Avant de commencer cet article, je dois préciser quelque chose de très important :
Depuis que nous suons sang et eau chaque jour devant ce fichu ordinateur pour que vous puissiez nous accompagner un peu le long de notre route, c’est Bernadette qui fabrique TOUS nos montages photo. Y compris les petites légendes qui les accompagnent. Ceci, à la vitesse de l’éclair. On lui demande un montage, ou dix montages, et hop ! Le lendemain il se trouve dans notre petite boîte de courriel. C’est FANTASTIQUE !
Un GROS, GROS, GROS MERCI à toi, BERNADETTE !!!!!!!
Il y a les jours où on roule, et les jours où on ne roule pas... Mais quoi qu’il en soit, la matinée commence toujours de la même façon. Seule différence : les jours où on roule, c’est à 6 heures, ceux où on ne roule pas, disons entre 7 h 30 et 8h 30, selon l’humeur...
Donc, Oswald se lève. Je dois préciser qu’Oswald est un homme extrêmement autoritaire : il m’interdit strictement de me lever tant que le petit déjeuner n’est pas prêt ! Et moi, comme une idiote qui n’a pas encore su se libérer de l’autorité maritale, je lui obéis bêtement. Je me prélasse sous la couette, je rêvasse, ou je lis, ou je me casse la tête sur des mots croisés...
Pendant ce temps, Monsieur Oswald se permet de faire tout ce dont il a envie. Tout d’abord, il va promener le chien... ce qui retarde l’heure du petit déjeuner, alors que j’ai grand faim ! Vraiment, il n’a aucun égard pour sa femme, celui-là ! En plus, il sert la gamelle d’Altaï avant de remonter dans la roulotte. Et voilà : plus d’attentions pour le chien que pour moi !
Ensuite, il rentre et met l’eau à chauffer pour son café et mon thé. Puis il coupe mes tartines.
Depuis le début de ce voyage, je m’obstine à lui dire que deux tartines me suffisent, et depuis le début, il s’obstine à m’en préparer trois ou quatre. Et si on se trouve dans un village où il existe encore une boulangerie (fait devenu assez rare), ça retarde encore l’heure de manger. Parce que Monsieur, sans demander mon avis, va acheter des croissants. Et il ne se contente pas de m’en acheter un ! Non ! Il faut qu’il m’en ramène deux. J’ai beau lui rabâcher qu’un me suffit, il ne veut rien savoir. Quand je vous disais qu’il est abominablement autoritaire !
Comble des combles, il arrange joliment les tartines sur une planchette en bois et les dépose sur la tablette près du lit.
Et ce n’est qu’après avoir tout avalé que j’ai enfin l’autorisation de me lever...
Bon quelquefois, je me dis que quand même, mon comportement soumis et obéissant fait un peu démodé. Donc, je me rebelle sérieusement (avec la trouille de me faire engueuler.) Voici comment : je profite de ce qu’Oswald est parti avec Altaï pour me lever subrepticement, remplir d’eau la casserole et allumer le réchaud. Il m’est arrivé (très rarement) d’avoir le temps de préparer le thé et le café, et même de couper quelques tartines.
Je dois en toute honnêteté reconnaître que dans ces cas-là, Oswald sait faire preuve de grandeur d’âme et de magnanimité : il s’abstient de m’invectiver.
Le Oswald, ce qu’il ne supporte vraiment pas, c’est que les mouches lui tournent autour pendant qu’il avale son petit déjeuner. Lui qui, plein de compassion, recueille entre ses mains une grosse limace rouge égarée sur la route et la repose plus loin, dans l’herbe, avec une grande délicatesse, pour lui éviter provisoirement l’écrasement... Eh bien contre les mouches, il est sans pitié ! Dans ces moments-là, il oublie totalement que c’est une petite vie qui mérite autant que les autres de vivre. C’est seulement une chose noire et désagréable, qui s’obstine à lui chatouiller horriblement la peau, et qu’il est urgent de détruire au plus vite. Ça tourne à l’obsession. En dépit du beau rideau anti-mouches made in china (je précise qu’Oswald n’achète pas d’ail importé d’Argentine : trop d’énergie grise gaspillée, mais qu’il estime de son devoir d’aider les chinois à développer leur économie) acheté dans un quelconque Top-Fouille, il y a toujours quelques exploratrices imprudentes qui pénètrent à l’intérieur de notre douillet cocon. Donc le cher Oswald avale son petit déjeuner avec la tapette (probablement made in Taiwan) sur les genoux.
