31 Mars : Carturo – Onara 11 km
Traversée du Brenta, par un pont étroit à voie unique, à circulation alternée.
Onze kilomètres au trot ! Romeo est venu nous rejoindre avec sa voiture pour qu’on le suive jusque chez lui. Il roule à sa vitesse devant nous et s’arrête à chaque carrefour pour nous attendre. La route est facile, les juments en forme, nous mettons pile une heure pour avaler les onze kilomètres.
Altaï, lui, fait le chemin à l’intérieur de la roulotte : il s’est blessé une patte et boite fortement.
Chez Roméo, accueil grandiose. Les juments ont un vaste pré entièrement clôturé, plus du foin à volonté.
On nous parle ici d’une Marina qui a parcourue seule avec sa roulotte et son cheval le chemin de Venise à Santiago de Compostella, photo à l’appui.
Romeo et son épouse Sandra nous invitent au restaurant, en compagnie du frère de Romeo. Dans la soirée, Romeo nous emmène visiter le bourg tout proche de Cittadella : une très belle enceinte de briques circulaire, presque intacte, excepté un pan de mur bombardé pendant la dernière guerre. Cette « città murata » (ville fortifiée) était un poste avancé de défense de la ville de Padoue face aux attaques venues du nord. Ses murs d’enceinte sont vieux de huit siècle. Ils comptent 32 tourelles qui défendaient la bourgade. Les remparts s’étirent sur presque un kilomètre et demi pour former une ellipse. Ils sont encore aujourd’hui gardés par quatre tours principales défendant les portes d’entrée de la ville, chacune dotée d’un pont-levis.
Romeo propose de s’occuper des juments et du chien pendant deux jours afin que nous puissions tranquillement visiter Venise, Venezia en Italien, Venexia (prononcer Vénéssia) en Veneto.
GRAZIE MILLE, ROMEO E SANDRA !!!!
1 et 2 Avril
Clique sur : VISITE DE VENEZIA
3 Avril
Une journée de repos avant de reprendre la route. Nous en profitons pour faire une jolie promenade en compagnie de Sandra dans le palude di Onara, microscopique réserve naturelle riche en flore palustre, qui peut donner une toute petite idée de ce à quoi pouvait ressembler la région avant l’invasion humaine.
4 Avril : Onara – Villa Emo (Fanzolo) 28 km
Les adieux sont un peu difficiles ! On prend ensemble un dernier petit café.
GRAZIE encore une fois, ROMEO et SANDRA, de nous avoir permis de visiter Venise. Vous resterez dans notre cœur un inoubliable souvenir !!!
28 kilomètres, l’une de nos plus longues étapes, avant de parvenir à trouver un arrêt, sur l’immense parking de la Villa Emo, villa palatine où les touristes affluent.
Mais demain matin, nous devons partir avant 9h30 : il y aura ici une grande manifestation artistique le lundi de Pâques, et demain, les préparatifs battront leur plein. Notre présence risquerait d’être gênante.
5 Avril : Fanzolo – Selva del Montello 16,5 km
Sur notre chemin, une toute petite route en pleine cambrousse :
Après une dizaine de kilomètres, nous commençons à rechercher une halte, sachant par expérience qu’il est difficile, par ici de trouver un pré. Partout, ce ne sont que champs cultivés. Dans un petit hameau, nous sommes arrêtés par un groupe de personnes enthousiasmées par notre aventure. Nous en profitons pour quémander un pré ou une friche, mais elles n’en connaissent pas. Deux kilomètres plus tard, ces mêmes personnes nous doublent avec leur voiture et nous font de grands signes.
Nous auraient-elles trouvé un bon bivouac ? Pas du tout ! C’est Pâques, aujourd’hui, et elles tenaient à nous faire profiter de la fête. Elles nous tendent un grand sac plein de bonnes choses : une bouteille de prosecco, six œufs, un gâteau nommé « torte primavera », un bocal de petits oignons confits, des « kamunitti bio, fatti a mano (faits à la main) » : sorte de biscuits croquants à la farine de kamut, des spaghetti et des penne rigate (l’une des nombreuses variétés de pâtes), un paquet de figues sèches, et un pot de miel de bruyère. Rien que ça !!!
Un peu plus loin, une jeune femme à la grille de sa maison, toute souriante. Nouvelle demande. Réponse : « Ici, si vous voulez ! » Nous nous sentons un peu gênés. Ici, c’est un beau jardin avec une pelouse impeccablement tondue ! « Pas de problème. S’il n’y a pas assez d’herbe, on ira chercher du foin » Nous nous sentons désarmés devant tant de gentillesse, et nous acceptons volontiers la proposition.
