les chevaux, les « races » hongroises actuelles reconnues comme telles sont relativement récentes (XIXème siècle) À cette époque, le besoin en chevaux était énorme, pour la guerre. L’empire Austro-hongrois perdait environ 6000 chevaux par an, tués dans les combats ! Les gouvernements ressentaient donc la nécessité de financer très sérieusement l’élevage, et de pousser à la sélection de chevaux aptes au service demandé. Les « races » Hongroises sont issues d’étalons étrangers (Français, Anglais, Arabes) et de juments soit autochtones, soit étrangères, mais toujours soigneusement sélectionnées. Les 4 grandes races Hongroises portent d’ailleurs toutes le nom de l’étalon fondateur. Elles ont été sélectionnées principalement dans trois grands haras :
Mezőhegyes, Bábolna, Hortobágy
Mais alors... quelle sorte de chevaux montaient donc ces fameux cavaliers Magyars venus envahir l’Europe ? Des découvertes archéologiques fournissent des informations précises sur ces guerriers et leurs montures. Elles étayent la théorie qui veut que le cheval ancestral hongrois ait été un tarpan. Le tarpan a été considéré longtemps comme l’ancêtre des chevaux, le véritable cheval sauvage. Il n’en est rien : on sait maintenant que c’est un cheval redevenu sauvage à partir d’ancêtres ayant été domestiqués par l’homme. Les Hongrois du IXe siècle nomadisaient avec des convois de véhicules légers. Ils possédaient donc des artisans charrons adroits, aux techniques très en avance sur celles des Européens. (Ce ne sera qu’au XIIème siècle que se généralisera en Europe de l’Ouest, le charroi par chevaux.) Ce peuple Magyar, qui se stabilise au XIème siècle, restera un peuple aux solides traditions cavalières.
Shagya
Le Shagya est une race de cheval de selle originaire de l’actuelle Hongrie et très proche du pur-sang arabe. Elle porte le nom de l’un des étalons fondateurs de la race : Shagya, pur-sang Arabe venu de Syrie. Tous les Shagyas actuels possèdent une goutte de sang de cet étalon.
Comme on avait grand besoin de chevaux pour la guerre, où nombre d’entre eux mouraient, les nations capables de faire naître des chevaux de cavalerie de qualité en grande quantité se trouvaient très avantagées. Du coup, les gouvernements y ont investi énormément d’argent. La famille impériale était férue de pur-sang Arabe. Mais un cheval de guerre se devait d’être plus grand, et plus puissant : un dragon en armes ou un hussard et son paquetage pesaient entre 13 et 160 kg !
L’empereur Joseph II d’Autriche créa donc à Bábolna un haras militaire impérial où seuls les étalons pur-sang arabes furent admis à saillir les 803 poulinières du haras, sélectionnées sur leur taille et leur coffre, mais pas sur leur race. Les premiers étalons améliorateurs arrivés à Bábolna étaient des captures de guerre, chipés aux français après les défaites de Napoléon Ier. Ensuite, plusieurs missions d’importations furent organisées pour ramener des étalons des désert Syrien et Égyptien. Les juments ont été saillies par ces étalons importés du Moyen-Orient dont bien sûr le fameux Shagya, le plus important chef de lignée de la race. Né en 1880 dans la tribu Anaze el-Sbaa, cet étalon de tête fut médaillé d’or pendant l’exposition universelle de Paris en 1900, alors qu’il était âgé de 20 ans. Sa stèle funéraire commémorative figure encore dans la cour d’honneur du haras de Bábolna.
Le Shagya, combinant force et élégance, était très apprécié comme cheval de selle par les cavaleries d’Europe centrale avant la motorisation. Il fut le cheval de parade de la cour impériale de Vienne, et tira l’attelage de la princesse Sissi. Montures des cavaliers magyars, les Shagyas pouvaient partir en campagne pendant plusieurs années En outre, ils étaient fort appréciés pour leur élégance permettant aux hussards de se distinguer lors des parades. La sélection était très rigoureuse et seuls les plus robustes chevaux résistaient et rentraient vivants dans leurs pâtures d’origine. Ils étaient aussi très réputés pour l’attelage traditionnel et de prestige hongrois. Les voitures des personnes fortunées qui se croisaient le long des berges du Danube et rivalisaient d’élégance étaient toutes tractées par des Shagyas. Ces attelages étaient souvent composés de cinq chevaux. Au cours du XIXe siècle les Shagyas hongrois étaient réputés comme étant les meilleurs chevaux du monde !