Et il s’en sert aussi souvent que nécessaire !
QUAND ON ROULE...
… la vie n’est pas un long fleuve tranquille !
Après le petit déjeuner, au boulot ! Surtout si le temps promet d’être chaud, on essaie de partir le plus tôt possible, pour éviter la sueur aux deux juments.
Maintenant, on a à peu près pris le rythme :
1) Appeler les juments, leur donner leur petit croûton de pain dur (on a pris cette habitude après leur fugue : peut-être que si cette mouche les repique, elles auront au moins l’idée de revenir au matin chercher leur friandise ???) leur passer le licol, les attacher.
2) Oswald enroule le ruban de la clôture électrique,
pendant que j’arrache les piquets.
Au début du voyage, pour le pauvre Oswald, c’était une épouvantable corvée. Nous n’avions pour enrouler le ruban que la bobine noire sur laquelle il nous avait été vendu. Oswald y avait installé... une cuillère en bois pour la tourner plus facilement.
Mais le ruban s’entortillait sans cesse sur lui-même, cela prenait un temps fou de le remettre à plat, et l’enroulage était extrêmement pénible et épuisant. Fort heureusement, nous avons trouvé à Boussac une enrouleuse adéquate, qui est très facile à manipuler et évite tout méli-mélo. Ça va quatre fois plus vite, et ce n’est pas fatiguant. Comme quoi, des fois, il ne faut pas grand chose pour changer la vie ! Ça nous a coûté 20 Euros, mais même à 50, même à 100, ça aurait valu le coup (le coût). Je le précise pour ceux que l’aventure tenterait : si vous voulez vous trimbaler avec une clôture électrique, achetez une enrouleuse ! Des fois, le bricolage maison, ça vaut la peine, mais d’autres fois, pas du tout !
3) Ensuite, Oswald vide et ramène l’abreuvoir,
range la clôture, pendant que je m’occupe des pieds des juments (nettoyage, vérification de leur état, en fonction de quoi je dois décider : pieds nus ou clogs ?)
4) Puis pansage (Oswald s’occupe de Noé, et moi d’Océane. Ne me demandez pas pourquoi, ça s’est fait tout seul, comme ça, sans réflexion, dès le début) : on joue de la brosse, on écrase les mouches plates qui grouillent sous la queue, on traque la tique, on grattouille, on papouille, on badigeonne la petite plaie au bickmore, on nettoie au sérum physiologique un œil pleureur, bref, on bichonne ces demoiselles...
5) Après quoi, il faut garnir. Ça, on fait ensemble. Pour poser les colliers et brider les juments, Oswald est indispensable : depuis ma fracture de vertèbre, je ne peux plus lever les bras au maximum. (déjà que je n’étais pas bien grande, voilà que cette fichue opération m’a fait perdre deux centimètres... résultat, je toise tout juste 1,52 m) Je ne suis même plus capable de brider toute seule une jument ! Ça m’agace, mais il faut bien que je l’accepte... Quand aux colliers, je peux les porter, mais pas les lever à bout de bras. Donc du boulot pour Oswald, qui s’y est très bien mis, il faut dire. Le voilà presque devenu pro ! Vu la trouille qu’il a des chevaux, chapeau ! Il fallait le faire, et il l’a fait !!! Un dernier tour, une dernière vérification, pour voir si tout est bien en place. Là, c’est mon coup d’œil qui compte. Gare à moi si j’oublie quelque chose !
6) Attacher le chien à sa place, derrière la remorque. Il y reste sagement assis en attendant le départ. En fonction de la route, de la circulation, il sera ensuite libéré ou restera attaché avec quelques arrêts pipi à la croisée d’un petit chemin. Il a son seau d’eau à portée de gueule et peut boire en marchant.
7) Enfin, atteler... Au début, Océane et Noé étaient toujours pressées de partir. Oswald éprouvait quelque difficulté à contenir leur ardeur. Elles sont maintenant devenues beaucoup plus sages. On n’est plus en compétition, ici, mesdemoiselles ! On voyage en roulotte ! Cool ! Zen ! Tranquilles-mémères !