Nous nous arrêtons donc chez Donello, Fiorenza, leur fils Francesco, qui vient de terminer des études de designer, et leur fille Federica, qui est... clown, et présente un spectacle pour les enfants.
Invités à déjeuner, somptueux repas de Pâques. Puis à dîner d’un délicieux risotto. On a même droit à la douche. Altaï est ravi : il s’est fait deux copines, les deux chiennes de la maison.
MERCI, MERCI, DONELLO, FIORENZA, FRANCESCO, FEDERICA, POUR CET ACCUEIL CHALEUREUX ET POUR TANT DE GENTILLESSE !
6 Avril : Selva del Montello – Tezze 22,5 km
Brrrr... Petite gelée blanche ce matin ! Mais soleil et ciel bleu...
Petit déjeuner en famille, et photo souvenir avant le départ
Sur la route on croise une halle couverte de panneaux solaires
Et une église qui flirte avec l’art contemporain.
Altaï est heureux : des fossés pleins d’eau longent le bas-côté. Il en profite pleinement !
Nous traversons le magnifique fleuve Piave, avec les Alpes en toile de fond. Lundi de Pâques, il fait beau, les rives sont envahies par les pique-niqueurs.
Après le fleuve, des vignes, des vignes, des vignes. Taillées haut, comme elles le sont à peu près partout en Italie. Ce sera donc dans les vignes qu’Océane et Noé auront droit à leur pique-nique à elles.
7 Avril : Tezze – Motta 21,5 km
Une de nos pires étapes.
Je suis très enrhumée, nez bouché et mal de gorge. Noé est insupportable et tire sans cesse. Elle m’épuise. Heureusement, Oswald commence à savoir mener très correctement (il doit avoir un pouvoir lénifiant dans les mains : avec lui, les juments s’endorment !) et prend le relais. Il préfère quand même me repasser les guides dans les changements de direction, et sur les ronds-points. Une dizaine, aujourd’hui, des ronds-points !
Et pas des petits : nous nous farcissons toute le rocade d’Oderzo, par grande circulation. Les poids lourds se succèdent sans cesse. Ils doivent rattraper leurs quatre jours d’interdiction de rouler pour cause de Pâques !
Au bord de cette grande route, difficile de trouver de quoi passer la nuit. Nous finissons quand même par trouver une petite friche derrière la Zone Industrielle de Motta, à l’écart de la route et à peu près tranquille.
8 Avril :
Je suis malade pour de bon. Dormi pratiquement toute la journée. Cerveau en chamallow...
9 Avril : Motta – Cinto Caomaggiore 20 km
Vu mignonne petite église de poche dans un jardin.
Ça change de la petite grotte avec la petite Madone. Cette église est une réplique de celles que nous voyons « pour de vrai », avec clocher séparé.
Dans le Veneto, elles sont presque toutes construites sur ce modèle. Il existe quand même quelques exceptions.
Et d’autres formes d’architecture, qui après tout ne sont pas plus moches que la Tour Eiffel.
Encore une route à grosse circulation pendant une bonne dizaine de kilomètres. Et sans bas-côté. Au point que nous préférons monter Altaï dans la roulotte. En la quittant, on se sent nettement mieux !
Mais au bout... la plus jolie étape depuis le début de notre voyage. Au milieu des lacs. Dans un « agriturismo ». Mais à cette saison et en semaine, pas de touristes. Nous sommes absolument tranquilles. Douche, WC, et machine à laver. Repas excellent.
10 Avril
Au tour d’Oswald ! Complètement patraque. Cette fois, c’est lui qui dort toute la journée. Superbe journée printanière. Je me balade seule autour du lac. Abondante variété d’oiseaux. Magnifique héronnière très bruyante, en pleine saison des amours (grandes aigrettes, garde-bœufs et hérons cendrés). Grands arbres ornés de cormorans. Des sarcelles en pagaille.
Le soir, vers 19 h, j’y traîne le pauvre Oswald tout chancelant, jumelles au poing. Pile à l’heure de la parade nuptiale des grèbes huppés. Magique.
11 Avril : Cinto Caomaggiore – Bagnara 12 km
Au-revoir Lucina, merci pour la cuisine délicieuse, le bon bouillon préparé spécialement pour Oswald malade, les fraises, et le lavage du linge rapporté à la roulotte tout bien plié ! Au-revoir, Stefano, merci de nous avoir accueillis sans ce lieu magnifique, au milieu des oiseaux !
