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Il y aura un "avant" et un "après" 16/03/2015

5 Mars : Paderno Ponchielli – Robecco d’Olio 17 km

Les juments sont si bien, là, couchées... Ça fait de la peine de les réveiller !

Mais il faut partir. Sur la route, nous croisons encore de ces drôles d’usines à transformer la bouse en électricité. Car nous avons quitté les rizières pour pénétrer dans le fief des vaches à lait.

Et voyez-vous, nos juments sont attentives aux panneaux de signalisation !

Nous avions visé Pontevico, de l’autre côté de la rivière Olio, pour chercher une étape. Juste avant de traverser le pont, encore donc sur la commune de Robecco d’Olio, une voiture est stationnée, un homme debout à côté d’elle. J’arrête les juments pour lui demander s’il connaîtrait un pré, il répond : « Oui, chez moi ! »
Nous :
« Et c’est où, chez vous ? »
« Ici ! »
Nous avons juste à descendre le chemin. Un pré tout clôturé pour les juments ! Avec de l’eau tout à côté !

Et à peine avons-nous eu le temps de dételer que l’on nous apporte un plat tout chaud de pâtes au fromage !

Les deux plus jeunes enfants de la famille, Pietro (14 ans) et Ginevra (10 ans), on vite fait de faire ami-ami avec Océane et Noé... en les gavant de pommes !

Pendant que nous continuons notre grand nettoyage de printemps commencé à Paderno, avec l’idée de trier le superflu.

Paolo met à notre disposition une salle de bain nickel dont la porte ouvre à deux pas de Kaplumbağa. Merveilleux...

Les juments ont des copains à proximité : ânes, chevaux et poneys. Sans compter les chats !

Le soir, nous sommes invités à dîner avec la famille, et servis par le sympathique cuisinier Philippin très stylé, en tablier blanc, qui est un véritable cordon bleu. Nous nous régalons. Aldo, l’un des deux grands frères de Pietro et Ginevra, s’exprime dans un anglais très correct et sert d’interprète quand notre italien ne suffit pas. Arleen, le cuisinier, parle anglais lui aussi. Nous apprenons que Paolo collectionne les anciennes voitures à cheval, et les anciennes voitures automobiles.

6 Mars

Nous reparlons de l’éventualité d’abandonner la remorque, qui nous avait effleuré l’esprit quand nous avions pesé Kaplumbağa. Et nous avait de nouveau titillés après le virage mal pris à Paderno, quand la remorque est venue casser le clignotant de la roulotte. Oswald ne se sent pas prêt. Il faudrait tout réorganiser. Et nous voudrions que notre petite remorque, fabriquée avec amour, tombe entre de bonnes mains. Comment trouver quelqu’un d’intéressé ? Elle est un peu spéciale, quand même, et assez lourde. À quoi pourrait-elle bien servir ? Comme nous en touchons deux mots à Paolo, il nous propose de l’intégrer à sa collection. Wouaouh ! Mais ça nous bouscule un peu ! Si vite ? Et pourquoi pas, puisque l’occasion se présente !
Nous passons donc la journée à procéder à un tri drastique dans les vêtements, les outils, les papiers... Dur, dur ! Un grand tournant dans le voyage !

À midi, nous sommes de nouveau invités. Paolo n’est pas là, nous sommes reçus par Liana, son épouse. Et nous faisons la connaissance du fils aîné, Filipo. Toujours servis par Arleen qui met les petits plats dans les grands pour de vrai ! C’est à dire : on a une grande assiette plate devant nous, sur laquelle Arleen pose une assiette plus petite toute chaude pour servir les incontournables pâtes. Puis cette assiette est changée pour servir le plat de résistance, viande et légumes servis à part, les légumes étant présentés dans une jolie coupelle. Petite assiette creuse pour la salade, puis une coupe ou une petite assiette pour le dessert. Comme dans un restaurant de luxe !
Une vie de pachas, quoi !
Arleen et Oswald ont bien sympathisé.