Et en route !
Et puis à l’arrivée à l’étape, rebelote dans l’autre sens :
1) Dételer les juments, les dégarnir.
2) Les bouchonner et vérifier l’état de leurs pieds. Tous les deux ou trois jours, masser la couronne (le haut du sabot) avec de la cornucrescine, qui favorise la pousse de la corne. Et sous le sabot, au pinceau, un petit coup d’huile de cade ou de goudron de Norvège pour durcir la sole et la fourchette.
3) détacher le chien
4) Monter la clôture électrique
5) Remplir d’eau la bassine bleue
6) Amener les juments dans leur nouvelle pâture.
Et enfin, ouf ! Préparer le déjeuner, s’asseoir et manger tranquillement.
Et des fois, j’suis vraiment crevée !
Après le repas, il faut encore songer à quelques corvées. Laver les chaussures de ces demoiselles, par exemple.
Puis les brides.
Enfin les harnais.
Avantage du harnais synthétique, par rapport au cuir, c’est qu’on peut laver à grande eau, et qu’on n’a pas besoin de graisser !
QUAND ON NE ROULE PAS...
On se la coule douce !
Grasse matinée,
Câlins aux juments,
Promenades à pied, avec le brave Altaï, que nous surnommons joyeusement Boufchidor.
Bavardages avec les gens de rencontre...
Ah ! J’oubliais : ces jours là, c’est pour vous, pauvres sédentaires rêveurs restés à la maison, que nous travaillons.
Oui, nous en profitons aussi pour tapoter quelques mots sur nos ordinateurs, trier les photos, bref, nous casser la tête pour que vous puissiez profiter un peu vous aussi de nos aventures... Déguster nos petits malheurs bien au chaud et en sécurité dans vos douillets cocons.
Et je peux vous assurer que cela nous prend un certain temps, et un temps certain.
Mais chaque soir, qu’on roule ou qu’on ne roule pas, je tiens à jour le journal de voyage, avec un stylo à bille, et un vrai cahier en papier !
Et puis quand j’ai un moment, je dessine. Mais ça, c’est pas vraiment au quotidien !
Ou alors je raconte nos aventures.
LA POPOTTE
Le petit coin cuisine de Kaplumbağa recèle en permanence des trésors inaltérables : pâtes, riz, lentilles, couscous, févettes, poids chiches, pommes de terre, haricots secs (plusieurs variétés),flocons d’avoine, fonio, farine de blé, de seigle, de sarrasin, de maïs, de poids chiches. Maïzena et fécule de manioc. Concentré de tomates en boîtes microscopiques. Huile d’olive, vinaigre de cidre et vinaigre balsamique. Levure. Cacao et cassonade.
Tout un tas d’épices variées, dont le sel et le poivre bien entendu. Un tout petit panier d’osier contient l’ail, l’oignon, et le gingembre frais (ingrédient absolument indispensable à Oswald, qui se prépare une infâme patouille faite d’un mélange de miel, de curcuma et de gingembre, dont il avale une grande cuillerée au petit déjeuner)
Au début, nous achetions nos provisions de lait UHT en bouteilles d’un demi- litre, puisque nous n’avons pas de réfrigérateur. Mais c’était trop peu : quand on entame un litre, on le finit dans la journée. Donc désormais, nous achetons notre lait en litre, c’est moins cher ! Et en dépannage, un truc que je ne consommais absolument jamais durant ma vie sédentaire : du lait en poudre !
Nous avons aussi en réserve du pain suédois, pour les jours où nous ne croisons aucune boulangerie. Oswald aime ça. Moi, bof ! Pour saucer, ce n’est pas vraiment pratique ! Et puis en bonne française, n’est-ce pas... Mais c’est quand même mieux que rien. Remarquez, quand on croise une boulangerie, on a parfois des surprises ! Ce pain-là, par exemple, regardez ce que nous avons trouvé à l’intérieur en le coupant : un trou ! Promis, on n’a pas joué à la souris. Il était vraiment comme ça ! Ça fait un peu cher le kilo d’air !
Et puis si on n’a pas de pain et que j’ai le temps, je confectionne des börek.