Enfin une route tranquille ! Peu de voitures, les juments très sages...
Nous avons parcouru à peine une dizaine de kilomètres. Un couple nous arrête, nous demande la permission de prendre quelques photos. Comme Oswald est encore très fatigué, nous leur demandons si à tout hasard, ils ne connaîtraient pas un pré... Oui, répondent-ils. Sauf qu’il faut retourner pratiquement deux kilomètres en arrière. Ils nous proposent de nous guider avec leur voiture. « C’est un endroit très tranquille, précisent-ils, au bord d’une rivière ». On se laisse donc tenter.
Merci à vous, Jacqueline et Fabrizio !
L’endroit est tout à fait charmant.
Et voilà. Nous sommes stationnés sur le chemin qui limite deux provinces : Venezia et Pordenone. Et deux régions : le Veneto et le Frioul. Dans laquelle des deux Kaplumbağa se trouve-t-elle exactement ? On ne sait pas !
Finalement, nous n’avons pas fait un si grand retour en arrière : ce petit chemin de terre coupe en ligne droite jusqu’à Cordovado, le village que nous avions visé. C’est une ancienne voie Romaine. La chapelle San Pietro, près de laquelle nous stationnons, a été construite sur les ruines d’un lieu de culte Romain. Terres labourées à droite, à gauche, devant et derrière, mais la rivière est jolie. Les juments disposent d’une herbe abondante tout le long de la rive.
Voici une visite insolite...
12 Avril : Bagnara – Àriis 22 km
Nous reprenons donc la route en suivant cette fameuse ancienne voie Romaine. Depuis le chemin de notre départ (La Roche – Saint-Sulpice), c’est notre première voie sans asphalte ! Sur plusieurs kilomètres ! Qu’est-ce que ça fait du bien !
Et qui, cerise sur le gâteau, passe devant un superbe moulin dont les deux roues tournent encore ! (Pour les touristes...)
Pour la première fois, Oswald ose prendre le risque de tenir les juments à l’arrêt, tout seul comme un grand, pendant que je descends prendre des photos ! Il m’a quand même demandé de mettre les cales à la roulotte...
Il faut quand même se résigner à rejoindre le goudron... Quelques vues au hasard de la route.
On franchit l’interminable pont sur le fleuve Tagliamento. Un peu d’eau, et d’immenses bancs de sable et de gravier, d’ailleurs exploités. Compte tenu de la hauteur et de la longueur du ponts, les crues doivent être impressionnantes !
Nous sommes dans le Frioul, désormais, et nous avons l’impression d’avoir changé de pays. Entre eux, les gens parlent Frioulan, on n’y comprend rien. « Mandi » remplace « Ciao ». Peintures sur les murs des maisons, dans les villages : les cadrans solaires, très beaux, ont (presque) remplacé les Saintes Vierges.
C’est dans un parc aménagé au bord d’une rivière, joliment prénommée Stella que l’on trouve à s’arrêter.
13 Avril
Longue promenade sur les rives de la Stella, et dans les sous-bois marécageux.
14 Avril : Àriis – Ioannis 26,5 km
Les juments ont décidé d’être particulièrement gentilles, aujourd’hui ! Peu de circulation sur la route. Beaucoup de « champs de peupliers. » Des maisons en ruine.
Pas de stress. Tout va bien. Sauf qu’on ne trouve pas de pré. Mais à force de demander, on tombe sur un sympathique éleveur de vaches qui connaît un endroit parfait. Il nous y précède avec sa voiture.
Aucun doute, c’est parfait. Une belle demeure qui a jadis appartenu à Marie-Thérèse d’Autriche.
De l’herbe à profusion. Une ânesse coquine, qui fait ami-ami avec nos juments
et un vieux poney gentil. Quelques petits chiens braillards. Une trentaine de paons, élevés à des fins... culinaires ! Beaux, mais bruyants.
Mais surtout, surtout, la merveilleuse maîtresse de la maison, Angela,
et sa fille Samanta . La maman d’Angela vient de mourir, les obsèques auront lieu après-demain. La pauvre Angela est plongée dans les formalités administratives, qu’il faut bien assumer en dépit du chagrin. Et c’est elle qui nous remercie d’arriver au bon moment, pour mettre un peu de soleil dans ces jours douloureux ! Angela est une femme tout emplie de chaleureuse bonté. Passionnée par les anciennes cultures Celtiques, particulièrement par celle de son cher Frioul, bien entendu. Elle pratique elle-même des rituels païens, et rit beaucoup en nous expliquant ce qu’en racontent les catholiques bien-pensants du village.