La révolution de 1848 ébranla l’élevage mais n’empêcha pas le Shagya d’être extrêmement réputé à la fin du XIXe siècle. C’est la chute de l’Empire austro-hongrois en 1918 et l’arrivée du gouvernement communiste qui fut catastrophique pour la race. Elle a failli s’éteindre à deux reprises pendant les deux guerres mondiales car les différents gouvernements ne se souciaient plus de leurs anciens programmes de sélections, le cheval étant devenu inutile à la guerre.
Dans les années 1970, le gouvernement hongrois commença à recycler les bâtiments d’élevage de Bábolna en lieu de stabulation pour les poulets. Le haras se vida et des trains entiers de chevaux partaient pour les abattoirs occidentaux. Seuls quelques chevaux furent épargnés. Ils sont les ascendants des 4 000 Shagyas répartis dans le monde aujourd’hui.
Mais des passionnés se mobilisent pour la sauvegarde du Shagya, qui est aujourd’hui devenue la race la plus populaire de Hongrie.
Qui étaient ces passionnés ? Principalement des anciens hussards âgés, Allemands et Danois, soucieux de perpétuer les qualités de ces chevaux. Ils se sont mobilisés pour acheter les derniers trains en partance pour l’abattoir. Ils ont stoppé l’extermination de la race et ont commencé à reconstituer le cheptel en retrouvant les reproducteurs de chaque lignée, en éditant un règlement d’élevage pour définir la proportion de sang arabe au sein de l’élevage Shagya et en tâchant de redonner à la race son ancienne renommée.
En Roumanie, le haras de Radautz est resté en activité par la seule volonté du président Nicolae Ceaușescu, qui aimait les chevaux. Il faudra attendre la chute du mur de Berlin et du bloc des pays de l’Est pour que le haras de Bábolna reprenne ses anciennes activités. Mais entre temps, l’élevage du Shagya s’était développé en dehors de son berceau d’origine, en Allemagne, Autriche, Suisse, Scandinavie, France, aux Pays-Bas, au Venezuela et aux États-Unis (où le Shagya est arrivé à la fin de la Seconde Guerre mondiale car il faisait partie du butin de guerre du général Patton.)
Lors de notre arrêt prolongé forcé au Courty (Allier, France) au mois d’Août dernier,
nous avions fait la connaissance de Sylvie, une cavalière passionnée par cette race, qui élève des poulains de grande qualité.
Ici, en Hongrie, nous en croisons régulièrement. Ils sont fort utilisés à l’attelage, pour les travaux agricoles légers.
Furioso
Le Furioso est une race de cheval de selle hongroise originaire du haras de Mezőhegyes.
En 1840 le haras importa un étalon pur-sang anglais appelé Furioso, qui donna naissance à 95 étalons de 1841 à 1851. En 1843, North Star, un autre étalon anglais, fut importé, il s’agissait d’un cheval compact à la robe bai brun, aux membres courts, avec une superbe tête. Les descendants de North Star sont devenus des trotteurs réputés sur les pistes hippodromes hongroises. Les deux lignées distinctes portaient les noms de leurs fondateurs (le Furioso et le North Star) mais en 1885, elles furent fondues en une seule. Outre la Hongrie, le Furioso est élevé en Autriche, Tchécoslovaquie, Pologne, Roumanie, Slovénie et Allemagne.
Le Furioso a une tête est fine, un regard curieux et assuré. C’est un cheval gentil, intelligent, courageux et énergique. Polyvalent, il fait un excellent sauteur et se débrouille steeple-chase. Il peut être attelé aussi bien que monté. Sa taille varie entre 1,60 et 1,65 au garrot.