C’est tout simple : de la farine, de l’eau, un peu de sel. Du pain sans levure, quoi ! Je fais cuire ça à la poêle, comme une crêpe, et je farcis avec des légumes fricassés dans de l’huile d’olive. C’est très bon.
Sans frigo, nous nous sommes pratiquement convertis au végétarisme. Franchement, ça me convient fort bien : fini les aigreurs d’estomac dont je souffrais si souvent ! Du coup, la viande ne me dit plus trop rien, même quand nous sommes invités (ce qui arrive de temps en temps !) Oswald, par contre, dans ces cas là, en profite outrageusement. Il prétend que cela ne lui manque aucunement de ne pas manger de viande, mais quand il en a l’occasion, il se rattrape !
En ce qui concerne la verdure, aucun problème. On trouve toujours au cours de nos balades, de quoi agrémenter le régime céréales-légumineuses-féculents :
ortie, chénopode, plantain (lancéolé ou corne de cerf) achillée (les feuilles ciselées remplacent avantageusement le persil) oseille sauvage, pissenlit...
Bien sûr, n’oublions pas les champignons. Curieusement, malgré l’abondance des pluies, on n’en trouve pas tant que ça. Nous avons mangé des coulemelles, des rosés, et le marasme des oréades, qu’on appelle pied-dur dans le Berry, et qui est nommé mousseron ici, dans le Bourbonnais. Alors que ce qui est nommé mousseron dans le Berry, c’est le tricholome-saint-georges...
Bref, tout ce qui est comestible et qui nous tombe sous la patte, on l’avale. Les noisettes commencent à se remplir, les mûres abondent, et les prunes, qu’Oswald préfère vertes, tandis que je les aime mieux bien mûres. Fin Août, on commence à trouver des pommes un peu acides, des poires un peu dures, et des raisins grappillés dans les vignes ensauvagées.
Et puis les jardins sont en pleine abondance ! Et il se trouve toujours un jardinier pour nous offrir courgettes,
tomates (ah tiens ? Ça on n’en a pas eu beaucoup : année de mildiou !), oignons, haricots verts, salades, pommes-de-terre, persil, etc... etc...
Figurez-vous, on a même fait des confiture de mûres !
Pour la cuisson, nous avons un réchaud « tout combustible ». On peut le remplir de pétrole, d’alcool à brûler, de gazole, enfin, tout ce qui est liquide et qui brûle. Dehors, il a l’inconvénient d’être un peu trop sensible au vent.
Alors j’ai fabriqué un réchaud à bois avec deux boîtes de conserve, qu’on peut utiliser en plein air. Pour bien fonctionner, il a besoin de bois très sec.
Nous avons deux casseroles pour un seul couvercle. (La deuxième a été achetée en cours de route, parce que une seule, ce n’était pas pratique. Il fallait chaque fois transvaser les restes. Là, par exemple, on peut mettre à chauffer l’eau pour la tisane alors que la première casserole est encore pleine.) Nous avons aussi une poêle et une bouilloire.
Si Oswald s’occupe presque systématiquement du petit déjeuner, c’est moi qui me charge la plupart du temps du déjeuner et du dîner.
D’ailleurs, si Oswald essaie de s’en mêler, ça peut tourner à la cata !
Je m’amuse à varier les sauces et accompagnements en utilisant autant que possible les herbes sauvages.
Jusqu’à présent, nous parvenons à éviter la routine et la morosité culinaire.
Ah ! J’oubliais... Le beurre et le fromage. Nous ne pouvons pas les conserver trop longtemps, donc nous achetons par petites quantités. Inévitablement, il nous arrive d’en manquer. Ce qui n’est pas mortel. Nous avons un petit sac isotherme, dans lequel nous les embobinons. La nuit, ce sac est dehors. Le matin, j’aère la couette pour la rafraîchir, puis je place en-dessous d’elle le fameux sac isotherme. C’est un très bon isolant, qui garde la fraîcheur assez longtemps. Mais bon, quelquefois, quand le camembert coule bien, y’a intérêt à ouvrir le sac dehors ! Oswald affirme que le camembert est le seul aliment qui possède la même odeur en rentrant et en sortant !!! Ce qui ne l’empêche pas d’en raffoler...
Quand il ne pleut pas, on mange dehors.
