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Allier, Allier, quand tu nous tiens ! chapitre 2 : Le Courty

11 Août. Enfin, nous pouvons quitter Trézelles ! J’ai le bras droit encore encoqué, mais ça devrait pouvoir aller. Et ça va bien, effectivement. Les juments marchent gaiement. Paysages vallonnés, vaches, bosquets... Route minuscule et très plaisante, qui fait penser à Oswald aux routes allemandes, tellement elle est cahoteuse ! (Eh oui ! Oswald est surpris par l’excellent entretien des routes de campagne en France. Il paraît qu’en Allemagne, c’est très loin d’être le cas ! Comme quoi, les idées reçues...) Nous avons visé Barrais-Bussolles, à 13 km environ, comme prochaine étape. Et voici qu’un peu après la Tuilerie, où nous sommes aimablement arrêtés par les autochtones pour une séance photos, un tracteur nous double, s’arrête, un aimable monsieur en descend et vient me serrer la main. « permettez-moi de vous féliciter, dit-il simplement, mais c’est tellement beau ! J’ai un pré un peu plus haut. Si vous avez besoin d’un endroit pour stationner... »
Ah ça, c’est pas de refus ! Nous sommes encore à trois kilomètres de Barrais-Bussolles, mais on ne joue jamais au héron ! (Vous savez, celui qui avait un long bec et qui était emmanché d’un long cou... Ah ? Vous avez oublié ? Oh ! Vous avez bien un petit recueil des fables de la Fontaine qui traîne dans un coin. Souvenir d’école. Jetez-y donc un coup d’œil !)
Et puis je commence quand même à ressentir quelques crampes dans le bras droit.
Oh merveille ! Un immense pré tout clôturé ! Donc : pas de corvée clôture.
Il y a ici une immense remorque qui sert de Rendez-vous de chasse à la saison. Notre Kaplumbağa paraît toute minuscule à côté.

Et avec un point d’eau s’il vous plaît ! Donc : pas de corvée d’eau pour approvisionner les juments !