Angela sait s’entourer de beauté. Elle aménage sa maison pour recevoir des musiciens, des danseurs, des peintres, enfin, toutes sortes d’artistes qui se sentent en concordance avec sa façon d’appréhender la vie.
Altaï est tombé amoureux de Samanta, qui l’a aussitôt surnommé « Patatone »
Angela tient absolument à nous présenter sa meilleure amie, sa « presque sœur » Roberta, qui, elle, se sent « indienne ».
Roberta est très belle. Elle est institutrice pour les enfants de maternelle.
(Petite parenthèse pour les professeurs des écoles de France qui se plaignent de leurs conditions de travail. Roberta a une classe d’enfants de 3 à 5 ans. 28 petits élèves dans la même classe. Après 40 ans de métier, elle touche 1600 € par mois, et elle devra attendre d’avoir travaillé 42 ans avant d’espérer toucher une retraite. Bon, OK, c’est pas une raison pour ne pas se plaindre des conditions de travail en France.)
Roberta enseigne aux enfants que chaque être vivant possède une âme. Je me demande si tous les parents apprécient ?????
Elle possède une marionnette herboriste qui la suit partout. Cette marionnette est chargée d’apprendre aux enfants à reconnaître les plantes. Y compris à l’odeur. Roberta est capable de donner à sa marionnette d’incroyables expressions.
Dans la salle d’arts, une grande belle vieille cheminée autour de laquelle raconter des histoires. Dans la future salle de réception, en cours d’aménagement, presque terminée, un truc pour faire la cuisine, dont nous ne connaissons pas le nom : c’est une lourde maçonnerie de briques sur laquelle on allume un feu ouvert, surmontée d’une hotte cheminée toute ronde. (Si quelqu’un connaît le nom de ce système, ça nous intéresse !) Dehors, sous abri, un superbe four à pain en terre, fabrication maison. Tout cela dégage une impression de chaleur et d’intimité extrêmement confortable.
GRAZIE, ANGELA. GRAZIE, SAMANTA !
15 Avril : Ioannis – Sagrado 23 km
Au revoir, Angela ! Au revoir, Samanta ! Autour d’un petit café, les adieux sont chargés d’émotion...
Nous voici donc partis pour notre dernière étape Italienne. On croise quand même parfois des drôles de trucs, en cours de route.
Il nous fallait trouver un lieu où pouvoir rester plusieurs jours. Nous devons refaire les tests de Coggins au juments (les tests qui permettent de savoir si elles sont ou non atteintes d’anémie infectieuse). Ces tests doivent avoir moins de trois mois, et les nôtres sont donc périmés. D’abord trouver un vétérinaire pour pratiquer les prélèvements sanguins, puis les envoyer au labo, puis attendre les résultats. Il nous faut aussi une adresse où nous puissions recevoir les chaussures neuves pour nos juments.
Ce sont Renzo et Nadia qui vont nous héberger dans leur gîte rural, joliment nommé Beccaccia (la Bécasse) à 5 km de Sagrado, en haut d’une colline, à presque 300 m d’altitude. Une bonne grimpette pour remettre Océane et Noé dans le bain et les préparer au relief Slovène après la longue plaine du Nord de l’Italie.
Renzo et Nadia nous attendent dans le bourg de Sagrado pour nous précéder en voiture et nous indiquer le chemin. Ce qui nous facilite grandement la tâche ! Trouver cette route minuscule n’était pas si évident ! D’ailleurs, voyez-vous ? Nous voici presque arrivés au Mont-Saint-Michel ! Vous pouvez constater que les panneaux indiquent le nom des lieux en trois langues : l’Italien, le Frioulan et le Slovène.
Nous voici donc isolés au milieu des bois, ce qui me ravit. Oswald un peu moins : il aurait préféré se trouver plus proche d’un village où nous puissions facilement nous approvisionner.
Mais Renzo l’emmène en voiture faire quelques courses, et nous nous trouvons à guère plus d’un kilomètre de son petit restaurant. À pied, une jolie petite promenade.
Comme ce n’est pas la saison du tourisme, il n’y a personne dans les gîtes. La tranquillité règne. Le seul inconvénient en ce lieu : une affreuse antenne de télévision, qui ronronne en permanence. Pas trop trop bruyant, mais un peu agaçant. De l’intérieur de Kaplumbağa, on ne l’entend pas.