Ou, si on a la flemme de déplier la table, sur le devant de la roulotte. Où l’on n’évite pas toujours les mendiants !
Si on a de la chance, on peut trouver une table toute faite !
Et quand il fait vraiment trop mauvais, ben c’est à l’intérieur !
LA VAISSELLE
Ça, c’est surtout le domaine d’Oswald. Je ne lui chamaille pas trop la place, j’avoue, bien qu’il m’arrive de temps en temps de mettre les mains dans l’eau.
On a bien une éponge et une brosse à vaisselle, mais Oswald préfère l’herbe, ou encore mieux, le foin. Ça gratte bien, c’est efficace, pas besoin de lessive, et ça consomme moins d’eau. Juste un petit filet pour le rinçage.
Comme c’est aussi Oswald qui s’occupe de la corvée d’eau, il trouve ça bien appréciable !
À L’AUTRE BOUT DU TUBE DIGESTIF
Ah non ! N’espérez pas ou ne craignez pas (selon votre pudeur ou vos centres d’intérêts) que cet article va contenir des photos... disons...hum ! Hum !
Vous avez déjà eu la vue indiscrète de notre gros toutou Altaï dans l’article « la nouvelle équipe », rubrique « qui sommes-nous ? », ça suffit !
Cependant, comment parler de la vie quotidienne, sans parler de « cette chose là », qui a quand même son importance !
Bon, pour le petit pipi, ça, ce n’est pas tellement un problème. Il suffit d’un bon gros buisson derrière lequel se cacher.
Pour la chose plus nauséabonde, décision prise dès le départ : pas de P.Q.
Je ne veux pas laisser de « fleurs des dames » (c’est ainsi qu’Oswald nomme joliment les chiffons de papier hygiénique qui défigurent les buissons. Comme si les messieurs n’en laissaient pas aussi traîner derrière eux !) dans mon sillage. Même si c’est biodégradable !
J’ai depuis longtemps l’habitude des longues promenades dans la nature entrecoupée de l’urgence de certains besoins naturels. Dans ce cas, j’observe d’abord la végétation autour de moi : il me faut des feuilles qui fassent de convenables torcheculs (comme disait le cher Rabelais). Ensuite, j’imite les chats : je creuse un petit trou et j’y dépose la chose. Puis je cueille les feuilles qui me semblent les plus adéquates, j’essuie délicatement mon postérieur et je les jette sur cette chose-là. Enfin je rebouche le trou.
Si le sol est trop dur pour être creusé, je tâche de recouvrir le tout avec ce qui me tombe sous la main. (feuilles, herbes, cailloux, branchettes...)
À vrai dire, si Altaï se trouve à proximité, même pas besoin de recouvrir l’objet, si vous voyez ce que je veux dire. Les chiens n’ont pas exactement les mêmes goût que les humains !
Jusque-là, ce que j’ai trouvé de mieux, comme torchecul, c’est le lierre terrestre : on en cueille une grosse poignée, on l’écrase un peu entre les doigts, et non seulement ça torche le cul, mais en plus ça le parfume !
N’essayez pas avec les églantines : on s’en met plein les doigts ! Je n’ai jamais essayé avec les orties, contrairement à Gargantua. Les feuilles de Bardane sont très efficaces : épaisses et solides.
Vous avez aussi noyer ou noisetier, pas mal...
On trouve un peu partout du plantain, assez pratique.
Il se trouve que j’ai essayé les feuilles de pulmonaire, n’ayant rien d’autre sous la main ! Ouille ! Je ne les croyais pas si piquantes ! Je les déconseille fortement.
Le Oswald s’est bien payé la tête de la Anne le jour où elle a eu l’idée saugrenue de se torcher... avec des feuilles de houblon. Ben quoi... elle n’avait jamais réalisé, la Anne, que le houblon n’était vraiment pas le top en matière de douceur. En tout cas, l’expérience lui a définitivement servi de leçon. Quelles que soient les circonstances : pas de houblon !
Par contre, je n’ai jamais essayé le summum, l’oison. (Voyez plus loin ce qu’en pensait gargantua)
Non mais franchement, pauv’bête !
Ni aucun autre animal d’ailleurs. Et je ne le ferai jamais, même s’il s’en trouve un sous ma main. Par pur principe.