Notre inviteur, Michel, n’habite pas sur place. Il est agriculteur, mais sa ferme se situe plus loin, près de Lapalisse. Il possède ici quelques hectares de prairie. Il élève des vaches, des chevaux comtois... et collectionne les anciens tracteurs. Un vrai passionné !
Nous nous installons donc, et peu après, Sylvie et Patrick, les habitants de la ferme voisine, le Courty, viennent nous rendre visite. Eux aussi élèvent des chevaux. Des shagya. Ils sont très intéressés par notre aventure.
Et nous qui ne pensions rester ici qu’une seule nuit ! Comme on peut se tromper, parfois.
Le lendemain matin, alors qu’Oswald avait tout préparé pour le départ, je suis clouée par un mal de tête qui refuse de céder. Je ne me sens vraiment pas en état de mener les juments. Inutile de prendre des risques inutiles. Et Michel nous dit que nous pouvons rester aussi longtemps que nécessaire. Il ne pouvait imaginer, le pauvre, à quel point sa proposition allait nous être précieuse.
Encore un lendemain. 13 Août. Cette fois, je me sens en pleine forme. C’est le ciel qui est plombé. La pluie tambourine autant qu’elle peut sur la roulotte. On attend. Le vent pousse les nuages et un coin de ciel bleu apparaît. Nous décidons de partir, en dépit du vent qui souffle très fort. Les juments semblent un peu énervées. On garnit. On amène les juments au timon. J’y attache Océane. Noé doit avancer encore un peu. Oswald l’encourage de la voix. Mais au lieu de se placer le long du timon, la canaille se tourne. Ce n’est pas bien grave, ça lui arrive de temps en temps. Il suffit de la ramener le long de la roulotte et de la faire avancer. Que se passe -t-il alors dans sa tête ? Pourquoi ? Comment ? Le vent ? Noé tire un grand coup sur la longe. Oswald ne s’y attendait pas. Il lâche ! Et voici notre Noé partie au galop vers le fond du pré, tout harnachée ! Évidemment, Océane s’énerve ! Elle ne supporte pas de quitter sa sœur d’une semelle. Pour qu’elle ne casse rien, je décroche la boucle de timon. Océane se met à tourner autour de moi en hennissant comme une désespérée. Comme le pré est pentu, Noé a disparu de notre vue. Je rappelle que je n’ai que ma main gauche pour retenir mon affolée ! J’appelle Oswald au secours pour qu’il vienne m’aider à l’attacher, le temps qu’on récupère Noé. Il me crie de lâcher Océane (il a eu peur pour moi ? Que je me fasse une nouvelle fois du mal ?)
« Tout est clôturé ! Ça ne risque rien... Elles vont se rejoindre, se calmer, et alors on les reprendra. »
Bien sûr. C’est ce qui aurait pu se produire. Sauf qu’Océane, ne voyant pas Noé, au lieu de descendre vers le bas du pré, galope vers la clôture électrifiée qui donne sur la route. C’est un simple fil de fer et non le ruban blanc auquel elle est accoutumée. Elle ne le voit pas, fonce dedans et casse tout. La voilà partie sur la route au grand galop ! Noé, qui s’en rend compte, rapplique à toute vitesse, ne nous écoute aucunement, et fonce à son tour sur le macadam !
Allez suivre des chevaux fous, avec vos deux pauvres pattes d’humain.
Nous marchons à grands pas. La pluie se remet à tomber avec violence, froide, piquante et pénétrante, asticotée par le vent. Partis à la poursuite des juments sans aucune protection contre les intempéries, nous voici trempés... mais ce n’est pas le moment de penser à notre petit confort. Arrivés à la Tuilerie, une femme nous monte obligeamment dans sa voiture... mais pas Altaï, qui nous a suivi jusqu’ici. Pauvre Altaï ! Obligé de suivre la voiture au galop ! Environ un kilomètre plus loin... le juments sont là, plantées au milieu de la route, immobiles, tête basse. Je descends de la voiture, soulagée. Pas pour longtemps ! Nos deux louloutes sont déchiquetées de partout. Méchante haie de ronces ? Barbelés ? Le saura-t-on jamais ? (Quelques jours plus tard, en reprenant la route à pied, nous découvrirons les barbelés probablement responsables.) Pour l’instant, il s’agit de les remonter jusqu’au Courty : 4 kilomètres. On les dégarnit, et on laisse les harnais sur le bord de la route. Qui viendrait nous les chiper ici ?
Océane boite et tire, mais ne marche pas trop mal. Impossible de déplacer Noé. Je demande à Oswald de marcher devant avec Océane. En voyant sa sœur s’éloigner, Noé se décide à suivre. L’intérieur du postérieur gauche et salement égratigné, mais ça semble assez superficiel. Sous le coude, à l’antérieur droit, une grosse plaie béante qui ne me plaît pas du tout. Et la pauvre Noé a bien du mal à poser ce pied-là au sol. Quant à Océane, elle refuse absolument de poser un seul sabot sur le goudron. Par contre, sur l’herbe du bas-côté, elle avance relativement bien, en boitant. Une heure pour remonter jusqu’au Courty, sous une pluie battante.
Sylvie et Patrick nous proposent d’amener les juments chez eux, afin de doucher leurs blessures et d’examiner les plaies. Ce que nous faisons, Sylvie et moi, pendant que Patrick emmène Oswald en voiture pour récupérer les harnais.
Dans l’après-midi, le vétérinaire est ici. Il hésite longuement avant de recoudre la vilaine plaie sous le coude de Noé : cela fait maintenant plus de 4 heures que l’accident s’est produit, et la suture risque de ne pas tenir. On finit par décider de recoudre quand même. Antibiotiques, anti-inflammatoires, sérum antitétanique (par mesure de précaution supplémentaire, bien que les juments soient vaccinées.) Les plaies d’Océane semblent assez superficielles et ne causent pas grande inquiétude. En soulevant le pied de Noé, l’antérieur droit, je m’aperçoit que sur une longueur d’environ 5 cm, pour une largeur d’1 cm, il n’y a plus de sole ! Le sabot est à vif ! Toutes les précautions, tous les soins méticuleux aux pieds des juments pour en arriver là...
14 Août. Océane reste beaucoup couchée. Ses deux postérieurs sont terriblement enflés.
Je lui redonne une seringue d’anti-inflammatoire.
15 Août. Impossible de relever Océane.