On en profite pour faire faire le rappel de vaccination aux juments. Le véto détecte un problème de dentition chez Océane. Je lui ai demandé d’y regarder de plus près, parce que depuis quelques jours, Océane mâchouille bizarrement son mors. Le dentiste équin doit donc venir demain matin pour arranger la chose.

7 Mars

Toujours beaucoup de travail pour préparer notre nouvelle organisation !

Stefano, le dentiste équin, est venu ce matin râper les surdents d’Océane.

Puisqu’il était là, on en a profité pour lui demander d’examiner aussi Noé. On a bien fait. Elle n’avait pas l’air gênée, mais elle en avait besoin aussi.

Et tout ça, devinez ? GRATOS !!!
C’est pourtant pas donné, ce genre de boulot, normalement !
GRAZIE, GRAZIE, MILE GRAZIE, STEFANO !

Cet après-midi, Ginevra avait invité sa copine Giulia à venir monter sa jument. En dépit de leur jeune âge, les deux filles sont vraiment très débrouillardes avec les chevaux ! Bien entendu, elles chouchoutent Océane et Noé :

Et ça, je l’aurais parié, elles réclament à les monter. Comme j’ai pu constater leur débrouillardise, et avec l’autorisation des parents... je cède.

Nous profitons de la douceur de la soirée pour faire une longue promenade au bord de la rivière Olio. Il y a là une niche avec une petite Madone, comme on en voit partout en Italie, avec une inscription émouvante : cette Madone est dédiée aux victimes de la rivière. « Préserve-moi de mes ennemis et des eaux profondes. » Merveilleux coucher de soleil.

8 Mars

Oswald a récupéré les feux arrière de la remorque pour les monter sur la roulotte. Il faut aussi réparer le clignotant explosé dans l’incident de l’autre jour. Coup de chance, Paolo nous a déniché exactement le même cabochon. Alors, au boulot !

Paolo, en l’honneur de la Journée Internationale de la Femme, m’offre un bouquet de mimosa.

L’après-midi, Paolo et Aldo nous font visiter leur très personnel et invraisemblable musée de TOUT. Absolument incroyable. Nous nous attendions à une jolie collection de véhicules hippomobiles et à quelques vieilles voitures. S’il ne s’agissait que de ça ! Balances, cuisinières, lustres, mobylettes, pots de chambres, flippers, bouteilles, machines à coudre... J’en oublie. On ne peut pas l’imaginer si on ne l’a pas vu ! La visite en photos qu’on vous propose dans ce LIEN ne peut vous donner qu’un faible aperçu. On fait ce qu’on peut !
Ginevra en profite pour me présenter Giulia, sa jument chérie, que nous n’avions encore pas vue.

Au retour, nous apercevons de haut notre Kaplumbağa. Oswald en profite pour la prendre en photo. On la voit rarement sous cet angle-là.

Il ne nous reste plus qu’à prendre congé...
Comment pourrons-nous jamais assez remercier cette famille si vivante et si chaleureuse qui nous a permis de partager sa vie pendant ces quelques jours – tous les repas compris ???
GRAZIE, PAOLO ! GRAZIE, LIANA ! GRAZIE, FILIPPO ! GRAZIE, ALDO ! GRAZIE, PIETRO ! GRAZIE, GINEVRA !
GRAZIE PER LA VOSTRA CALOROSA ACCOGLIENZA E PER IL VOSTRO SORRISO SOLARE.

Et GRAZIE aussi à ARLEEN, le merveilleux cuisinier qui nous a régalé midi et soir pendant presque une semaine.

9 Mars : Robecco d’Olio – Milzano 11km

Notre première étape sans la remorque. Il y aura donc un avant et un après Robecco d’Olio.
Il faut quand même réussir à caser au moins un sac de foin, pour le cas où...

Étape courte et sans histoire. Pas très agréable : paysage tout plat sans rien de remarquable, et beaucoup trop de circulation !
Un parking de centre commercial.