Quant à Oswald, il est incapable de se contenter d’essuyer : s’il ne trouve pas de ruisseau ou de fontaine à proximité, il lui faut impérativement sa petite bouteille d’eau.
N’oublions pas nos compagnons de route.
Altaï, en chien bien élevé, ne se permet jamais de s’oublier lorsqu’il se trouve attaché à la roulotte. Pour son soulagement, nous l’emmenons faire de courtes ou longues balades, suivant le temps dont nous disposons. La plupart du temps, il a la pudeur de déposer sa crotte le plus discrètement possible le long d’un buisson. Mais il arrive que cela ne soit pas possible. Nous avons donc amené avec nous une grosse provision de sacs à crottes, chipés par Oswald dans un distributeur de Clermont-Ferrand ! Ainsi, lorsque la chose est trop visible, nous la ramassons consciencieusement.
Quant aux juments, si elles ont passé un après-midi et une nuit dans leur parc électrifié, elles laissent derrière elles une bonne vingtaine de ces petits tas qui varient du jaune ocre au brun très foncé communément nommés crottin.
Donc, le matin, avant le départ, il faut éparpiller tous ces monticules sur la prairie : ainsi ça se biodégrade plus vite, et en plus, ça engraisse l’herbe !
Et maintenant pour les curieux qui s’intéresseraient de plus près à ces considérations, et qui n’auraient pas peur de savourer la lecture du bon vieux français dans une forme assez ancienne, voici l’avis de Gargantua. Si ça vous fait ch... sautez tout ce qui est en italique pour passer au chapitre « toilette ».
Rabelais, Gargantua, 1534
Chap. 13
Comment Grandgousier congneut l’esperit merveilleux de Gargantua à l’invention d’un torchecul.
Sus la fin de la quinte année, Grandgousier, retournant de la defaicte des Ganarriens, visita son filz Gargantua. Là fut resjouy comme un tel pere povoit estre voyant un sien tel enfant, et, le baisant et accollant, l’interrogeoyt de petitz propos pueriles en diverses sortes. Et beut d’autant avecques luy et ses gouvernantes, esquelles par grand soing demandoit, entre aultres cas, si elles l’avoyent tenu blanc et nect. A ce Gargantua fist response qu’il y avoit donné tel ordre qu’en tout le pays n’estoit guarson plus nect que luy.
"Comment cela ? dist Grandgousier.
- J’ay (respondit Gargantua) par longue et curieuse experience inventé un moyen de me torcher le cul, le plus seigneurial, le plus excellent, le plus expedient que jamais feut veu.
- Quel ? dict Grandgousier.
Comme vous le raconteray (dist Gargantua) presentement.
"Je me torchay une foys d’un cachelet de velours de une damoiselle, et le trouvay bon, car la mollice de sa soye me causoit au fondement une volupté bien grande ;
"une aultre foys d’un chapron d’ycelles, et feut de mesmes ;
"une aultre foys d’un cache coul ;
"une aultre foys des aureillettes de satin cramoysi, mais la dorure d’un tas de spheres de merde qui y estoient m’escorcherent tout le derriere ; que le feu sainct Antoine arde le boyau cullier de l’orfebvre qui les feist et de la damoiselle qui les portoit !
"Ce mal passa me torchant d’un bonnet de paige, bien emplumé à la Souice.
"Puis, fiantant derriere un buisson, trouvay un chat de Mars ; d’icelluy me torchay, mais ses gryphes me exulcererent tout le perinée.
"De ce me gueryz au lendemain, me torchant des guands de ma mere, bien parfumez de maujoin.
"Puis me torchay de saulge, de fenoil, de aneth, de marjolaine, de roses, de fucilles de courles, de choulx, de bettes, de pampre, de guymaulves, de verbasce (qui est escarlatte de cul), de lactues et de fueilles de espinards, - le tout me feist grand bien à ma jambe, - de mercuriale, de persiguire, de orties, de consolde ; mais j’en eu la cacquesangue de Lombard, dont feu gary me torchant de ma braguette.
"Puis me torchay aux linceux, à la couverture, aux rideaulx, d’un coissin, d’un tapiz, d’un verd, d’une mappe, d’une serviette, d’un mouschenez, d’un peignouoir. En tout je trouvay de plaisir plus que ne ont les roigneux quand on les estrine.