Quand on y parvient enfin, c’est pour se rendre compte qu’elle ne s’appuie plus du tout sur son postérieur gauche. Elle est incapable de faire un pas.
Re-vétérinaire. Il soupçonne une myopathie due au galop effréné. Perfusion. Comme Océane ne peut pas bouger, je lui apporte du foin et de l’eau. Elle broute de l’herbe, même, mais sans se relever !

Donc elle mange et boit,ce qui est plutôt bon signe. Noé, pas trop vaillante non plus, ne quitte pas sa sœur d’une semelle. Altaï tourne autour de ses deux copines, les câline, les encourage d’un coup de truffe. Il donne vraiment l’impression de comprendre que quelque chose ne tourne pas rond.

16 Août. Le vétérinaire repasse. Il est perplexe. Il pense à un possible problème de tendon. Ça ne peut pas être fracturé, quand même : Océane est remontée jusqu’ici sur ses quatre jambes ! Le véto téléphone à un collègue, spécialiste des chevaux, qui pourrait venir faire une radio et une écho, pour un diagnostique fiable. Celui-ci est en vacances et ne pourra passer qu’en début de semaine prochaine. Mais il parle quand même d’une possible fracture de phalange.
Sylvie connaît un autre vétérinaire qui ne s’occupe que des chevaux. Il est équipé lui aussi de matériel portable pour radiographier. Elle propose de l’appeler.
Ouf ! Il peut venir cet après-midi. Au moins, nous serons fixés.
Pas besoin de matériel sophistiqué. Une simple pince à sonder, et notre spécialiste diagnostique... Un abcès sous le sabot. Il gratte d’un coup de rénette, appuie sur la sole bombée. Il en sort d’impressionnantes flopées de pus ! Le véto confectionne un gros pansement imbibé de bétadine, ré-injecte un antibiotique, et nous posons une sandale pour tenir le tout.

Je profite de la présence du vétérinaire pour soulever l’antérieur droit de Noé et lui montrer la sole râpée. Il n’y a pas d’infection, mais il me conseille de lui faire aussi un pansement à la bétadine et de poser une sandale.

D’après lui, il y en a pour une huitaine de jours. (Je préfère imaginer qu’il y en aura pour un peu plus longtemps que ça. Une semaine, ça me paraît bien court. L’avenir me donnera raison.)
Je vous passe les détails des soins bi-quotidiens, des bains de pied dans l’eau de javel (rien de mieux comme désinfectant, mais grosse réticence d’Oswald : en Allemagne, l’eau de javel est interdite pour des questions environnementales. Il est surpris qu’ici, on puisse s’en procurer si facilement dans n’importe quelle grande surface) de la corvée des injections de bétadine dans le sabot (ça pique ! Ça fait mal ! Océane n’apprécie pas du tout !) et des morceaux de pain dur donnés pour consoler (c’est pas si méchant que ça, un humain)
Chaque jour un petit pas vers le mieux. Océane repose son pied par terre, s’appuie dessus. La suture sous le coude de Noé a tenu le coup, et la plaie cicatrise. Les juments se déplacent de nouveau d’un bout à l’autre du pré. Plus de corvée d’eau ! Elle recommencent à s’abreuver toutes seules à la mare. Elles étaient déjà pot-de-colle, elles le sont devenues encore plus.
Dans la bagarre, l’une des boucles de trait a été perdue. Sylvie nous emmène à l’école d’attelage des Bergers, à une dizaine de kilomètres d’ici, où l’on vend du matériel d’attelage. Nous achetons deux boucles, du coup ! L’une pour remplacer la boucle perdue, l’autre pour en avoir une de secours au cas où !

Heureusement, comme d’habitude, nous avons de la chance dans notre malheur. Le Courty se situe tout en haut d’une colline, et nous avons de là un point de vue qui porte très loin.
Si nous regardons vers le Sud : la chaîne des puys. Parfois très nets, souvent dans la brume, ils font le dos rond à l’horizon. Crête de dragon, d’un beau gris-bleuté.



Le temps est toujours nuageux. Chaque fois que le soleil apparaît il nous réchauffe agréablement, mais le fond de l’air reste toujours un peu frais. Ne nous plaignons pas. Un ciel toujours bleu, c’est plutôt monotone ! Grâce à la fraîcheur de l’été, aux pluies intermittentes et aux nuages, nous admirons chaque jour des explosions de couleurs toujours changeantes. Pas besoin de feu d’artifice pour s’extasier... artificiellement. Dame Nature nous offre chaque jour ses grandioses spectacles. Nous n’avons plus qu’à nous asseoir et à contempler, muets d’émerveillement.