Un très beau pré. Le propriétaire nous donne très gentiment la permission d’y installer nos juments.

Les carabinieri s’arrêtent, nous questionnent sur notre voyage... et ne nous demandent même pas nos papiers !
La route est trop passante, beaucoup trop bruyante, mais on fera avec. C’est juste pour une nuit.
Un passionné de chevaux s’arrête parler avec nous. Puis revient un peu plus tard avec un copain. Résultat : on est invités ce soir à partager une pizza avec eux. Et le soir venu, nous nous retrouvons à sept à la pizzeria ! Joyeuse fin de soirée...

10 Mars : Milzano – Gambara 9km

Nous venons de sortir de la roulotte. Une Wilma, qui tient le cabinet d’esthétique situé sur cette zone commerciale, vient nous proposer de prendre une douche avant de partir. Ben ça, c’est pas de refus ! Au sortir de la douche, Wilma m’offre un tube de crème pour les mains, un gros flacon de gel douche, et une lotion rafraîchissante aux herbes. GRAZIE, Wilma !

Surprise désagréable, ce matin. Noé a l’encolure toute gonflée : réaction au rappel de vaccin. Nous n’allons donc faire qu’une petite étape pour ne pas trop l’embêter.

Nous apercevons une ferme. Près de la ferme, un joli pré. Dans la cour de la ferme, un monsieur. Oswald descend donc demander l’hospitalité. C’est oui !
Océane et Noé ont donc droit au joli pré.

Et notre Kaplumbaga nous paraît toute petite à côté de l’énorme tracteur !

Cascina Predocca est une ferme où l’on élève des vaches laitières. Le trayeur est un très bel Indien sikh.

Et notre hôte nous offre une bouteille de lait tout frais tiré. Mmmmmmm.....

11 Mars Gambara – Quatro strade di Asola 21 km

Réveil à quatre heures du matin ! Eh oui ! C’est l’heure de la traite des vaches ! Comme nous sommes juste à côté de la salle de traite, ça fait du bruit... Compensation : nous avons droit à une nouvelle bouteille de lait frais.
Avant de reprendre notre route, nous faisons un petit crochet par le village de Gambara : On nous a demandé de venir présenter Kaplumbağa aux élèves de l’école primaire. Merveilleux moment ! Les sourires heureux des enfants nous payent plus que largement le détour !

Non loin de l’école, nous découvrons un petit distributeur automatique de lait, beurre, fromage et saucisson. Ça s’appelle : « cascine a piazza » (les fermes sur la place)

Voici un petit moment que nous n’avons pas donné de nouvelles d’Altaï. Eh bien nous lui avons appris à marcher sur le bas-côté droit, et à ne JAMAIS mettre un pied sur le macadam. Ce qui nous permet de le laisser courir en liberté, même sur les routes de moyenne importance. Désormais, nous ne le mettons en « sécurité » que pour traverser les bourgs et aussi quand nous sommes obligés d’emprunter des portions de route à grande circulation (que nous fuyons le plus possible, mais hélas, nous n’avons parfois pas le choix.)

À partir du moment où il reste sur le côté droit, Altaï a tous les droits. Il en profite pour patauger dans d’immondes bourbiers puants ! Fort heureusement, il se lave de lui même à l’eau claire un peu plus loin.

Nous changeons de province. Nous voici dans celle de Mantova. Nous nous trouvons désormais dans une zone de grande culture céréalière. On se croirait en pleine Champagne Berrichonne ! Cela veut dire : pas de prairie.
Après avoir longtemps cherché un endroit propice pour s’arrêter, voici, en pleine cambrousse, tout ce que nous avons pu trouver, au fond d’une impasse.