- Voyre, mais (dis Grandgousier) lequel torchecul trouvas tu meilleur ?
- Je y estois (dist Gargantua), et bien toust en sçaurez le tu autem. Je me torchay de foin, de paille, de bauduffe, de bourre, de laine, de papier. Mais
Tousjours laisse aux couillons esmorche
Qui son hord cul de papier torche.
- Quoy ! (dist Grandgousier) mon petit couillon as tu prins au pot, veu que tu rimes desjà ?
- Ouy dea (respondit Gargantua), mon roy, je rime tant et plus, et en rimant souvent m’enrime. Escoutez que dict nostre retraict aux fianteurs :
Chiart,
Foirart,
Petart,
Brenous,
Ton lard
Chappart
S’espart
Sus nous.
Hordous,
Merdous,
Esgous,
Le feu de sainct Antoine te ard !
Sy tous
Tes trous
Esclous
Tu ne torche avant ton depart !
"En voulez-vous dadventaige ?
Ouy dea, respondit Grandgousier. Adoncq dist Gargantua :
RONDEAU
En chiant l’aultre hyer senty
La guabelle que à mon cul doibs ;
L’odeur feut aultre que cuydois :
J’en feuz du tout empuanty.
O ! si quelc’un eust consenty
M’amener une que attendoys
En chiant !
Car je luy eusse assimenty
Son trou d’urine à mon lourdoys ;
Cependant eust avec ses doigtz
Mon trou de merde guarenty
En chiant.
"Or dictes maintenant que je n’y sçay rien ! Par la mer Dé, je ne les ay faict mie, mais les oyant reciter à dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbesiere de ma memoire.
- Retournons (dist Grandgousier) à nostre propos.
- Quel ? (dist Gargantua) chier ?
- Non (dist Grandgousier), mais torcher le cul.
- Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton si je vous fays quinault en ce propos ?
- Ouy vrayement, dist Grandgousier.
- Il n’est (dist Gargantua) poinct besoing torcher cul,
sinon qu’il y ayt ordure ; ordure n’y peut estre si on n’a chié ; chier doncques nous fault davant que le cul torcher.
- O (dist Grandgousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet ! Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science, par Dieu ! car tu as de raison plus que d’aage. Or poursuiz ce propos torcheculatif, je t’en prie. Et, par ma barbe ! pour un bussart tu auras soixante pippes, j’entends de ce bon vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron.
- Je me torchay après (dist Gargantua) d’un couvre chief, d’un aureiller, d’ugne pantophle, d’ugne gibbessiere, d’un panier - mais ô le mal plaisant torchecul ! - puis d’un chappeau. Et notez que des chappeaulx, les uns sont ras, les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de la matiere fecale.
"Puis me torchay d’une poulle, d’un coq, d’un poulet, de la peau d’un veau, d’un lievre, d’un pigeon, d’un cormoran, d’un sac d’advocat, d’une barbute, d’une coyphe, d’un leurre.
"Mais, concluent, je dys et mantiens qu’il n’y a tel torchecul que d’un oyzon bien duveté, pourveu qu’on luy tienne la teste entre les jambes. Et m’en croyez sus mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté mirificque, tant par la doulceur d’icelluy dumet que par la chaleur temperée de l’oizon laquelle facilement est communicquée au boyau culier et aultres intestines, jusques à venir à la region du cueur et du cerveau. Et ne pensez que la beatitude des heroes et semi dieux, qui sont par les Champs Elysiens, soit en leur asphodele, ou ambrosie, ou nectar, comme disent ces vieilles ycy. Elle est (scelon mon opinion) en ce qu’ilz se torchent le cul d’un oyzon. "
LA TOILETTE
Ah ! La toilette ! Les conditions peuvent être assez variées, depuis le luxe de la douche, jusqu’au pis-aller du microscopique filet d’eau qui coule de nos jerricanes, en passant par le courant limpide d’un ruisseau !
La douche peut nous être proposée par un particulier. Nous n’avons pas encore déniché de « Bain-douche » municipal. Apparemment, ça n’existe plus ou presque plus, étant donné que tout un chacun est censé avoir sa salle de bain chez lui. Mais on trouve... dans les terrains de camping, soit gratos, soit moyennant une modeste contribution.