Longues balades dans la nature, découverte des chemins environnants. Il faut d’abord marcher un peu sur la petite route goudronnée. Elle est si peu passante que ce n’est pas très gênant. Mais j’ai toujours un préjugé contre le goudron quand je me promène à pied. Ça ennuie beaucoup moins Oswald, qui trouve même ça plutôt confortable pour marcher. Ensuite, on découvre les VRAIS chemins. Qui montent en haut des collines, descendent au fond des combes où nous tombons sur de charmants ruisseaux.





Vaches tranquilles et curieuses. Ruines de fermes abandonnées.

L’été avance. Des fleurs partout : salicaire, eupatoire, centaurée, séneçon jacobée, douce-amère, épilobe, chèvrefeuille (oh ! Ce parfum !), grande berce, bouillon-blanc, carotte sauvage, guimauve, asters, millepertuis, bruyère callune, encore même quelques rares bleuets, marguerites et coquelicots ; un bouton d’or attardé... bref, un festival de couleurs. Les prairies naturelles sont couvertes de mauve, de blanc, de jaune, de bleu...et de vert, un peu, quand même !

Et si l’été avance... les fruits mûrissent ! Nous nous gavons de poires sauvages, de petites pommes acides, de raisins aux minuscules grains pourpres trouvés sur des vignes ensauvagées... et surtout de mûres ! Ici, elles sont très grosses, savoureuses, faciles à cueillir, et surtout fort abondantes !

Les plus belles, nous les avons cueillies, cela ne s’invente pas, dans un minuscule hameau nommé... « Village Dessert » ! La preuve :

À Village Dessert, il y en avait tellement que nous en avons récolté assez pour confectionner des confitures. Ce n’est pas très pratique, sur notre petit réchaud, avec nos petites casseroles, mais enfin, nous y sommes parvenus quand-même ! Et depuis, nous nous en régalons au petit-déjeuner. Je crains bien qu’il n’en restera plus pour l’hiver !

Nous avons aussi marché jusqu’au village de Barrais-Bussolles, commune sur laquelle se situe le Courty, à environ 3 kilomètres de notre petit port.
Tout petit village, sans aucun commerce, avec une mairie minuscule,

et une église si bien cachée que nous ne l’avons pas trouvée ! Pourtant, nous avons entendu sonner la cloche ! Donc elle doit bien exister quelque part ! (Nous avons appris ensuite qu’elle se trouve plus loin, hors du village.)
Oswald y a photographié ce portillon pour ma collection « photo de portails ».

Un beau matin, nous sommes allés à Lapalisse avec Patrick (qui va y chercher son pain tous les matins), et nous lui avons demandé de nous y laisser : nous reviendrions en auto-stop. Oswald l’avait déjà fait seul par deux fois, pour faire quelques courses sans retarder Patrick. Il avait sans trop de problème trouvé une voiture pour le retour.
Nous voulions profiter de l’occasion pour visiter la ville. Lapalisse ! Son château ! Ses vérités !!!
Nous avons commencé par un bon chocolat chaud, avec croissants, pains au chocolat et pains aux raisins dans un petit bar du centre-ville.
Nous avons flâné dans les ruelles.



Le château, nous en avons fait le tour : l’entrée du parc est gratuite.


Dans le parc, nous avons découvert une vieille locomotive qui est paraît-il la dernière survivante de son espèce, et qui a été sauvée in extremis de la casse par un passionné, au début des années 1980. C’était la locomotive d’un petit train en fonction lors de la première guerre mondiale. Elle est désormais classée monument historique. Et comme elle est née en 1914, elle fête cette année son centième anniversaire.

Quant aux fameuses vérités, nous nous sommes contentés de les contempler dans les vitrines. Beaucoup trop cher pour ce que c’est. (Préjugé ? Après tout, c’est peut-être un tel délice que ça en vaut la peine ? Mais tout de même, plus de
20 € la boîte de bonbons... ) Il faut bien que les commerçants profitent un peu du tourisme, d’accord. Tant mieux pour eux.