Gidrán
Le Gidrán est un grand (1,65 m à 1, 75 m) cheval de selle hongrois à sang chaud. Sa robe est le plus souvent alezane. Ses origines remontent au XIXe siècle où un étalon arabe nommé Gidrán fut croisé à une jument espagnole. Le poulain, Gidrán II, est considéré comme l’étalon fondateur de la race. Par la suite, ces chevaux furent croisés avec des pur sang anglais nés en Hongrie ou en Espagne. Le Gidrán est considéré comme un cheval d’équitation de qualité, et il est exporté en l’Europe de l’Est pour les concours de saut d’obstacles ou l’amélioration d’autres races. Il est cependant beaucoup moins populaire que le Shagya.
Nonius
Le Nonius (en hongrois : Nóniusz) est une race de cheval carrossier et de selle de Hongrie, née au haras de Mezőhegyes. J’ai déjà un peu parlé de lui dans un précédent article. J’y reviens un peu plus longuement, car c’est LE cheval des csikosok, les fameux cavaliers de la Puszta. Ouais, ouais, y’en a que ça intéresse, ce genre de sujet. Si ça te rase, ben franchement, personne ne t’oblige à lire ça jusqu’au bout !
La robe du Nonius est noire, noir pangaré ou baie. Sa taille varie de 1,45 m à 1,65 m. Le modèle du Nonius est très homogène. Il a une encolure épaisse, une tête légèrement busquée, une croupe puissante et les membres solides d’un cheval d’attelage. Rompu pendant des décennies aux travaux agricoles, il dispose d’un caractère très facile. Il est surtout utilisé pour l’agriculture et l’attelage. C’est un cheval tardif, qui n’est mature que vers 6 ans, mais en contrepartie, il vit très vieux.
La majorité des 500 chevaux Nonius répertoriés se trouve désormais à Hortobágy, les autres sont présents à Mezőhegyes et un peu partout en Europe de l’Est.
Le haras d’État de la famille royale de Hongrie et de la cour impériale, Mezőhegyes a été créé en 1784 dans le but de répondre à la demande en chevaux différents, remplissant des rôles variés. C’est pourquoi on a développé à Mezőhegyes plusieurs races dont le Furioso plutôt pour la selle et le Nonius plutôt pour l’attelage.
La race Nonius est en partie d’origine française. Elle tire son nom de l’étalon fondateur : Nonius, de race Anglo-normande, né en 1810 en Normandie.
Il a été capturé après la défaite Napoléonienne au haras français de Rosières-aux-Salines, et amené à Mezőhegyes en 1816.
Poulain, il était paraît-il considéré comme« affreux » ! Même adulte, on le décrit comme un étalon au dos long, aux mauvais aplombs et aux épaules trop droites, néanmoins d’une forte ossature. Pourquoi l’a-t-on kidnappé, alors ? Pour la couleur de sa robe, à ce qu’on raconte ! En tout cas, les Hongrois qui le reçoivent n’imaginent pas une seconde que cet étalon va devenir un raceur. Les qualités de ses descendants suggèrent qu’il possède une grosse tête très simple, « sans beauté particulière dans son allure ». D’ailleurs, Nonius a d’abord peu servi comme étalon à Mezőhegyes. Jusqu’au jour où ses premiers produits, devenus adultes, commencent à montrer une endurance et une puissance rares, ainsi qu’un tempérament assidu au travail, fait le bonheur des exploitants agricoles hongrois.
Nonius est alors par expérience croisé à des juments de différentes origines : espagnoles, lipizzanes, arabes, turkmènes et diverses autres races hongroises. Il fait 14 années de service comme étalon reproducteur et meurt vraisemblablement en 1838. Il a servi une jumenterie très variée, mais tous ses poulains lui ressemblent, présentant une robe baie ou noire avec peu de marques blanches. Quinze des fils de Nonius sont devenus des étalons reproducteurs, 122 juments des poulinières.
Le Nonius devient un cheval de selle lourd et d’attelage d’artillerie prisé par l’armée hongroise.
Restait à fixer cette race prometteuse.