17 Avril
Je ne comprendrai décidément jamais rien aux tracasseries paperassières ! Nous nous étions pourtant bien renseignés : en cas de contrôle aux passages des frontières, les tests de Coggins doivent avoir moins de trois mois. Le vétérinaire qui est venu pour faire les prélèvements nous affirme qu’ils sont valables un an, dans toute l’Europe. Il ne juge donc pas nécessaire de refaire les prélèvements (nos derniers tests datent d’Octobre 2014) Par contre, il nous affirme que les documents que nous lui présentons comme passeports pour nos chevaux ne sont pas des passeports valables pour l’Europe, mais uniquement des documents français ! Première nouvelle. Ce n’est pas ce qu’on nous avait dit en France. (Le document dont il nous parle étant obligatoire uniquement pour les chevaux de compétition, pour ce que j’en ai compris) Nous demeurons quand même dans le doute, du coup. D’autre part, le vétérinaire ajoute qu’après tout, il ne connaît rien aux règlements Slovènes. En tout cas, on nous souffle le chaud et le froid. Ça devient compliqué.
Heureusement, nous avons notre sauveur : Renzo ! Il racole un ami qui parle Slovène pour nous servir d’interprète, et nous emmène à Nova Goricia, en Slovénie, chez un vétérinaire Slovène. Nos papiers sous le bras, bien entendu ! Et là, on nous rassure : nos papiers sont tout à fait valables en tant que passeports, et les tests de Coggins doivent effectivement avoir moins d’un an et non pas moins de trois mois. Tant mieux, ça va nous faire des économies. Il nous reste juste à attendre ici l’arrivée des chaussures neuves pour nos juments. Nous avons les avons commandées surtout par sécurité : celles que nous avons ne sont pas encore usées. Mais comme on ne sait pas à quel moment nous pourrons avoir de nouveau une adresse de réception, mieux vaut prendre les devants.
MILLE GRAZIE, RENZO & NADIA
Quelques remarques :
Il paraît qu’il faut que je complète le dicton du dernier article : les habitants des autres villes sont jaloux !!!
Donc :
Veneziani gran signori
Padovani gran dottori
Vicentini mangia gatti (« magna gati » en veneto)
Veronesi tutti matti (tous fous)
Trevisani pan e trippe (mangeurs de pain et de trippes)
Rovigoti tabacco e pippe ou (deuxième version) Baco e pippe (« tabac et pipe » ou « vin et pipe », Baco étant Bacchus)
Bellununo ti si propio de nessuno (personne ne se préoccupe de toi)
NB : Les Rovigoti sont les habitants de Rovigo, en dialecte. En Italien, on les nomme Rodigini
On rencontre beaucoup de ce que nous appelons dans notre Berry des « têtiaux ». De ces arbres que l’on coupe et recoupe au fil des années, et qui ont le pouvoir de relancer sans cesse de nouvelles pousses. Chez nous, cette forme d’exploitation du bois est presque partout tombée en désuétude. Ici, elle est encore bien vivante, pour faire du bois de chauffage. Étonnant : presque tous ces têtiaux sont des platanes. Parfois, on croise d’autres essences.
Nombreuses plantations de peupliers destinés à la fabrication du papier. Ce sont des peupliers hybrides, appelés peupliers canadiens, qui poussent très vite. On les abat au bout de dix ans seulement. Ceux de la photo ont été plantés voici cinq ans.
On a appris des détails supplémentaires, qu’Oswald a beaucoup de mal à croire, au sujet des fameux tickets de caisse qu’on doit conserver. Il faut le garder cent mètres après être sorti du magasin. En cas de contrôle de la police financière, si on ne l’a pas sur soi, c’est 50 € d’amende. Si le commerçant n’a pas donné de ticket de caisse, pour lui, c’est 2000 € d’amende. Oswald fait systématiquement exprès de refuser le fameux ticket (scontrino) pour voir la réaction du commerçant. C’est toujours la même : « non, non, il faut le prendre... Si jamais il y a un contrôle... » On nous a raconté l’histoire d’un boulanger qui a donné un pain à un mendiant, bien entendu sans ticket puisque c’était donné, et qui a été obligé de payer les 2000 €. Il est vrai que nous avons souvent croisé les voitures grises de la police financière et qu’à Venise nous avons été témoins de l’un de leurs contrôles.
On vous refait le coup des bébés ? On craque ! Et cette fois, on a même vu un faire-part jumeaux !
À la prochaine en Slovénie !
Anne, 19 Avril 2015