Et puis, après avoir fait quelques courses au super-marché, nous avons mangé au restaurant, quelque part dans Lapalisse. Recommandé par le tenant du bar de ce matin. Oswald a bien soupçonné qu’après-tout, ça pouvait être un cousin ou un copain qu’il avait envie d’aider un peu. Il n’avait sans doute pas tort. À ce compte-là, je suis capable moi aussi d’ouvrir un restaurant. C’est pas trop compliqué d’ouvrir une boîte de conserves et de la faire réchauffer ! Le pire, c’est que ce n’est pas la première fois que pareille mésaventure nous arrive...
Après le déjeuner, retourner au Courty en auto-stop.
La route n’est pas très passante, c’est le moins que l’on puisse dire.
Ce n’est pas la bonne heure, en plus : les gens des villages qui travaillent à Lapalisse rentrent chez eux à cinq ou six heures du soir, pas en début d’après-midi.
Peut-être aussi que j’ai une sale tête ? On m’a déjà dit que je faisais peur aux gens. Ou que je les impressionnais. Au premier abord, en tout cas. Ah bon ?
Pauvre Oswaldito !
Nous marchons, en attendant qu’une voiture veuille bien s’arrêter.
Et pour avoir fait des courses, nous en avons fait. Y compris six litres de lait ! On aurait au moins pu se passer de ça. À soulever le sac à dos, à l’estime, comme ça, il doit bien peser une vingtaine de kilos ! Je propose à Oswald de le relayer de temps en temps pour porter. Il est horrifié ! « Pas question ! Et ta colonne vertébrale ? Tu y penses, hein, à ta colonne vertébrale ? »
On s’arrête faire des pauses. Une voiture passe, quand-même... et ne s’arrête pas. Deux, trois, quatre...
Quand la septième, enfin, finit par nous ramasser (un couple de vacanciers de la Loire Atlantique) nous avons déjà parcouru environ six kilomètres. Pour moi, ça allait. Mais pour Oswald, chargé comme un bourricot ! Enfin, bien que ce ne soit pas tout à fait leur route, nos deux ramasseurs nous ramènent jusqu’à la roulotte. Ils sont en vacances, et ça les intéresse de regarder notre installation.

Cela ne nous a pas empêché de renouveler l’expérience quelques jours plus tard. Mais cette fois, après avoir fait nos courses, nous les avons confiées à Patrick qui les a remmenées dans sa voiture. De cette façon, notre sac à dos ne contenait cette fois que nos imperméables (pour le cas où... et nous n’en avons même pas eu besoin !) Donc, même si nous devions parcourir à pied tout le chemin du retour, cela ne ferait jamais qu’une longue et pas désagréable promenade.
Et pourquoi donc retourner ainsi à Lapalisse ? Parce que entre temps, nous avons découvert l’existence, dans cette charmante petite ville, d’un important musée de l’art brut, « L’ART EN MARCHE » connu paraît-il mondialement, du moins par les personnes qui s’intéressent à ce bidule un peu bizarre. Nous étions donc bien curieux de le visiter. Palsambleu ! Nous n’avons pas regretté le détour ! Il y en a là-dedans vraiment pour tous les goûts. C’est divers, c’est varié, on y trouve des merveilles et des monstruosités. Seulement, le truc, c’est que ce qu’Oswald appelle merveille, je le trouve monstrueux, et ce que moi j’appelle merveille, Oswald le trouve monstrueux ! Bon. N’exagérons rien, quand même. Nous avons réussi à trouver quelques points d’accord...
Merveille ou monstruosité ? À vous de décider en jetant un coup d’œil, si le cœur cous en dit, à notre article intitulé « L’ART EN MARCHE ». Ou plutôt, pardon, « LARD EN MARCHE », vous comprendrez pourquoi en jetant un coup d’œil aux élucubrations d’Oswald.