Le prince de Lobkowitz, qui en 1854 prend la tête de Mezőhegyes est conscient de l’importance à fixer le type des chevaux pour obtenir une race d’animaux homogènes. Cet objectif est atteint par la pratique de croisements consanguins. On apporte aussi un peu de sang arabe pour corriger le manque d’élégance chez la race.
Résultat : lors de l’exposition universelle de 1867, le haras de Mezőhegyes est représenté par Nonius III, un cheval « brun châtain foncé » décrit comme « le cheval le plus remarquable de toute la collection » La notice publiée par le ministère de la guerre d’Autriche indique que dans le haras de Mezőhegyes, parmi les 800 juments poulinières, il y en a 200 qui descendent de l’étalon normand Nonius. Du reste, les soins apportés à la race s’expliquent par son aptitude à fournir d’excellents chevaux de guerre d’une force et d’une solidité rares.
En 1870, les chevaux Nonius comptent 2 800 étalons reproducteurs et 3 200 juments poulinières enregistrés, tous descendants de Nonius Senior. Dès 1885, la race est utilisée non seulement dans Mezőhegyes, mais aussi à Hortobágy. Les rôles et la popularité du Nonius sont affectés par des périodes de bouleversements sociaux et politiques. En 1900, la qualité et l’apparence utilitaire modeste de ces chevaux valent à la race le titre de « cheval Idéal » décerné à l’Exposition Universelle de Paris.
Mais les nouvelles technologies guerrières « privent » les chevaux de leur principale fonction !!!
En 1947, il ne reste que 52 juments en Hongrie et la race Nonius frôle l’extinction. Depuis 1948, le Nonius se développe dans le haras national de Debrecen situé à Hortobágy de manière tout aussi importante qu’à Mezőhegye. En 1954, le nombre de ces juments remonte à 120 à Mezőhegyes.
Cependant, la collectivisation et la mécanisation de l’agriculture hongroise sous la période communiste conduisent à une réduction drastique des effectifs (renforcée par le fait que l’équitation est alors considérée comme un sport « bourgeois »). Heureusement, au cours des années 1970 l’attelage de compétition émerge comme sport populaire pour lequel les Nonius peuvent exceller. En 1989, l’association nationale des éleveurs de Nonius est formée dans le but de préserver les chevaux en race pure, le Nonius est alors la plus nombreuse et la mieux établie des races hongroises. En 1999, l’UNESCO la déclare « héritage mondial à protéger ».
Les Nonius sont utilisés aujourd’hui pour les travaux agricoles et le trait léger et moyen. Il excelle aussi en attelage sportif.
Il est également très apprécié des Csikos, cavaliers connus par leur pratique de la poste hongroise, qui servait historiquement à mener un groupe de chevaux sans utiliser de selle ni d’attelage.
Le haras d’Hortobágy détient 300 chevaux Nonius en semi-liberté. Ce n’est plus un haras national depuis les années 1990, il s’est mué en complexe hôtelier et de loisir, tenant ses 400 chevaux (dont une majorité de Nonius) à la disposition d’une clientèle assez fortunée.
Murakoz
Le Murakoz est une race développée à l’origine pour le trait lourd au début du XXe siècle, afin de travaillée sur les fermes près de la rivière Mura. La souche de base était composée de juments hongroises croisées avec des Ardennais, Percherons, Noriker, et quelques étalons hongrois. Les effectifs de la race furent décimés par la Seconde Guerre mondiale. Il a fallu faire appel à des chevaux Ardennais pour reconstituer le cheptel.
Le Murakoz a été très populaire auprès des fermiers, particulièrement durant l’entre-deux-guerres.
Le Murakoz est actuellement élevés en deux variétés. Une grande et massive utilisée pour les travaux de traction. Et une plus petite, plus légère, d’un type qui convient aussi bien pour la selle ainsi que pour l’utilisation agricole.
Le Murakoz est connu pour sa capacité à survivre avec des quantités relativement faibles de nourriture. Il est capable de commencer à travailler plus tôt que la plupart des autres chevaux de trait.
Anne, Septembre 1015