Pour changer un peu, et pour me faire traiter de rabâcheuse : à peine les juments au pré, qui voilà ? Polizia. Pas possible ! Nous sommes pourtant très en retrait de la route. Cette fois, nous osons demander aux vigili (très sympas, ce qui ne les empêche pas de nous réclamer nos « documenti »)ce qui les amène ici. Un coup de téléphone, nous répondent-ils. Il y a quelques maisons non loin. On nous a vus. Oswald demande aux flics s’ils savent où nous pourrions avoir de l’eau. Aussitôt, ils téléphonent à l’un des habitants d’une maison voisine qui arrive, un grand sourire aux lèvres, assurant qu’on peut se servir chez lui à volonté. Et qu’il ne faut surtout pas donner aux juments l’eau du fossé passant à proximité : pas plus tard qu’hier tous les poissons qui vivaient là-dedans sont morts ! Empoisonnés par du pipi de cochon, nous a-t-on expliqué. L’endroit est cependant très fréquenté par les aigrettes et les hérons cendrés...
Le téléphone Italien fonctionne aussi bien que son célèbre confrère Arabe : défilé de visites ! Dont celle d’une exubérante journaliste qui nous promet de nous faire parvenir un exemplaire du journal où paraîtra notre interview.

Elle nous photographie.

Et en fin de soirée, une dame avec ses deux enfants vient nous apporter une « torta d’Asola », la spécialité de la ville. Délicieux !

12 Mars

L’article est paru dans le journal ce matin, et à 8 heures, nous avons déjà la visite d’un meneur qui voudrait construire sa propre roulotte et qui vient aux renseignements !

Et du coup, cet après-midi, tiens donc ! V’là l’journaliste de la feuille de chou concurrente ! Re- interview ! Il commence à m’interroger en anglais, mais je repasse très vite à l’Italien. Ben oui, à force de bavarder dans ce pays, voilà que je me sens bien plus à l’aise avec l’italien qu’avec l’anglais. Ce n’est pas encore le cas d’Oswald...

Quelques remarques

- Nous venons de traverser une région où la principale production agricole, c’est l’élevage des vaches laitières. Les superficies des cascine sont très peu étendues par rapport au nombres de vaches nourries : entre 100 et 150 vaches pour 30 à 50 hectares. Les vaches restent en stabulation, à proximité de la salle de traite. Elles sont nourries avec du foin et de l’ensilage. Les tas d’ensilages sont gigantesques. C’est un ensilage où sont mélangés herbe, luzerne et maïs.
Ces élevages sont trop peu importants pour investir dans la méthanisation des excréments. Cependant, beaucoup emploient des salariés, pour la plupart d’origine étrangère. Moins exigeants au niveau des salaires ?

- Nous avons vu des choses impensables en France : l’écoulement de ces « choses » dans les fossés, sans aucun système d’épuration. Inutile de préciser l’état de l’eau ! Nous n’osons pas y faire boire nos juments, mais Altaï ne nous demande pas la permission pour y patauger avec délice !

- Un éleveur nous avait expliqué qu’il avait des champs « d’erba medica » en montagne, pour ses vaches. De l’herbe médicinale pour complémenter l’alimentation des vaches ? Quelle bonne idée !
Quand d’autres éleveurs nous ont parlé d’erba medica, j’ai commencé à être intriguée. Quelles herbes pouvaient bien cultiver tous ces gens pour soigner leurs vaches ? Oswald a demandé à l’un d’eux de nous montrer cette fameuse « erba medica ». Hum ! Hum ! Il s’agit tout bonnement de la luzerne ! Et ce n’est pas une appellation populaire ou locale. J’ai vérifié dans mon petit dictionnaire. Luzerne se dit bien, en Italien, « erba medica ». Et medica ? Ça signifie effectivement « médical ». Ma méprise a donc quelque excuse.

- J’ai parlé de notre entrée dans la province de Mantova. En fait, ce que les Italiens appellent « provincia » correspond grosso modo à nos départements. La provincia porte le nom de la ville principale. Comme si le département de l’Indre s’appelait « département de Châteauroux. »

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