Et enfin, dimanche 7 Septembre, départ du Courty, pour Arriver à Montaiguët, notre dernière étape dans l’Allier.
Mais l’Allier, décidément, refuse de nous lâcher !
Si nos deux coquines ont un peu rechigné à l’idée de reprendre le boulot, elles se sont ensuite, sur la route, fort bien comportées. Nous n’avons pas eu d’autre incident que la perte du petit coussin sur lequel s’assoit Oswald, qui a dû tomber à un moment où il descendait de la roulotte. On ne s’en est pas aperçu tout de suite, et on n’a pas fait demi-tour pour aller le chercher !
Pas de boiterie, une bonne allure.
Pourtant, le lundi matin, Noé était toute raide et marchait difficilement. On culpabilise. On est peut-être repartis trop tôt !
Vétérinaire, encore. (Le même qui avait diagnostiqué l’abcès d’Océane)
Eh bien , c’est une fourbure !!! Nos bestioles, qui n’ont rien fait d’autre que de se gaver d’herbe verte (dont du trèfle en abondance) pendant plusieurs semaines. Par dessus le marché, Oswald allait leur couper de la luzerne, comme friandise supplémentaire !

Elles ont tellement engraissé qu’au départ du Courty, le collier de Noé ne lui allait plus ! Heureusement qu’il restait un réglage, nous avons pu l’ajuster tant bien que mal, mais juste juste ! Et voilà le résultat : fourbure... Il ne manquait plus que ça à notre collection de petites misères ! Ce sera quoi, la suivante ?
Donc, rester encore quelques jours dans l’Allier. Et mettre les juments à la diète ! Pas si facile ! Dans la pâture trouvée à Montaiguët, elles ont de l’herbe jusqu’au ventre !

Mais quand je disais qu’une bonne étoile veille sur nos malheurs !
Ici vivent une Florence et un Raphaël, avec Sandro, leur adorable bambin de deux ans et demi. Ils pratiquent l’équitation western et éthologique. Raphaël, au premier coup d’œil, juste en nous voyant mener en longe nos juments, a compris qu’il avait « quelques petits trucs à nous apprendre » !
Ce sont eux qui nous ont prêté un bout de terrain où l’herbe est rase, et qui nous fournissent le foin nécessaire pour lester un peu l’estomac des juments.
Puisque nous devons prolonger un peu notre séjour, nous en avons profité pour commander le bouquin de Pat Parelli, que Florence et Raphaël nous ont si chaudement recommandé.
Et à la lecture de ce livre, ce sont mes larmes, qui ont été chaudes !
Parce que s’est brusquement ouvert devant moi un monde dont je soupçonnais bien l’existence, mais que je n’avais jamais pris le temps d’explorer.
Eh oui. On m’a appris à aborder les chevaux de façon « normale ». C’est à dire « dans la norme ». C’est à dire « faire ce que tout le monde fait sans réfléchir »
Le coup est rude.
N’empêche : en trois jours de temps, avec quelques jeux très simples à mettre en œuvre, le comportement de nos juments a sérieusement commencé à changer. Non pas qu’elles n’étaient pas gentilles, loin de là... Mais pas toujours tellement faciles non plus. Elles deviennent plus attentives, plus à l’écoute. Mais ça n’est pas évident pour elles non plus. Elles doivent se dire quelque chose comme : « mais quelle mouche les pique, tout-à-coup ? »
Oswald potasse le livre. C’est peut-être, dans un certain sens plus facile pour lui que pour moi. Vu qu’il ne connaissait rien au chevaux, il découvre. Avec curiosité. Moi, je suis obligée de remettre en cause mes acquisitions, et surtout la routine, les vieilles habitudes.
La difficulté de cette lecture, pour Oswald, c’est que le bouquin est écrit pour des personnes ayant déjà un minimum de connaissances et de vocabulaire équestre.
Par exemple : « peux-tu m’expliquer ce qu’une assiette vient faire là-dedans ? » pour Oswald, une assiette est un récipient dans lequel on mange, pas l’équilibre du cavalier sur son cheval !
Conclusion : si Noé n’avait pas eu cette fourbure, nous n’aurions pas découvert tout cela... Car je n’ai aucun doute sur le fait que ces nouvelles relations que nous sommes en train d’entamer avec les juments vont changer quelque chose à notre aventure. Bien sûr, ça ne va pas se faire du jour au lendemain sur un claquement de doigt. Il va falloir y passer du temps. Mais justement, nous avons tout notre temps.
Notre petite vie à Montaiguët, ce sera pour le prochain article, en espérant qu’à ce moment-là, nous aurons enfin quitté l’Allier !

À BIENTÔT

12 Septembre 2014
Anne

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