Le ruisseau, c’est quand même plus sauvage et plus poétique ! Nous sommes en été, quand même. La toilette en plein-air peut être un très agréable moment. D’abord, on a la jolie promenade jusqu’au ruisseau
Et quand en plus on bénéficie d’une jolie cascatelle pour se laver la tête, c’est parfait !
Parfois, c’est carrément le tuyau d’arrosage du jardin. Quand le soleil a fait la roue par-dessus toute la journée, l’eau est tiède, ou même carrément chaude. Il faut se dépêcher un peu, malgré tout, pour en bénéficier : on a droit à l’eau contenue dans la longueur du tuyau. Après, ça se rafraîchit sérieusement. Mais il paraît que la douche écossaise, c’est bon pour la santé !
Et quand je vous parlais du mince filet d’eau à la roulotte, voilà ce que ça donne :
Début Septembre, altitude 460 m, la toilette matinale à poil sous le jerricane, ça commence à devenir sportif. Je regarde le thermomètre : 12°. Brrrr...
À d’autres moments, c’est carrément le seau et la casserole !
Quant à Oswald, en plus, il est obligé de se raser.
Soit au jardin, soit en utilisant la remorque de la roulotte. Nous avons acheté un miroir en cours de route, parce que utiliser le rétroviseur, ce n’était pas toujours très pratique, ni très confortable.
Pour les pieds : rien de tel que la rosée, paraît-il. Je fais donc chaque matin de bonne heure ma petite promenade pieds-nus dans l’herbe. Ça s’appelle joindre l’utile à l’agréable.
LA LESSIVE
Ben M’sieurs-dames, la lessive, faut la faire à la main. La plupart du temps. On nous a proposé, parfois, l’usage de la machine à laver. Alors là, j’en profite pour nettoyer le drap et la housse de couette. Parce que ça, à la main... !!!!
Pour le reste, on lave au fur et à mesure, le plus souvent possible, pour que ce ne soit pas trop sale et qu’il n’y en ait pas trop à la fois.
On laisse tremper d’abord, et après, on frotte ! Quand l’abreuvoir des juments est libre, c’est bien pratique.
Ou dans un vrai lavoir inutilisé depuis longtemps, sauf par les grenouilles et les lentilles d’eau.
Sinon, dans les seaux.
Chez Eric et Catherine, nous avons récupéré une belle planche que Oswald a poncée et rainurée. C’est une planche à double usage :
1) Elle nous sert à caler le marche-pied de la roulotte, quand nous sommes à l’arrêt. C’est pour éviter de trop faire travailler le plateau tournant chaque fois qu’on monte et qu’on descend.
2) Et elle nous sert aussi de planche à laver.
Tremper. Faire mousser au savon de Marseille. Frotter. Rincer.
Essorer. Et même, trouver un truc pour essorer d’un seule main quand j’ai eu le bras cassé.
Étendre sur les deux cordes prévues à cet effet de chaque côté de la remorque.
Quand le linge est vraiment sale, nous le laissons tremper un moment dans un seau avec de la lessive garantie 100 % biodégradable. (Espérons que c’est vrai : si on peut éviter de polluer l’environnement...)
ENTRETIEN ET BRICOLAGE
Allez, on va pas faire des photos de la Anne en train de faire le ménage dans la roulotte ! On sait tous ce que c’est que cette corvée-là ! Juste un mot pour dire que c’est pelle et balayette. On a un tapis pour les pieds délicats de Monsieur Oswald, qui sans ça aurait trop froid à ses petits petons délicats. La barbe ! Il faut le secouer tous les jours, ce fichu tapis !
Ah ! J’oubliais ! On a même un aspirateur, qui fonctionne au solaire, s’il vous plaît ! Celui-là, quand même, je vous le fais voir en photo ! Il ne sert pas très souvent. Il est cependant assez pratique pour nettoyer les recoins des casiers.
Pour ce qui est du bricolage, des petites réparations, on en reste le plus souvent au partage traditionnel des rôles : Madame à la couture, Monsieur au tournevis !
MAIS RASSUREZ-VOUS !
IL NOUS ARRIVE PARFOIS DE NOUS
REPOSER.
12 Septembre 2014
Anne